mercredi 25 octobre 2023

Explosion de l'esprit

 1988. Ce n'est pas "un samedi soir sur la terre" comme le chantera Francis Cabrel quelques années plus tard mais celui d'un ado seul dans sa chambre face à son Amstrad CPC. Seul pas tout à fait puisque Sieur Belzébuth a pris possession de mon lit, s'étalant de tout son long afin de ronfler comme il se doit. Au dehors, une nouvelle nuit hivernale prend ses marques mais la vie nocturne qu'elle abrite restera à sa discrétion puisque mes volets se voient fermés. 

Là, appuyé par ma chaude lumière de lampe de bureau, je dois me concentrer, me préparer au combat sous les yeux d'un maître qui sera sans l'ombre d'un doute intransigeant concernant ma discipline. Dans quelques instants, une fois que mon cpc 464 aura complètement chargé "The way of the exploding fist" arrivé jusqu'à moi via la compilation "Karate Ace" de Gremlin, mon but sera de démontrer mes capacités à vaincre mon adversaire dans le respect et la maîtrise de cet art martial qu'est le karaté.

On a dit "Karate Ace" pas "Kung-Fu Ace"!

Le jeu enfin chargé, une démo démarre nous montrant ainsi l'unique lieu où se dérouleront les combats, notre but étant de parvenir au 10ème DAN de la ceinture noire. A l'époque je rêvais de faire du karaté mais mon père m'avait inscrit au judo, unique discipline enseignée alors dans les villages à proximité. Suite à une expérience désagréable et d'autres faits en arrière plan, j'ai abandonné assez rapidement, atteignant tout au plus la ceinture jaune. Si vous souhaitez en savoir plus et découvrir quelques lignes sur le jeu Uchi Mata je vous invite à découvrir l'article correspondant. Le judo, bien qu'un très noble art, ne m'intéressait pas vraiment, surtout vu le contexte dans lequel il m'était enseigné. Au fond de moi j'espérais également que mon père, ayant été béret vert vétéran de guerre, puisse m'enseigner le close combat chose qu'il a toujours catégoriquement refusé, me donnant tout au plus quelques exercices de réflexes moqués par certains copains de collèges lorsque j'avais le malheur de les évoquer. 

Combien ai-je eu mal en essayant de reproduire cette scène!

Mais revenons à "The way of the exploding fist". La première chose que j'ai apprécié c'est son côté épuré contrairement à un autre jeu du même style, IK+ par exemple. Ici, l'environnement se veut apaisé sous le regard de notre "senseï", celui de notre adversaire, tout juste troublés par un jingle marquant le début et la fin d'un combat complet. Graphiquement le jeu est assez "ensoleillé" dirais-je et très lisible. Les animations sont vraiment gracieuses, petit bémol sur le bruit des coups mais ceci reste anecdotique dans ce tableau de qualité.

Notre quête de la maîtrise n'a pas réellement de fin mais à n'en pas douter, "The way of the exploding fist" est un classique du genre sur Amstrad cpc. Je ne me rappelle pas avoir atteint le 10ème DAN, rageant parfois quelque peu sous l’œil impassible de notre maître au fond et réveillant le gros matou derrière moi m'adressent un regard empli d'interrogation. Quoiqu'il en soit, le soft faisait parti de ceux vers lesquels je revenais assez régulièrement.

C'était mieux que ma moyenne en maths...

dimanche 22 octobre 2023

Fantômes et goules dansent au clair de lune

 1989. C'est l'un de ces mercredis après-midi où je recherche l'apaisement, les journées de collèges étant parfois, souvent même, assez éprouvantes. Le mercredi après-midi (tout comme le week-end) est aussi l'occasion de se défaire de l'étreinte des ombres violentes liées aux relations humaines. A demi-mot, il m'arrive d'espérer que ces dernières dansent à présent avec le diable au clair de lune comme le disait un certain Jack Napier.

Une fois revenu en ce sanctuaire qu'est ma chambre, les plaies sont pansées en me plongeant dans le regard sibyllin de mon chat Belzébuth, espérant tel Starlion que l'animal ne me quittant qu'en de rares occasions me donne "la vision par delà la vision".  Je peux donc compter sur ce vieux félin mais aussi la contrée environnante, mon Amstrad cpc 6128 quant à lui se chargera d'abreuver mon imagination.

Comme une réponse à ma silencieuse prière, une enveloppe matelassée estampillée Micromania vient d'arriver sur mon bureau. Tel un destrier dont l'armure est composée de bulles d'air, elle s'est assurée que son cavalier Arthur de Ghouls'n'Ghosts édité par U.S Gold cette même année arrive à bon port. L'éditeur d'Albion s'est fait écuyer pour Capcom dans cette adaptation du jeu d'arcade sur Amstrad cpc. Concernant cette version je sais justement à quoi m'attendre puisque j 'ai vu quelques rapides extraits sur la vidéocassette du Micromania Video Show évoqué sur ma chaîne au travers de la compilation "Les Justiciers".

