samedi 20 avril 2024

Egyptus forever

Il suffit d’une vidéo, celle de Génération Micros par exemple, pour raviver un souvenir, celui de ce samedi matin où l’impression d’être le maître du temps s’empare de moi. Bien entendu il ne s’agit ici que d’une illusion, à peine une sensation comme le chantait Jean-Louis Aubert. Mais qu’importe, le weekend est bel et bien là, m’ouvrant grand ses bras et la grisaille au-dehors m’incite à allumer une fois de plus mon Amstrad cpc 464.

Ainsi, après le petit déjeuner, je rejoins mon antre, ma chambre au papier peint bleu et moquette grise passée. Mon sac de collège me jetant un regard de biais peut bien attendre! Tel un grimoire ancestral suspicieux, hors de question de l'ouvrir, de peur que formules mathématiques ou encore incantations  sorties des forêts ancestrales d’Albion ne s’emparent de moi. 

Pourtant, en quelque sorte, il sera question de magie puisque je m’en vais prêter main forte à deux curieuses créatures, deux canidés à la morphologie atypique pour être plus précis. L’un est doté d’ailes de chauve-souris et lance des donuts pour se défendre, l’autre peut se mouvoir plus rapidement que son compagnon et porter des objets dans son sac. Leurs pères, Jon Ritman et Bernie Drummond les ont projetés dans un sombre univers où règne en despote l’empire de la dent noire. Le chemin de la liberté (rien à voir cependant avec le réseau du rail de la saga Fallout) sera semé d’embûches et… pourquoi ne pas en profiter pour libérer les autres planètes sous le joug du triste empereur?

Allez, il est temps de s’atteler à la tâche, enfin , je dois quelque peu réfréner mon enthousiasme puisque je suis sur cpc 464, par conséquent ma soif de liberté devra tout d’abord s’acquitter du chargement cassette. Alors que l’écran de chargement reprenant la jaquette du jeu dessinée une fois de plus par Bob Wakelin s’affiche, mon regard parcourt les murs de ma chambre décorés par divers posters. Rocky se prépare au combat, juste au-dessous du tableau affichant fièrement les médailles de mon paternel, le T-800 n’éprouvera bien entendu aucune compassion pour cet adolescent troublé par le regard de Maria qui semble lui offrir son cœur, éludant l’imposant barbare venu la délivrer. A l’extérieur, le vent joue les troubles fêtes et vient me rappeler à l’ordre en effleurant ma fenêtre de ses doigts invisibles.

Ah! Le chargement vient de se terminer, quelques réglages à réaliser concernant les touches en jeu et c’est parti. J’ai pas mal avancé mais dois bien entendu refaire le chemin depuis le début, les poissons permettant de sauvegarder temporairement la partie en cours se retrouvant dans l’assiette du néant à chaque extinction de la machine. Alors que j’ai trouvé un nouveau passage, les heures alliées aux minutes se griment en secondes. Je n’ai pas vu le temps passer et le désagréable parfum d’une cigarette royale m’indique que ma mère vient de profaner mon sanctuaire. 

« Comment ça, tu m’as déjà appelé deux fois pour le repas?! » Accaparé par mon avancée couronnée de succès, j’avoue avoir fait abstraction des « à table! ». Inutile de palabrer, le regard maternel contrarié  est sans appel, comme le crie si bien Ulfric Sombrage dans Skyrim, « il faut y aller maintenant! ». Je me vois dans l’obligation de fairebentorse à ma règle: ne jamais laisser le cpc allumé pendant une longue absence. Mais voilà, je suis sur le point de réussir, j’ai libéré les quatre planètes à savoir le pénitencier, le monde du livre, la planète safari (j’ai dit Safari, pas Daktari) et Egyptus mon monde préféré. Il ne me reste plus qu’à subtiliser la couronne du vil empereur et à m’évader pour de bon. Hors de question de voir ma réussite réduite à néant!

