mercredi 22 mars 2023

FIL ta mallette!

1988. En ce samedi matin, à l’arrière de la voiture, un large sourire orne mon visage. Et pour cause, de retour de l’enseigne Majuscule, j’ai l’impression de détenir entre mes mains un véritable coffre au trésor, une mallette plutôt devrais-je dire car il s’agit d’une toute nouvelle compilation: l’une des mallettes de l’éditeur français FIL regroupant quatre jeux.

L’objet me donne une impression de solidité avec son carton adoptant une couleur verte et sa poignée en plastique souple jaune. A l’intérieur quatre cassettes parée de noir et de vert mais je connais ce code couleur puisque j’ai déjà une compilation de cet éditeur dont je vous parle ici et qui fut d’ailleurs ma toute première compilation. 

Allez, il me tarde d’arriver à la maison afin de tester ces quatre softs dont je ne connais alors absolument rien. Mais absorbé dans la contemplation de l’objet, les kilomètres séparant le magasin de la demeure passent en réalité assez vite. Plus de temps à perdre! A peine la portière de la voiture refermée me voici déjà devant mon Amstrad cpc 464 pour l’allumer. A la hâte mais en prenant soin de déballer convenablement l’ensemble, j’extirpe les cassettes et notices reposant en la mallette. Par quoi vais-je commencer? Et pourquoi pas Xevious (U.S Gold)? Le chargement lancé, je compulse la notice puis pose mon regard sur l’écran de chargement.

Quelques minutes plus tard, je fais fi du soleil venant jouer les curieux sur mon écran en imposant sa lumière par la baie vitrée du salon. Je commence à piloter mon vaisseau sur fond de scrolling vertical en évitant les projectiles ennemis lancés à mon encontre. La musique, discrète, contribue fortement à l’ambiance et j’apprécie d’ores et déjà beaucoup Xevious, adaptation ici d’une borne d’arcade que je ne connais pas. Graphiquement, je trouve ça plutôt joli, l’appareil est maniable, j’y reviendrais assez souvent par la suite. 

Mais il me reste encore à découvrir trois autres jeux! L’heure du déjeuner approchant à grand pas je décide de m’essayer à Express Raider (U.S Gold) et je fais bien car c’est le bonheur instantané!  Je prends grand plaisir à me frayer un chemin sur les wagons, dans ce jeu où le but est de dévaliser un train à l’époque du Far-West, même si l’ennemi au fusil me donne du fil à retordre. Coloré, fluide, action instantanée, Express Raider devient en quelques instants l’un de mes jeux préférés du moment. Cette compilation s’annonce sous les meilleurs auspices! 

Il est cependant temps de délaisser mon cpc 464 se reposer un peu après toute cette action pour retrouver la table du repas… Avec cette horrible boîte de gratin dauphinois estampillée William Saurin. Mais rien ne saurait gâcher cette belle après-midi en devenir et une fois le déjeuner englouti, assez rapidement dois-je avouer, me voici de nouveau devant l’Amstrad alors qu’en l’air flotte le parfum du café bu par les parents.  Bon, je ne suis pas très emballé par Super Soccer (Imagine) mais puisqu’il est sur la compilation je ne vais certainement pas faire la fine bouche. Autant le dire tout de suite… J’ai trouvé et je trouve toujours le soft très mauvais. Décidément, je n’ai guère de chance avec les jeux de ce genre si bien qu’après quelques balles très molles, je décide de passer à la dernière cassette. 

Me voici donc à errer, en 1841, dans les rues de Canton  avec Tai-Pan (Ocean), adaptation du roman éponyme de James Clavell que je suis en train de lire à l’heure où j’écris ces lignes. Auteur de Shogun que j’ai également  lu il y a quelques temps de cela, j’apprécie beaucoup son style. Le jeu est, en réalité, plus inspiré de l’œuvre et demande au joueur de faire fortune en devenant Tai-Pan (que l’on peut plus ou moins traduire par commerçant suprême dans l’idée). 

Pour cela il nous faudra enrôler un équipage mais avant toute chose nous devrons obtenir un prêt. Bon, je n’ai jamais été très loin, ne parvenant pas à effectuer cette première étape à l’époque. Et c’est dommage car le jeu promettait d’être riche en contenu, notamment une fois en mer avec la gestion de l’équipage (éviter les mutineries entre autre), commercer et pourquoi pas devenir pirates en abordant d’autres navires! Reste le souvenir de la musique. J’ai depuis rejoué un peu à Tai-Pan mais j’avoue que la motivation n’était plus là. A noter que le livre a également été adapté au cinéma, en 1986, le long-métrage étant réalisé par Daryl Duke avec Bryan Brown dans le rôle de Dirk Struan. Je ne l’ai vu qu' une seule fois et  ne m’en souviens plus très bien, il me faudrait le revoir.

Malgré cette brève expérience avec Tai-Pan, je garde un excellent souvenir de cette mallette FIL, rien que pour Xevious et Express-Raider, je me revois encore y jouer sur cette commode, celle-là même où j’avais pu m’essayer aux jeux d’Amstrad Gold Hits 2