 Je connais également son prédécesseur Ghosts'n'Goblins via une compilation Elite, épisode que j'avais tout de même apprécié malgré sa difficulté, rien que pour sa musique composée par David Whittaker. Timothy Follin prendra sa suite pour Ghouls'n'Ghosts. La boîte est belle, assez imposante avec son carton à l'aspect brillant et solide. Avant l'arrivée du jeu, j'avais fièrement accroché le poster issu du magazine Amstrad 100% reprenant l'illustration de la jaquette.  J'aime parfois me plonger dans ses détails comme pour mes autres posters d'ailleurs. Avec la rapidité du lecteur de disquette, mon regard n'a désormais que peu de temps pour se perdre dans la nature environnante traduite par ma fenêtre.  Déjà les premières notes composées par Timothy Follin résonnent en mes oreilles, elles restent encore gravées après toutes ces années. 

 Entamant la partie je ne peux m'empêcher de revoir des extraits de la version Sega Megadrive aperçus au détour d'une émission dédiée au jeu vidéo. Ma mémoire concernant le titre de cette émission ne manquera pas de me faire faux bond en ces lignes. Mais les premiers instants ne sont plus à l'hésitation, je sens d'ores et déjà la difficulté à portée de Joystick (mon vieil Amsoft a rendu l'âme depuis un moment). Le spectre de "Ghosts'n'Goblins" se voit en partie chassé alors que le chevalier Arthur, de nouveau en quête pour délivrer sa dulcinée, perd son armure se retrouvant ainsi en sous-vêtements. 

Le scrolling interrompu ne facilite pas les choses, mais qu'à cela ne tienne, j'entends bien persévérer au travers des cinq niveaux qui composent le jeu. Je n'en verrais jamais la fin, tout au plus arriverais-je au troisième niveau à grand-peine malgré les armes glanées au fil de ma progression. L'astuce nous invitant à sauter à gauche au tout début du premier niveau est présente mais la super armure obtenue plus loin reste identique à celle que nous portons de base et ses effets ne sont pas aussi spectaculaires que celle de la version 16 bits. Bien entendu la version cpc n'est pas la plus belle que l'on puisse trouver mais peu m'importe j'apprécie l'univers autour de mon Amstrad, j'ai en cet instant l'impression qu'il est le seul à pouvoir créer cette ambiance si particulière. 

En prise avec les créatures du second niveau, sans que je m'en aperçoive, l'obscurité a délicatement posé son manteau sur les épaules de cette journée, hésitant encore tout de même un peu entre chien et loup. Mon père vient d'arriver et, avec sa toux exagérée, me rappelle que mon sac de collège affalé contre mon bureau et bayant aux corneilles, se veut un piètre gardien des devoirs non faits. A grands regrets je quitte Sire Arthur et met hors tension mon 6128. En rangeant la disquette dans sa boîte, un sourire se dessine discrètement sur mon visage car je sais que le week-end, malgré son pas traînant sur le chemin de la semaine, ne tardera pas trop.

mercredi 18 octobre 2023

Fantastique 6128

 1966. Je ne suis pas encore né, il faudra attendre huit ans supplémentaires avant que mes cris et sanglots fulminent dans l'air de cette maternité d'un arrondissement où maintes âmes sont déjà passées. 1966, c'est la date à laquelle "Le voyage fantastique" réalisé par Richard Fleischer est diffusé dans les salles. C'est quelques années plus tard que je découvrirais ce film qui pour moi est un classique. 

Un classique dans lequel le scientifique Jan Benes résidant au cœur des pays de l'Est, détenant un procédé révolutionnaire de miniaturisation permanente des objets et des êtres se voit victime d'un attentat alors qu'il s'apprête à livrer sa technique au gouvernement américain. Seule solution pour sauver cet homme : la miniaturisation d'une équipe envoyée dans le corps de Benes afin de dissoudre le caillot situé au niveau du cerveau risquant de le tuer rapidement. Mais le groupe doit faire vite car il ne bénéficie que d'une miniaturisation temporaire. A l'évocation du long-métrage, je suis encore hanté par les cris de Donald Pleasence en prise avec un globule blanc. 

Trop de mousse dans le bain...