Le repas me paraît long, trop long. A tout instant je m’attends à une remarque désagréable de mon père concernant le temps perdu sur cette machine, ça et sa demande d’aide concernant le rangement d’un petit tas de barres de métal ainsi que divers outils bon pour la casse qu’il déplace quasiment tout les week-end, les dits artefacts revenant à leur place initiale au bout de quelques temps, un peu comme un cycle cérémoniel. Un miracle se produit, je ne subirais ni l’un ni l’autre, mon père semblant très fatigué. La dernière cuillère de Danette engloutie, la vaisselle débarrassée, la table parée de son antique toile cirée nettoyée, me voici de nouveau devant mon 464, reprenant ma progression. 

Le temps se fait traître de nouveau si bien qu’au-dehors, la lumière de ce jour dédié à Saturne se pare peu à peu des atours du crépuscule. La quiétude rurale n’est que peu troublée par mon enthousiasme exacerbé lorsque Head et Heels rentrent enfin chez eux, couronne sur la tête. Derrière moi, mon chat Belzébuth ouvre un œil empli d’interrogation avant de s’étirer pour mieux se rendormir.  C’est à contrecœur que j’allume ma lampe de bureau puis ferme mes volets non sans jeter un regard empli de gratitude envers cette paisible contrée. D’ici, les arbres semblent être des gardiens indestructibles, les haies des remparts infranchissables à moins que Sir Griswold et Sir Larkin ne décident de les enjamber. La complainte d’un tube cathodique prenant un repos bien mérité fait main basse sur ce pensif instant. L’heure du dîner ne tardera pas et je n’ai pas envie de me faire pincer une nouvelle fois!

mardi 16 avril 2024

Clavaudius Boudiou

 Tout le monde s’entendait sur une chose, Clavaudius Boudiou était vieux mais en réalité personne ne connaissait réellement son âge. De même, il était impossible de se rappeler sa venue. « Oui, je l’ai vu à l’épicerie… mais après réflexion je n’en suis pas sûre » vous dira Miss Tindle avant de vous déballer l’intégralité des noms de ses chats. Même le médecin du village voisin vous dira ne pas se rappeler de sa dernière visite. Pourtant son aspect vestimentaire ne laissait pas indifférent, un pardessus noir arrivant aux genoux d’un jean gris passé depuis belle lurette agrémenté de trous par-ci, par là, un sweat à capuche anthracite dont la fermeture éclair à mi-course semblant n’avoir jamais été ouverte au-delà et surtout ses santiags réparées avec du scotch industriel, gris lui aussi pour éviter de faire tâche, constituait un portrait atypique dans le coin. Pour achever le tout, son visage faisait état de joues creusées par des sillons, ses yeux enfoncés, renvoyait un bleu gris acier qu’on avait du mal à fixer plus de quelques secondes. Ces derniers effaçaient d’ailleurs presque son nez légèrement aquilin et des cheveux gris argent plaqué en arrière, complétés par une barbe drue.

Le bonhomme était donc difficile à oublier d’autant qu’il se trimballait dans une Ford Mustang noire poussiéreuse et qui, d’après certains connaisseurs, était un modèle originale, datant de la belle époque, si tant soit peu que telle période existait. Pas un accident répertorié, pas la moindre contravention ou infraction selon les gendarmes, mais de qui parlait-on déjà? Semblable à un angle mort dans un rétroviseur, Clavaudius Boudiou existait mais son nom résonnait plus comme celui d’une légende que l’on découvre au détour d’un livre terminant sa vie dans un vide-grenier. Parfois, souvent même, à moins que…. Bref, souvent, on voyait sa guimbarde garée sur la place de Nabret, le vieil homme assis au volant, attendant on ne savait quoi…. Mais qui s’en souciait?

