dimanche 17 septembre 2023

Dix sur dix pour les faucons de l'Amstrad cpc

 1988/1989. C'est l'une de ces journées à la saveur particulière, où tout semble vous sourire. Pourtant il s'agit d'un jour de collège mais ce dernier s'articule autour de la visite d'un des châteaux peuplant les contrées qui m'entourent. J'avoue ne plus me souvenir duquel il s'agit. Serait-ce celui de la commune de Veauce avec la forme éthérée de Lucie? Non, j'aurais l'occasion de visiter les lieux un peu plus tard et d'ailleurs un tableau particulier me subjuguera lorsque mes pas incertains fouleront ces couloirs emplis d'histoire. Ce dont je me souviens c'est que notre professeur d'histoire, un homme dont la rigueur n'est plus à démontrer, accompagne notre classe.

Le souvenir de Lucie me questionne encore après toutes ces années...

Ainsi se déroule cette journée teintée par l'exceptionnel où, avec le peu d'amis que j'ai alors, les conversations se porteront sur les jeux Amstrad cpc tandis que le bus nous mène vers cette destination dont le souvenir m'échappe. La pause déjeuner dans le parc du château reste cependant en ma mémoire, appuyé par un printemps généreux et porteur de la douce brise des vacances estivales qui ne sauraient tarder.

De retour à la maison, après la description d'usage de cette journée auprès des parents; je retrouve le calme de ma chambre. Avant cela, j'irai saluer les arbres, notamment l'imposant chêne dont les branches voient Hélios diriger son char vers l'Ouest le soir venu. A ses pieds un banc métallique, récupéré je ne sais où, à la peinture verte écaillée m'accueille quelques instants... mais allez, pas le temps, la compilation "Dix Sur Dix" (Command Performance en anglais) de U.S Gold, évoquée sur ma chaîne m'attend! Je me vois mal continuer mon exploration dans Mercenary de Novagen au risque de devoir m'arrêter au mauvais moment en comptant le chargement de la cassette au préalable. Xeno peut-être? Finalement mon choix se porte sur un soft de la compil' auquel je joue très peu: Hardball édité à l'origine par Accolade en 1986

10 jeux, autant de souvenirs.

J'avoue ne pas comprendre grand chose à ce sport mais j'apprécie la musique d'intro et c'est l'occasion de m'y essayer un peu plus. Pendant le chargement j'ai le temps de faire un tour du côté de la véranda qui cette fois ci ne verra pas mon cpc 464 occuper sa table. Je suis un peu comme les chats qui aiment parfois changer de pièce, parfois non. Néanmoins je m'apprête à profiter du petit salon de fortune installé par mon père au fond, avec une plante verte assez imposante et son pot occupé ponctuellement par des grillons aventureux. De plus cela me permet de jeter un œil au programme télé en cours par la baie vitrée du salon ouverte sur la structure vitrée. Elle l'est souvent en été. Mon intérêt se voit bientôt happé par un film, "Les faucons de la nuit", diffusé sur la cinquième chaîne de l'époque avec Sylvester Stallone et Billy Dee Williams lancés à la poursuite de Rutger Hauer dans le rôle d'un terroriste.

Pousse toi gamin, on a pas le temps pour le cpc nous!

J'apprécie beaucoup ce film mais bientôt la musique de Hardball résonne en ma chambre aussi c'est quelque peu à regret que je quitte la véranda... Pour me rendre compte que je ne comprends toujours rien au baseball (et pas vraiment l'envie en réalité) prenant cependant le temps de faire quelques balles. Après mes essais infructueux et avoir profité du thème musical une nouvelle fois, je retournerais voir la fin du long-métrage appuyé par ces trois acteurs charismatiques.

vendredi 8 septembre 2023

Kevin Costner et la réalité augmentée

 1995. Le cadre rural a fait place à une peinture citadine dont les teintes me semblent bien mornes. Pour autant, cette ville moyenne où j'ai atterri depuis peu n'offre pas que des inconvénients, il m'arrivera d'y faire des rencontres éphémères pour la plupart. Il y a aussi le cinéma du centre-ville dont les affiches tente d'attirer les clients des terrasses d'en face, se réconfortant d'une boisson chaude pour certains, s'enivrant parfois violemment pour d'autres. 