 1989. C'est quelque peu de mauvaise humeur que je reviens du collège. Le fait d'apercevoir les housses confectionnées par ma mère pour protéger mon Amstrad cpc en désordre m'énerve encore plus à vrai dire. D'un geste traduisant mon excès de colère, j'enlève celle recouvrant le clavier. Je reste interloqué, mon cpc 464 avec ses couleurs que l'émission "Vitamines" envierait a tout simplement disparu... au profit d'un cpc 6128 flambant neuf.  A ses côtés une compilation, La collection CPC (évoquée sur ma chaîne), les disquettes "systèmes" ainsi que dans son boîtier slim "The fantastic voyage" édité par Amsoft en 1985

Et malgré la présence de "La collection CPC" c'est bien le jeu de Amsoft que je vais essayer en premier, voyant tout de suite qu'il s'agit de l'adaptation du film éponyme. 

Je suis dans un premier temps charmé par la sympathique musique d'intro. En réalité, du temps de mon cpc 464 je ne pense pas avoir eu l'occasion de croiser un jeu Amsoft! Ainsi ce voyage fantastique sera mon tout premier. Et fantastique il l'est, pas forcément par sa réalisation mais sans l'ombre d'un doute parce que c'est la première disquette insérée dans mon 6128. 

Le scénario reprend les grands axes du film excepté qu'ici notre mission principale sera de reconstituer notre sous-marin brisé en huit morceau et disséminé dans le corps du Dr Eernest Hacker (changement de nom pour question de droits j'imagine).

Il nous faudra composer avec les défenses naturelles du corps humain et autant le dire tout de suite, je n'ai jamais vu la fin du jeu. Un détails que j'appréciais particulièrement était la possibilité de suivre mon cheminement avec le corps dessiné sur la droite de l'écran. Graphiquement et question maniabilité l'ensemble se voulait honnête. Pour être franc, si je revenais de temps en temps vers "The Fantastic voyage" c'est surtout sur "La collection CPC" que je m'attarderais, découvrant certains softs à côté desquels j'étais passé sur mon 464 (comme Sorcery par exemple). 

Malgré tout, lorsque le souvenir de mon cpc 6128 effleure la surface du temps, c'est au jeu d'Amsoft auquel je pense. Je me revois encore, émerveillé devant la rapidité du lecteur de disquette et les premières notes de sa musique d'intro.

dimanche 15 octobre 2023

Sur les routes de Shao-Lin

 1988. C'est l'un de ces dimanches après-midi où le printemps entérine son retour, d'ailleurs le soleil accompagné par des températures clémentes tente de se faire passer pour un début d'été. Comme pour inviter ce dernier plus rapidement, ma fenêtre de chambre est grande ouverte laissant le parfum du parterre de fleurs, rafraîchit par ma mère quelques jours auparavant, s'insinuer en mon odorat. Mais en réalité, je n'ai guère le temps de me laisser distraire puisque les instants précédents m'ont vu emprunter des chemins dangereux via Shaolin's Road édité par "The Edge" (le guitariste de U2 n'en composera pas la bande son pour autant) en 1986, adaptation de la borne arcade éponyme de Konami.

Important: porter la moustache pour emprunter cette route...

Pourtant, la première chose qui me vient à l'esprit en évoquant "Shaolin's Road" c'est sa musique, l'action passant presque au second plan du coup. A l'époque je suis très friand des films d'arts martiaux mettant en scène Bruce Lee, Jackie Chan et bien d'autres. Aussi, lorsque j'ai noté la présence de ce titre sur la compilation Konami's arcade collection, il m'a fallu l'essayer rapidement. 

Nous incarnons Lee et ce dernier doit se frayer un chemin alors qu’il se retrouve prisonnier des triades dans un temple. Au fur et à mesure de notre avancée, les décors évolueront quelque peu. Je ne peux pas dire que les combats étaient un modèle de précision mais j'appréciais le son des coups donnés, rendant assez fidèlement ceux des films du genre. 

Il y a quelques détails assez amusants tel celui où notre personnage vacille alors qu'il est en équilibre au bout d'un étage ou encore lorsqu'il se retrouve sur le dos porté à terre par un ennemi. Les graphismes ne sont sans doute pas les plus beaux de la machine mais restent très sympathiques. Il est aussi possible d'amasser temporairement des armes tels que des missiles magiques (le pouvoir de l'esprit, un peu comme le Hadouken) ou encore une boule à piques. Après avoir éliminé tous les ennemis du tableau, le boss apparaîtra. Il n'est pas très difficile à vaincre. Une fois ce dernier mis hors d'état de nuire, une nouvelle vague d'ennemi se fera connaître puis un autre boss et nous évoluerons vers un environnement différent. 

J'avoue n'avoir jamais été très loin dans "Shaolin's Road", me retrouvant souvent à terre dû à l'imprécision des coups portés (la bonne excuse!), j'en garde néanmoins un bon souvenir. Mais alors que ce dimanche après-midi tire sa révérence, l'horizon perdant de son éclat me voit ranger la cassette dans la boîte de la compilation. Cependant un léger sourire se dessine sur mon visage car la route de la période estivale, celle que l'on appelle plus communément "Les grandes vacances" ne tardera pas trop.