En réalité, depuis ce matin, Clavaudius Boudiou était en « Freelance » comme disait les jeunes cadres dont les dents rayent le parquet. Selon ses dires, il en avait ras le cul de faire le « job » en intérim. De qui? De La Mort bien sûr! Oui, le vieil homme était à son compte, partenariat sonnerait peut-être un peu plus juste. Même si il avait une amplitude temps à respecter, pour lui c’était déjà nettement plus respirable. Il pouvait passer des heures à lire dans sa voiture, manger des tuiles au paprika par deux, pester parce que des miettes s’accrochaient dans les poils de sa barbe, et écouter Dire Straits en attendant que l’heure n’arrive. Parfois, Clavaudius était admiratif devant sa « caisse » comme il aimait à le dire. Pour autant il n’aurait jamais connu la marque de cette dernière si il n’était pas venu chercher un collectionneur passionné dans ses derniers soupirs. D’ailleurs c’était l’un des transports les plus pénibles qu’il eut à réaliser. Le gars n’arrêtait pas de jacasser, pire que sa bergère…. Mais d’ailleurs, avait-il été marié? Peut-être mais lui même n’en était pas sûr. Son dernier souvenir était celui de son trépas en…. Quelle année déjà? Plutôt quel siècle? Tout ce dont il se souvenait c’était ce dernier souffle en regardant le ciel bleu azure au milieu d’un champ. Quoiqu’il en fût, en une heure de route, le mécano lui avait tout déballé, la motorisation, consommation, les suspensions et sur un ton de lassitude que le gusse ne perçut pas, le vieil homme lui avait demandé « Si je pète sur le siège en cuir, est-ce que ça va ricocher et en mettre un coup dans le turbo? »…. Il était parti d’un fou rire, de ceux qui tendent vers la démence.

Une fois, l’un de ses passagers lui avait posé une seule question: « Comment c’est…. Après? ». La réponse du passeur était restée évasive: « Tout ce que je peux vous dire c’est que le Cosmos est un vrai bordel ». Il lui arrivait aussi de prendre en charges des animaux, le plus souvent des chiens car les chats n’avaient pas, la plupart du temps, encore atteint leur neuvième vie. L’un de ces foutus clébards avait joué avec la faux miniature qui lui servait de porte clef. Une autre fois, une jeune fille morte par overdose se trouvait séduite par son chapelet à son poignet. Après une toux gênée, il avait avancé qu’il s’agissait d’un cadeau d’un moine tibétain. En réalité, Clavaudius ne connaissait absolument rien de cette religion et le bracelet lui avait été offert par la coiffeuse du coin reconvertie dans la confection de bijoux en achetant son matériel à « Rural Discount ». Suite à son décès, le salon était resté vacant. La plupart des mourants se sentaient obliger de lui offrir quelque chose et beaucoup de ces « merdouilles » terminaient dans le coffre de la mustang. 

Dès qu’il en avait l’occasion, le vieil homme allait rendre visite à l’augure, un esprit désincarné qui siégeait dans un champ abandonné. Les anciens de Nabret le fuyaient comme la peste même si on se demandait comment on pouvait bien tomber dessus, l’endroit étant perdu au bout d’un chemin à peine visible et plus entretenu depuis fort longtemps. L’avenir faisait parti des bons tuyaux que Clavaudius tenait à avoir dans un coin de sa main. L’Augure aimait qu’on lui raconte des blagues et demandait souvent à son unique interlocuteur de lui en raconter. « Tu connais l’histoire du gars qui…. » Commençait l’homme mais il était toujours interrompu par l’esprit: « C’est bon je viens de voir la fin…. ».

A ma connaissance, Clavaudius Boudiou parcours toujours les routes du coin, au volant de sa Mustang, en écoutant du Dire Straits à fond les ballons, un rouleau de gros scotch gris pour réparer ses santiags et un tube de tuiles paprika à portée de main…. Histoire de tuer le temps.

 

 Ce texte, écrit il y a quelques années de cela, m'a été inspiré par l'acteur Roberts Blossom

Roberts Blossom dans Christine.

mercredi 3 avril 2024

Les vacances de Baphomet

 1997 – Voilà l’été comme le chantaient « Les Négresse Vertes ». Cette saison me rappelle bien entendu avant tout ces après-midi calfeutré en la pénombre de ma chambre, absorbé par les actions se déroulant sur l’écran de mon Amstrad cpc… Mais ce temps semble révolu à présent, quelque peu balayé par le revers de mon entrée dans la vie active depuis. 

