mercredi 8 novembre 2023

Numéro 43

Bien que le titre de cet article puisse laisser penser à un souhait de vous parler de la série "Le prisonnier", dans laquelle Patrick Mc Goohan clamait être un homme libre, il n'en sera rien même si j'ai suivi les rediffusions de cette dernière étant enfant. Ses sphères blanches pourchassant les évadés resteront à jamais gravées en mon esprit au passage.

 Nous sommes en 1992, au moi d'avril ou mai pour être plus précis. Dans quelques mois, mes vêtements verront leurs couleurs se parer de kaki, mes baskets troquées contre des rangers. Même si ce compte à rebours hante un coin de mes pensées, l'échéance me paraît encore lointaine mais en cet instant la vitesse fulgurante à laquelle le temps peut défiler n'a pas encore atteint ma perception. Dans l'ombre, quelque chose de bien plus grave se trame: la vente de ma maison d'enfance décidé seul par mon père, celle-là même où j'ai effectué mes premiers pas, où la magie des terres rurales environnantes m'a offert son énergie pour surmonter diverses épreuves, cette demeure où mes Amstrad cpc 464 et 6128 m'ont émerveillé avec leurs divers jeux.

Oui, je vais parler encore de toi indirectement...

Mais pour l'heure, j'accompagne mes parents afin de dire au revoir à la sœur de mon paternel qui est aussi ma Marraine. Cette dernière réside dans une autre région, à environ 300 kilomètres. La route, un peu longue, se verra compensée par l'écoute des albums "Zenyattà Mondatta" et "Regatta de Blanc" du groupe "The Police" dans mon walkman, de lecture avec "Conan l'explorateur" mais aussi de la conduite accompagnée pratiquée depuis l'âge de 16 ans.

Car je le sais, arrivé  à destination, une fois les politesses et discussions d'usages avancées, je me retrouverais rapidement dans cette petite chambre que je connais déjà, accompagné par l'ennui. Aussi, puisque mon cpc 6128 n'est pas du voyage, lecture et musique sont en cet instant mes meilleures amies. Le séjour est long. Ce dernier sera quelque peu dépossédé de sa monotonie par une sortie vers le point presse local où l'aura de l'Amstrad cpc sera présente avec le numéro 43 d'Amstrad Cent Pour Cent alors passé bimestriel depuis le numéro 28.

Mes futurs instructeurs crieront comme ça eux aussi...

Au moment de le saisir pour passer en caisse, je ressens la maigreur de son contenu entre mes doigts. En ma gorge, une boule se dessine... j'ai l'intuition qu'une fin proche se veut imminente. Mais de nouveau en mon havre de paix temporaire, je plonge dans la lecture de ce numéro qui sera en réalité le dernier pour moi.  Comme à mon habitude, je parcours l'ouvrage à la volée, histoire de prendre possession des lieux avant de me lancer dans une lecture plus approfondie des différents articles. D'emblée je dois avouer que rien ne m'attire particulièrement excepté peut-être le test de "La famille Addams" édité par OCEAN cette même année. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié les films de Barry Sonnenfeld, le premier tout d'abord sorti en 1991, le second un peu plus tard en 1993. 

Mais à part ça je ne reconnais plus vraiment l'Amstrad Cent Pour Cent d'antan. Micromania a plié bagages, les quelques pages de pubs mettant en avant des illustrations de compils' sont anecdotiques. Aussi la lecture de cet exemplaire sera rapide même si j'y reviendrais à plusieurs reprises durant ce séjour. "Everything is changing" comme l'écrira Eels dans son livret d'album "Electro Shock Blues" quelques années plus tard. Mon monde lié fortement alors avec l'Amstrad cpc allait lui aussi bientôt prendre fin...