Et en ce samedi soir, c'est d'un pas décidé que je quitte mon petit taudis pour aller voir le nouveau film de Kevin Costner: Waterworld. La presse spécialisée a démoli sans remord le long-métrage mais peu importe pour ma part, j'ai tellement eu peu l'occasion de fréquenter les salles obscures auparavant que je compte bien me rattraper quitte à m'ennuyer ferme devant le dernier film de Steven Seagal lors d'une seconde séance (non pas la dernière mais combien me manque-t-elle celle-ci!). Avec ses nuages menaçants, le ciel semble vouloir appuyer l’œuvre de l'acteur que j'apprécie en général, notamment dans "Les incorruptibles" réalisé par Brian De Palma (évoqué dans une vidéo de la chaîne). Peu importe, c'est d'un pas tranquille que j'arrive bientôt à ma destination. 

Premier signe que cette soirée sera placée sous la particularité, une pancarte écrite par l'élégante écriture de l'ouvreuse indique qu'une réduction de 10 francs est appliquée en raison d'un défaut sur l'exemplaire du film fourni à l'établissement: une rayure. Peu m'importe, je souhaite tout de même tenter l'expérience et alors qu'une fine pluie commence à timidement recouvrir le bitume, me voilà billet en main en direction de la "grande salle" tout du moins celle qui se veut la plus importante dans ce petit cinéma dont la façade et toiture viennent d'être rénovées. 

HEY, il y a une rayure sur le film!

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas foule, une bonne partie des sièges rouges au tissu parfois douteux se veulent vides. Deux rangs plus loin devant moi, deux individus évoquent déjà le personnage féminin du film, incarnée par Jeanne Tripplehorn, sous des termes peu flatteurs, les pieds posés sur les dossiers des sièges devant eux... ambiance. Allez, le film commence et "le marin" incarné par Kevin Costner nous montre comment recycler l'urine en eau potable! Oui car dans "Waterworld" se déroulant en 2500, l'intégralité des continents reposent désormais dans les bras de Poséidon mais la légende d'une terre nommée "Dryland" est tenace. L'histoire fait même état d'une carte menant jusqu'à elle... reste à la trouver! 

C'est quoi ce blog?

Cependant il va  falloir faire vite car bientôt, à quelques mètres de moi, un spectateur s'agite comme piqué par un insecte. Mais... est-ce une goutte d'eau qui vient de tomber sur le siège juste devant moi? Cette dernière se transforme rapidement en mince filet. Une personne se dirige vers la sortie pour revenir quelques instants après accompagné par deux employés armés de seaux. Dehors il fait gros temps, un orage vient d'éclater avec son lot de pluie. Les fuites se multiplient pour finalement se stabiliser, l'écran éclaire certaines tâches noirâtres au plafond mais n'empêche pas pour autant le film de continuer. La musique vient parfois couvrir le "plic plic" des gouttes tombant dans les récipients. 

En sortant du cinéma je sais déjà que je retiendrai davantage ces conditions quelque peu atypiques de visionnage bien que l’œuvre en elle-même ne méritait pas tant de haine des critiques ai-je trouvé J'ai juste eu le sentiment que Dennis Hopper en faisait un peu trop. Alors que mes pas empruntent le chemin du retour, quelques éclairs parsèment encore le ciel mais la pluie a déjà délaissée cet amant infidèle qu'est Zeus.

dimanche 3 septembre 2023

Loup solitaire 464

 Hiver 1988. La nuit est déjà tombée, l'heure du repas a sonné mais la table du dîner se voit quelque peu animée. Nous avons de la visite, une cousine et son compagnon passent nous rendre visite le temps d'un weekend, le temps d'une étape. Oui, car notre humble demeure retapée par mon père dans sa grande majorité est un point de rendez-vous pour cette famille qui se veut dispersée aux quatre coins de la France. 