En cette année 1997, l’usine dans laquelle je travaille voit ses portes fermées pour un mois entier. Outre le discret sourire qui s’affiche sur mon visage, ce temporaire arrêt est synonyme d’éloignement… Oui, pendant une poignée de semaines plus de copeaux brûlants jaillissant des machines mal sécurisées, ce maudit parfum d’huile de coupe exhalé par le métal fraîchement scindé se détachera de mes mains, la brume du bruit persistant des fraiseuses à l’œuvre cessera de vriller mes pensées. Ma voiture n'empruntera cependant pas les autoroutes embouteillées pour aller voir un pan de la famille issue du Sud mais le voyage sera de la partie sous une autre forme.

En ces premiers après-midi influencés par une certaine liberté, alors que le parking goudronné d’un magasin restitue sa rancœur sur les rares passants en faisant danser ses volutes de chaleurs sous les caprices de l’astre fier, c’est avec la Playstation de Sony que je me prépare à rentrer chez mes parents où une chambre m’est réservée. Depuis quelques temps ces derniers occupent un modeste pavillon, empreint d’une aura calme qui me rappellent l’îlot qu’était notre ancienne maison passée dans les mains de nouveaux propriétaires non sans déchirement. 

J’ai profité d’une promotion me permettant de mettre la main sur cette console dont la réputation ne cesse de grandir. Mon attirance pour elle n’est pas lié à ce retentissement publicitaire mais bel et bien à un jeu d’aventure découvert au détour d’une page du Playstation Magazine: « Les chevaliers de Baphomet » développé par Charles Cecil sous l'égide de Revolution Software.

Allez il est temps de se lancer dans l’aventure après avoir soigneusement déballé la console et connecté tous les câbles nécessaires: la prise péritel et celui du secteur. Enivré du parfum caractéristique d’une machine neuve que l’on vient de découvrir, la magie opère. Il y a tout d’abord ce fier logo, celui d’une marque qui sort du carcan des appareils dédiés à la restitution musicale et veut s’imposer dans un tout autre domaine désormais: le jeu vidéo. 

De nouveaux frissons s’emparent de moi, similaires à ceux que je ressentais lors de la découverte d’un nouveau soft sur Amstrad CPC mais ce n’est qu’un début puisque le logo de Revolution software lui succède pour laisser place à l’introduction du jeu contée par Georges Stobbart (dont le doublage est assuré par le comédien Emmanuel Curtil), touriste américain plongé malgré lui dans une aventure sous l’aura des chevaliers du temple.

Les jeux d’aventures liés à l’Amstrad cpc résonnent encore en moi, inutile donc de dire combien « Broken sword » (titre original du jeu) m’interpelle avec un système que ne je connais pour ainsi dire pas du tout : le « point’n’click ».  Affairé à parcourir les rues de la capitale puis bientôt d’autres contrées, poursuivant l’homme déguisé en clown meurtrier, je ne vois pas l’astre solaire effectuer son cycle à travers les volets entrebâillés de ma chambre.

En cet instant Opale n’est pas encore née, les limbes de mon imagination atrophiées par cette vie quotidienne réclament plus que jamais leur dû et cette formidable aventure dont je suis acteur me passionne pleinement. Un sentiment d’éternité s’empare de moi, il y a bien longtemps, me semble-t-il, que je n’avais pas ressenti un tel engouement face à un jeu. Une scène où je bloque totalement me voit essayer toutes les solutions possibles afin d’avancer ne serait-ce qu’un peu. Je ne terminerais pas « Les chevaliers de Baphomet » le jour même, il me faudra un peu plus de temps souhaitant également prendre mon temps, alors que mes pas me mènent en Ecosse aux côtés de Nicole Collard (doublée par Nathanièle Esther). Au détour de ces quelques lignes, une pensée pour Pierre Hatet, ce grand comédien qui nous a quittés en 2019 également présent dans le jeu.

