1987. Ce jour de Mercure voit encore traîner mes pas d’adolescent sur la moquette orange de l’enseigne Majuscule située alors dans le centre-ville de cette agglomération à environ tente kilomètres de chez nous.
Ma mémoire, trop occupée à se quereller avec l’exactitude de cet instant, refuse de m’en dire plus concernant la météo d’alors. Le soleil a-t-il décidé d’étendre un peu de sa bonne humeur sur ce bitume omniprésent? La pluie est-elle venue déposer un soupçon d’amertume sur cette folle journée sans Ferris Bueller? Ce point de l’article restera à la discrétion de l’oubli.
Mais pourtant me voilà, tel Albator comme le chantait Franck Olivier en 1984, une fois de plus devant ce rayon qui… rayonne justement en mes yeux tel le trésor du roman de Robert Louis Stevenson. C’est l’un de ces moments précieux, rares, où mon père, de bonne humeur, est enclin à m’offrir un jeu sans raison particulière. Parmi les joyaux présents sur ces étagères où plastique et papier se disputent les parfums caractéristiques de l’endroit, les éditeurs français tels que FIL ou encore Loriciels côtoient les productions OCEAN propulsées par les illustrations de Bob Wakelin.
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Source: CPC POWER |
Pour autant c’est déjà la nostalgie qui va ici guider mon choix puisque mon dévolu se portera sur le jeu Scalextric édité par Leisure Genius en 1986. Si comme moi vous avez eu des circuits avec leurs voitures propulsées par électricité, ce nom vous évoquera forcément quelque chose même si je suis à peu près sûr pour ma part n’avoir eu que des modèles moins onéreux à l’époque. Impossible non plus de ne pas penser à ces moments passés à feuilleter la section jouets des catalogues « La Redoute » ou encore « Les Trois Suisses », rêvant devant ces fameux circuits.
Ce dont je me souviens précisément c’est la boîte cartonnée du jeu sous forme de coffret à ouvrir. Dans celle-ci la cassette est maintenue en place par un cadre de mousse blanche lui même recouvert par le manuel d’utilisation. C’est sans doute ce premier détails qui m’avait attiré vers le soft.
La promesse de pouvoir créer ses propres circuits termine de me convaincre et c’est ainsi que nous nous retrouvons à la caisse avec un nouveau jeu de formule 1 destiné à mon cpc 464. Alors que la voiture familiale disperse par ses fenêtres mes pensées à la faveur du paysage bourbonnais, entre fermes abandonnées ou maison résidentielle piégée par la « voie express » comme l’appelle les parents, je réalise que « Scalextric » sera mon second logiciel du genre avec Formula One Simulator de Mastertronic qui fut mon tout premier jeu sur Amstrad cpc (je vous en parle dans cet article d’ailleurs).
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Formula One Simulator, mon tout premier jeu sur cpc |
Allez, le voyage n’a que trop duré mais il me faut pourtant attendre la dernière étape, un peu comme un cérémoniel: le stationnement de la vieille Toyota Corrola dans ce garage bâti par mon paternel avec l’aide de mon frère. Étant gosse, j’imaginais ce dernier un peu comme la Batcave d’autant que le bâtiment était attenant à cet imposant chêne dont les branches semblaient être autant de mains noueuses protectrices sur le toit en tôle. Les araignées tapies dans leurs toiles et les pots de peinture dont le contenu a sûrement séché depuis bien longtemps apercevront tout au plus un gamin pressé d’essayer son nouveau jeu.
De retour sur cette île intérieure, je n’ai jamais été aussi proche de mon sanctuaire, désormais c’est entre le cpc 464 et moi que la compétition va se jouer. Quelques réglages d’usage comme choisir entre clavier/joystick et il nous sera demandé si nous souhaitons créer notre circuit. Au cas où l’inspiration n’est pas au rendez-vous des circuits sont inclus de base dans le soft. Il est également possible de jouer simultanément à deux, l’écran partagé sera de mise comme pour l’affrontement avec la machine.
La jouabilité est assez agréable, les graphismes sont, comme j’ai souvent tendance à le dire, sympathiques mais Scalextric n’est sûrement pas le meilleur jeu de la catégorie. Côté sonore le bruit des moteurs fatiguent assez vite et il n’y a aucune musique.
La météo concernant les paysages offerts par les divers circuits varieront aléatoirement mais l’état de l’asphalte restera le même. Sur la piste deux véhicules: rouge et bleu. Impossible ici de ne pas penser au dessin-animé « Pole Position » que je regardais assidûment à l’époque. Petite astuce de « tricheur », en poussant notre adversaire immédiatement vers la droite nous gagnerons instantanément la course… Aucun intérêt.
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Quelle est leur vraie mission? |
Après quelques courses, la curiosité me pousse à la création de circuit mais n’ayant pas l’âme d’un architecte je délaisse assez rapidement cette fonctionnalité qui est pourtant l’un des points forts du jeu (et qui comme dit un peu plus haut m’avait attiré!). Tout se fait avec le joystick (ou clavier selon le cas). Une fois terminé il est proposé de sauvegarder son œuvre afin de s’y essayer avec un second joueur par exemple. Ayant été souvent seul à jouer sur mon cpc je n’ai jamais pu tester cet aspect.
Alors que ce mercredi s’achève, que les moteurs ont cessé de rugir, une impression mitigée s’insinue en moi concernant Scalextric. Je suis bien sûr content d’avoir eu une nouvelle cassette pour mon cpc 464 mais une légère pointe de déception se fait sentir. Je reviendrais peu vers le logiciel de Leisure Genius néanmoins, après toutes ces années, je salue encore sa présentation soignée.
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Bouh le tricheur! |