1988. Il vient de faire gros temps, en témoigne cette permanence rétinienne liée à certains éclairs qui viennent de strier ce paisible ciel d’Auvergne. Bien entendu, en ces instants tumultueux, hors de question de mettre sous tension mon Amstrad cpc 464 et ainsi prendre le risque de perdre ce précieux compagnon de jeu. Quelque part, dans certaines parties des mines de la Moria, Golum approuve ce choix.
Mais cet enfant turbulent qu’est l’orage cessera bientôt ses caprices, peut-être conseillé par le soldat Trantor perdu au cœur de cette planète hostile. Là, se frayant un chemin au travers de cette noirceur ambiante, quelques rayons solaires, de ceux qui réchauffent les os et l’âme viendront réclamer leur part de royaume dans cette vaste étendue qu’est le ciel retrouvant ses teintes d’azur au fur et à mesure.
Mon regard d’ado plongé dans le numéro d’Amstrad Cent Pour Cent du moment se tournera bientôt vers le cpc, trouvant en cette percée lumineuse le signe qu’il attendait pour retrouver quelque compilation en dormance dans ce fameux carton au trésor. Les Goonies n’ont qu’à bien se tenir même si cette fois-ci « Amstrad Gold Hits 2 » ne sera pas de la partie. Non, la compil’ « Dix Sur Dix » lui volera la vedette et c’est sur le jeu « Xeno » édité par A&F Software en 1986 que se portera mon dévolu.
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Rien à voir avec la guerrière... |
Les instants suivants verront défiler les blocks sur le moniteur du cpc 464. Allez, le jeu est enfin chargé, il est temps de se lancer dans un match s’apparentant à un hockey sur glace futuriste. Au cours d’un match dont il est possible de modifier certains paramètres comme le temps de chaque session ou encore la véhémence de la machine qui sera notre adversaire en cas de jeu solo, le but sera de faire glisser la balle dans les buts opposés. Le manuel d’utilisation de la compilation va à l’essentiel: le propos du jeu, les commandes mais toute la partie scénaristique a été occultée, scénario que j’ai découvert des années plus tard via le manuel d’utilisation sur CPC Power.
L’action se déroule sur Io (désigné comme une planète mais s’apparentant peut-être plus au satellite naturel de Jupiter) où un ouvrier d’une colonie minière en place répondant au nom de Xeno a accidentellement poussé un bloc de gaz entre deux piliers de métal enfoncé dans le sol. De cette action fortuite est né ce jeu futuriste héritant du nom de la colonie. Les règles de ce dernier ont depuis changées, plus sécurisées dans le sens où ce premier projectible instable a été remplacé par un disque et surtout il est possible désormais d’y jouer depuis un micro ordinateur! Graphiquement parlant le jeu est agréable avec sa couleur bleue dominante et présente une vue d’ensemble du terrain. Il n’y a aucune musique, seuls quelques sons comme le bruit du projectile touché par notre soucoupe, jingle d’interruption ou encore acclamation du publique intergalactique se feront entendre. L’action est également fluide, l’enchaînement des échanges entre les deux adversaires peuvent être assez intense selon les réglages choisis via le menu principal.
Si le jeu est sympathique dans l’ensemble c’est avec sa possibilité de jouer à deux qu’il prendra toute sa dimension, chose que je n’ai jamais pu expérimenter. J’avoue n’avoir jamais passé beaucoup de temps sur Xeno ce qui ne m’a pas empêché de saluer sa simplicité me permettant d’y jouer afin de briser parfois la routine des blockbusters. A n’en point douter, il fait partie de ces softs qui ont apporté un petit plus, tout comme la compilation « Dix Sur Dix » (command performance en Albion) qui avait pour elle de proposer des softs qui se « méritaient », dans le sens où ces derniers nécessitaient un temps d’adaptation afin de les savourer pleinement. Je pense notamment à « Mercenary », « Cholo » ou encore « The Armageddon Man » récemment évoqué.
Mais alors que cette après-midi touche à sa fin, ma défaite face à mon adversaire dans Xeno m’extirpera de mon cpc 464 afin de profiter du parfum de pétrichor qui a fait main basse sur les environs. Ces baskets au blanc douteux mises à la hâte, me permettront de fouler le sol humide afin d’atteindre cet imposant chêne. Là, mes yeux captureront l’astre solaire bientôt subtilisé par le royaume des morts qu’est cet horizon ouest.