Mais alors que le ciel étoilé s’invite discrètement quelque peu chahuté par une pollution lumineuse, c’est avec le sourire que je mets hors tension la Playstation. Je garde un fort souvenir des « Chevaliers de Baphomet » dont je n’ai croisé le chemin qu’une fois tout au plus depuis hormis par l'intermédiaire de GOG qui propose une version "director's cut" du jeu mais également la version originale. Cependant cette dernière est intégralement en langue anglaise mais Steam semble proposer une version française. mais je dois vous laisser, je m'en vais écrire à Nicole voir ce qu'elle est devenue après toutes ces années...


mercredi 17 janvier 2024

Aria of SP

2003. L’aube n’est pas encore décidée à lever le voile sur cette nouvelle journée teintée par la grisaille. Nous sommes lundi (plus dans mon lit comme le chantait Jesse Garon), je suis déjà sur la route menant vers le centre de formation au cœur duquel les méandres de la communication me sont dispensés. En alternance, cet enseignements est mis en pratique sur le plateau téléphonique d’un célèbre opérateur de télécommunications. J’ai déjà une expérience significative en ce domaine, pour un défunt fournisseur d’accès Internet dont le propos était de promouvoir « le surf de la liberté » mais la navigation Internet sur les téléphones portables n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Mais qui est leur leader?!

En parlant de portable, alors que les groupes tels que R.E.M, Metallica, Machine Head, Depeche Mode ou encore Talk Talk côtoient les bandes sons de  certains films et jeux, une console s’invite en ma besace. Parmi mon bloc note, classeur et divers stylos, la Gameboy Advance SP parée de sa robe argentée devra attendre la fin de cette première journée empruntant le nom de l’astre cendré avant de revenir à la vie. Ma gamecube, arrivée avec le remake de « Resident Evil » noël dernier, est restée en la demeure que je partage avec la compagne du moment et Opale.

Qu'elle est belle!

Au fil des soirées passées alors chez mes parents dont le nouveau domicile se trouve à quelques kilomètres du centre de formation, entre les sempiternelles reproches de mon père et quelques épisodes de Julie Lescaut le jeudi soir avec ma mère, les magazines liés au monde du jeu vidéo égayent mes soirées. Au détour d’une page, c’est le choc, un nouvel épisode de la saga Castlevania s’apprête à sortir: « Aria of sorrow ». Les mots du journaliste, les captures d’écran présentes ne font aucun doute, ce volet restitue l’essence de « Symphony of the night » dont je vous ai parlé il y a quelques articles.

La magie des illustrations de Ayami Kojima

Mon âme de joueur connaît déjà les tenants et aboutissants de cette annonce. Une fois la prochaine journée de formation terminée, je me rendrais chez le magasin de la franchise Micromania situé dans la zone d’activité tout près du centre, l’ancien revendeur chez qui j’allais jadis ayant malheureusement déposé les armes. Je ferais l’acquisition de la console et du jeu. Cet achat me permet non seulement de découvrir l’univers portable du constructeur japonais, que je n’ai jamais eu l’occasion de connaître si ce n’est penché sur l’écran du premier Gameboy possédé par un élève de mon lycée lors d’un voyage scolaire en Allemagne, mais également de me replonger dans l’univers gothique de Castlevania.  Un peu plus tard, je découvrirais également « Castlevania: Circle of the moon » premier opus à sortir sur GBA.

Encore une fois, la poésie gothique opère

Toujours appuyé par la superbe musique de Michiru Yamane et des illustrations de Ayami kojima, Aria of sorrow nous propulse ici en 2035 lors d’une éclipse solaire. Soma Cruz, un étudiant accompagné de son amie Mina, est en visite au temple Hakuba (Japon). Alors qu’ils gravissent les marches menant au sanctuaire, les deux jeunes gens se voient propulsés au cœur du phénomène astronomique véhicule de la résurrection du château du comte Dracula. Pour mettre fin à ce cauchemar, Soma devra parcourir les corridors, caves et autres endroits secrets peuplés par les sbires du vampire, excepté qu’ici nous affronterons un être, Graham, ayant hérité des pouvoirs du célèbre vampire. 