Sa situation, dans la région Auvergne, n'est sûrement pas étrangère à ces visites annoncées par le réseau cuivré mais  parfois impromptues.  Outre ce point il y aussi ce que je considère, comme une magie, un certain calme que j'apprécie à chaque instant. Et c'est sans l'ombre d'un doute ce qu'est venue chercher ma cousine dont le profil s'apparente pour moi à une "business woman" me permettant d'emprunter quelques mots à la langue anglaise. Elle est rédactrice en chef d'un journal local de mémoire, et pour le collégien plutôt mou au visage marqué par l'acné que je suis, une main de fer dans un gant de velours. J'éprouve de l'admiration pour cette femme qui me respecte profondément pas seulement par le tissage des liens familiaux. 

Ah ouais, il y avait du boulot quand même.

Quoiqu'il en soit, le repas suit son cours, les échanges sont parfois vifs mais toujours teintés de rires au bout du compte. Alors que le plateau de fromage tire sa révérence au profit des gouttes d'un café qui résonnent en la cafetière encore affairée à jouer les alchimistes électroménagers, j'en profite pour m'éclipser. Direction ma chambre où m'attend mon Amstrad cpc 464 avec Operation Wolf que j'ai reçu depuis peu. Alors que je m'évertue à fermer délicatement la porte de la cuisine afin de ne pas déranger les conversations parées des atours de la vie adulte, je ne peux m'empêcher d'embrasser la vue que m'offre la véranda en cette nuit. Malgré le baiser glacial rendu à mon être par cet hiver, mon regard se fige face un paysage quasi lunaire dû à la conjugaison du brouillard et du gravier (maigre résistance humaine face à la végétation ambiante réelle propriétaire des environs) sorte d'écume factice qui précède une herbe gelée. Mon esprit ne peut alors s'empêcher de fredonner "Walking on the moon" de The Police. 

Bon ça vient ce café?!

Allez, le froid me pousse à retrouver la chaleur de ma chambre. Une fois de plus, mon bureau emprunte les teintes jaunâtres dispensées par la lumière de ma fidèle lampe de bureau et quelques instants plus tard le chargement des données s'échappant du lecteur cassette subtilisent la place du silence. Alors que l'écran de chargement d' Operation Wolf apparaît au fur et à mesure, assis sur ma chaise en bois peu confortable parée d'un coussin usé, mes pensées se perdent. Ces dernières sont brusquement interrompues par l'irruption de ma cousine en mon sanctuaire. Il semble que le café tarde à venir. La conversation s'engage, elle regarde mes posters, nous parlons un peu de cinéma, de lecture et bientôt de l'Amstrad cpc.

Bien que l'aspect générationnel nous sépare, je sens qu'elle s'intéresse, elle ne fait pas semblant. Ses mains fermement ancrées sur mes épaules, elle suivra mes péripéties de loup solitaire dans les milieux hostiles d' Operation Wolf édité par Ocean cette même année. Il ne me semble pas nécessaire de vous parler ici en détails de ce grand classique de la machine, adaptation de la borne d'arcade que je connaîtrais quelques temps plus tard lors d'un voyage scolaire en Angleterre  (évoqué d'ailleurs dans l'une de mes vidéos sur la chaîne). Je reviendrais souvent vers le jeu durant mon ère cpc et je m'y prête volontiers de manières plus éparses désormais. Ma "grande" cousine trouve les ordinateurs  fascinant en un sens. Elle prendra congé quelques instants avant la fin du jeu, la machine à café en ayant terminé avec la préparation du noir breuvage. 

Café en milieu hostile!

Me voilà de nouveau seul avec pour souvenir un parfum, la caresse passée d'une main ferme de cette silhouette féminine au cheveux bruns coupés au carré sur ma joue droite. J'aurais l'occasion de la croiser au cours de mon existence, dans d'autres circonstances avant qu'elle ne quitte définitivement cette Terre au cœur d'une nuit en apparence paisible. Cet article lui est d'ailleurs dédié. Après toutes ces années, je me souviens encore de cette soirée d'hiver perdue dans les limbes de la mémoire d'une ruralité issue de mon passé.