mardi 24 septembre 2024

L'étoile de l'hôtel

 1988. C’est l’une de ses matinées dominicales où mon paternel et moi sommes partis chercher le pain ainsi que le journal. La destination diffère cependant quelque peu car mon père souhaite ajouter un petit extra (souvent en provenance du traiteur local) pour égayer les papilles de cette journée. Direction la commune où se tient mon collège plus vaste que le village auquel nous sommes rattaché.

L’idée d’apercevoir mon collège ne m’enchante guère mais tout va bien puisque nous n’emprunterons pas la rue principale sur laquelle s’étend l’ombre massive bétonnée. Telle une forteresse de savoir mal placée, j’ai toujours ressenti un sentiment d’oppression à sa vue.  La départementale sur laquelle nous roulons, également empruntée par le bus chahuté durant la semaine, est bordée par des champs à perte de vue mais également une ligne ferrée désormais abandonnée ainsi ce qui semble être une exploitation céréalière à la morne silhouette. 

Sur le chemin, bien que je sois absorbé par mes pensées, il m’arrive de reconnaître des visages que je préfère oublier. Mais bientôt, tel un totem, un bâtiment nommé « hôtel du nord » fait son apparition, balayant de sa lumière cristalline les ombres d’un Mordor trop présent à mon goût en ces derniers instants.

Si un sourire se dessine timidement sur ce visage trop sérieux ( comme le disait Heath Ledger) c’est parce que la musique composée par Ben Daglish pour le jeu « North star »,édité sous l’égide de Gremlin cette même année connu une fois de plus avec la compilation « 12 jeux exceptionnels » sur 464, se joue en mon esprit. A cette époque (et c’est toujours un peu le cas actuellement) je fais beaucoup d’associations de ce type, en relation avec le monde de l’Amstrad cpc et toute sorte de choses. Ainsi, cet hôtel somme toute banal devient une référence à ce jeu dans lequel la station spatiale « North star » ne répond plus. En arrivant, nous ne pouvons que constater les dégâts occasionnés par les envahisseurs ayant pris possession des lieux. Notre mission consistera non seulement à éliminer ces derniers mais également à  venir en aide aux éventuels survivants.

Source: CPC POWER

Graphiquement la patte Gremlin est immédiatement reconnaissable, sympathique. Côté jouabilité, la difficulté du jeu résidera dans la maniabilité de notre perso puisqu’il faudra un temps de « freinage » à celui-ci avant qu’il ne s’arrête totalement occasionnant souvent des collisions mortelles avec l’ennemi. Notre arme principale sera ce bras robotique nous permettant d’envoyer paître les ennemis mais nous serons à même de trouver d’autres artefacts permettant d’améliorer notre efficacité, tout du moins sur le papier. Le scrolling horizontal se veut plutôt fluide mais la fenêtre de jeu est assez réduite. Pour couronner il nous faudra également surveiller notre niveau d’oxygène.

Je ne suis jamais parvenu à voir la fin de « North star » mais comme je l’écrivais quelques instants plus tôt, à la vue de cet hôtel (qui n’était pas bleu contrairement à la chanson de Chris Isaak) la musique de Ben Daglish se déclenchait automatiquement telle une main invisible actionnant le magnétophone logé dans un coin de ma tête. L’établissement semble toujours exister et, sans le savoir, ses propriétaires hébergent une partie de mes souvenirs.

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