Tableau idyllique

Soma trouvera appui et conseils en la personne de Yoko Belnades, un certain Julius, amnésique, et Hammer marchand chez lequel nous pourrons acheter divers artefacts utiles lors de notre quête. Le jeune homme se découvrira également une aptitude dès le début du jeu: absorber l’aura de certains ennemis lui conférant divers pouvoirs, aptitude révélée par un certain Genya Arikado, un dhampire portant de manière troublante les traits d’un certain Alucard.

De sang et de marbre

Là où « Castlevania chronicles » sur Playstation m’avait quelque peu laissé dubitatif, « Aria of Sorrow » me remémore l’essence même de « Symphony of the night » avec sa musique et ses sublimes graphismes si bien qu’un peu plus tard, je retrouverais avec plaisir Soma dans « Dawn of sorrow » sur la Nintendo DS (dont j’avais fait l’acquisition dès le jour de sa sortie). Même si je n’ai jamais vécu de nouveau l’amour profond ressenti avec « Symphony of the night », il est clair que cet épisode GBA en est le digne héritier, avec ses secrets, ses fins alternatives (la seconde étant la plus riche), ses salles de sauvegarde et son ambiance gothique… Vous l’avez sans doute compris, cette saga a marqué de son sceau sanguin mon âme de joueur à jamais.


dimanche 10 décembre 2023

Combat School 92/10

 Octobre 1992 - 6h00 du matin. La lumière crue diffusée par des néons à la propreté douteuse inonde mon visage. Une voix jeune mais autoritaire prononce un mot que j'entendrais souvent lors des dix prochains mois: REVEIL! La réalité s'empare de mois, accompagnée par un profond dégoût: la tranquillité de ma chambre d'ado  vient de s'évanouir en une obligation administrative, l'Amstrad cpc n'est presque plus qu'un souvenir fugace. 

La journée précédente, m'ayant semblé la plus épuisante de ma vie, m'a vu remplir des documents, accuser réception de divers vêtements allant de l'uniforme de cérémonie au survêtement bleu,  me faire raser la tête, prendre connaissance des divers grades lors d'une réunion avec un maréchal des logis qui semble n'avoir qu'une phrase en bouche: "On va les mater!". Tout cela ne me semble pas très rassurant et j'étais encore loin du compte. Bientôt nous rencontrons les gradés en charge de notre peloton: un adjudant chef ayant fait la guerre du Liban, le maréchal des logis chef a quant lui pris part à celle du Golf. Aucune indulgence ne semble au programme donc. 

Sur le chemin du réfectoire situé à quelques mètres de nos quartiers, les esprits s'échauffent déjà entre certains militaires du rang. Nous venons tous d'horizons territoriaux et sociaux différents, des Territoires d'outre-mer en passant par Marseille, certains viennent de la capitale, d'autres de Lyon. Les heurts sont de courtes durées, contenus par les sous-officiers. Je sens d'ores et déjà les personnes à éviter, les brutes comme les manipulateurs repérés à la descente du train de nuit dont la destination était ce régiment de Hussards (absents du toit) situé au cœur d'une petite ville Alsacienne. Un léger sourire se dessine cependant sur mon visage à peine sorti de l'adolescence: finalement je vais faire le parcours du combattant de Combat School en conditions réelles!

C'est pour bientôt…

Les jours passent, "agrémentés" des servitudes, des courses à pieds, de divers exercices et bientôt l'heure des classes sonnent. Avec des températures négatives, nous camperons sous des toiles de tentes deux places,  nous nous camouflerons comme Arnold Schwarzenegger dans "Predator", apprendrons à tirer au fusil d'assaut, lancer des grenades, manier un lance-roquette, creuser des latrines de fortunes, nettoyer son arme près du feu qui ne m'a jamais semblé aussi réconfortant. Mes résultats sont semblables à ceux du collège: mauvais. Certains dans le peloton ne se priveront pas pour me menacer, n'ayant pas envie de subir des corvées punitives supplémentaires. L'image du soldat Lawrence dans le film de Stanley Kubrick "Full Metal Jacket", incarné par Vincent D'Onofrio, s'esquisse en mon esprit. 

Finalement la nuit fatidique arrive, une mise en situation, celle qui m'empêchera d'effectuer le parcours du combattant. Cette dernière sera blanche et nous verra marcher dans l'obscurité, portant à notre tour, à deux, une lourde caisse de munitions emplie de cailloux, en plus de notre paquetage et fusil. Aux alentours des jeeps P4 tournent, à leur bord des appelés d'un autre escadron simulant les forces ennemis. Le but de la manœuvre est simple: nous ne devons en aucun cas être capturés.  La marche débute, d'abord au crépuscule puis bientôt à la lumière des étoiles d'un ciel alsacien glacial. Il fait si froid mais le spectacle de la voix lactée est tellement beau entre les résineux! Pas le temps de rêvasser cependant, je n'ai pas encore envie de subir un autre retour au campement en courant, brimade reçue à cause d'un autre soldat s'étant endormi lors de l'apprentissage du creusage des trous de dissimulation. 

Fini le cpc mon p'tit gars!

Nous observons des courtes pauses, quelques gorgées de gourde plus tard arrive mon tour de porter cette fichue caisse avec l'un de mes compagnons de fortune. Le périple reprend, la caisse est lourde, très lourde, le terrain accidenté. Nous traversons un cours d'eau, je trébuche, l'une des sangles de mon FAMAS se détache et s'éloigne au sein de l'obscurité, en rentrant il me faudra faire un rapport concernant cette perte. Je maintiens l'arme tant bien que mal avec la caisse, une vive douleur s'empare de ma cheville gauche. Cette dernière m'accompagnera jusqu'au retour de la caserne. Je ne dis rien, serre les dents, continue mais suis soulagé au moment de passer le relais concernant la réserve mobile de munitions. 

L'exercice se termine à la faveur de l'aube, un petit déjeuner nous attends dans un campement mobile, tenu par des hussards dispensés médicalement. Je suis exténué. Jamais un chocolat chaud accompagnés de ses tartines "au gaz" ne m'aura paru si précieux. Pas le temps de savourer la chose trop longtemps, nous devons plier bagages, direction à la caserne où un dernier exercice nous attends. La promesse de quelques heures de repos se rapproche néanmoins mais j'ai toujours aussi mal. Une fois arrivés en nos chambrées, quelques instants nous sont accordés. Je rêve d'une bonne douche chaude mais elle ne sera pas pour tout de suite. Bientôt il nous est demandé de revêtir nos effets de sport. J'enlève d'abord ma rangers gauche... Ma cheville est très enflée, violacée, l'un de mes camarades de chambre appelle le maréchal des logis chef... la suite des évènements est quelque peu relatée vers la fin de l'article "You're in the army now"... C'est avec des béquilles que je reviendrais en ma chambre, mon tympan encore intact (ceci est une autre histoire). Assis sur ma chaise de bureau, jetant un regard vers le noyer et les champs alentours, un sentiment insidieux s'empare alors de moi… Celui d'être étranger à ces lieux. 

vendredi 8 décembre 2023

Le chat noir qui avait un haut-le-cœur

 Il s'agit ici de  lignes écrites il y a quelques années sur le coin d'une table de nuit au détour d'un réveil.

 

Le chat noir qui avait un haut-le-cœur en avait gros sur la patate

Inlassablement il attendait dans un coin son alter ego à deux pattes

Engoncé dans une nuit sans fin aussi noir que son pelage

Il en avait oublié son nom tout comme son âge

Le chat noir qui avait un haut-le-cœur était amoureux des Carpates

et à part lui aucun félin n'y aurait aimé traîner ses petites pattes

Il rêvait d'un maître aimant les films fantastiques comme ceux de Tim Burton

qui l’emmènerait partout avec lui dans son pardessus noir de l'hiver à l'automne

De la Terre à la Lune, de Jupiter à Saturne

ce chat là s’accommoderait bien  de cet humain taciturne

 

Et à ce que j'en sais...

Le chat noir qui avait un haut-le-cœur en a toujours gros sur la patate

et inlassablement attend son alter ego sur deux pattes.



mercredi 8 novembre 2023

Numéro 43

Bien que le titre de cet article puisse laisser penser à un souhait de vous parler de la série "Le prisonnier", dans laquelle Patrick Mc Goohan clamait être un homme libre, il n'en sera rien même si j'ai suivi les rediffusions de cette dernière étant enfant. Ses sphères blanches pourchassant les évadés resteront à jamais gravées en mon esprit au passage.

 Nous sommes en 1992, au moi d'avril ou mai pour être plus précis. Dans quelques mois, mes vêtements verront leurs couleurs se parer de kaki, mes baskets troquées contre des rangers. Même si ce compte à rebours hante un coin de mes pensées, l'échéance me paraît encore lointaine mais en cet instant la vitesse fulgurante à laquelle le temps peut défiler n'a pas encore atteint ma perception. Dans l'ombre, quelque chose de bien plus grave se trame: la vente de ma maison d'enfance décidé seul par mon père, celle-là même où j'ai effectué mes premiers pas, où la magie des terres rurales environnantes m'a offert son énergie pour surmonter diverses épreuves, cette demeure où mes Amstrad cpc 464 et 6128 m'ont émerveillé avec leurs divers jeux.

Oui, je vais parler encore de toi indirectement...

Mais pour l'heure, j'accompagne mes parents afin de dire au revoir à la sœur de mon paternel qui est aussi ma Marraine. Cette dernière réside dans une autre région, à environ 300 kilomètres. La route, un peu longue, se verra compensée par l'écoute des albums "Zenyattà Mondatta" et "Regatta de Blanc" du groupe "The Police" dans mon walkman, de lecture avec "Conan l'explorateur" mais aussi de la conduite accompagnée pratiquée depuis l'âge de 16 ans.

Car je le sais, arrivé  à destination, une fois les politesses et discussions d'usages avancées, je me retrouverais rapidement dans cette petite chambre que je connais déjà, accompagné par l'ennui. Aussi, puisque mon cpc 6128 n'est pas du voyage, lecture et musique sont en cet instant mes meilleures amies. Le séjour est long. Ce dernier sera quelque peu dépossédé de sa monotonie par une sortie vers le point presse local où l'aura de l'Amstrad cpc sera présente avec le numéro 43 d'Amstrad Cent Pour Cent alors passé bimestriel depuis le numéro 28.

Mes futurs instructeurs crieront comme ça eux aussi...

Au moment de le saisir pour passer en caisse, je ressens la maigreur de son contenu entre mes doigts. En ma gorge, une boule se dessine... j'ai l'intuition qu'une fin proche se veut imminente. Mais de nouveau en mon havre de paix temporaire, je plonge dans la lecture de ce numéro qui sera en réalité le dernier pour moi.  Comme à mon habitude, je parcours l'ouvrage à la volée, histoire de prendre possession des lieux avant de me lancer dans une lecture plus approfondie des différents articles. D'emblée je dois avouer que rien ne m'attire particulièrement excepté peut-être le test de "La famille Addams" édité par OCEAN cette même année. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié les films de Barry Sonnenfeld, le premier tout d'abord sorti en 1991, le second un peu plus tard en 1993. 

Mais à part ça je ne reconnais plus vraiment l'Amstrad Cent Pour Cent d'antan. Micromania a plié bagages, les quelques pages de pubs mettant en avant des illustrations de compils' sont anecdotiques. Aussi la lecture de cet exemplaire sera rapide même si j'y reviendrais à plusieurs reprises durant ce séjour. "Everything is changing" comme l'écrira Eels dans son livret d'album "Electro Shock Blues" quelques années plus tard. Mon monde lié fortement alors avec l'Amstrad cpc allait lui aussi bientôt prendre fin...