lundi 11 novembre 2024

Type Soul R

 1991. C’est avec mon modeste dictionnaire d’anglais m’accompagnant depuis la sixième que je m’affaire à traduire les paroles du dernier album de Sting, « The soul cages ». Celui-ci m’accompagnera d’ailleurs lors de mon service militaire, semblant à jamais prisonnier de mon walkman auto-reverse de marque Aïwa. Ainsi, les voyages de retour vers ce petit village d’Alsace où est basé le régiment auquel je suis rattaché seront bordés par les chansons passées en boucle, peu enclines à adopter la cadence de la locomotive. Les villes et vallées se succèdent alors que « All this time » tente d’amadouer ma mélancolie, appuyé par un coucher de soleil magnifique se glissant derrière une forêt de sapins défiant les générations.

Mais je vais un peu vite en besogne au fil des mots car je ne suis pas encore empreint de kaki en cette année 1991. Si mon cpc 6128 tourne beaucoup moins qu’avant, il m’arrive encore de me plonger dans les compilations. Cette fois-ci il s’agira des Cent Pour Cent A d’or avec R-Type initialement édité par Activision en 1988 sur les machines Amstrad. L’essence de cette compil’ restitue un goût doux amer puisqu’elle me rappelle les beaux jours de ce magazine qui a perdu de sa superbe. La faute à une actualité cpc de plus en plus morne. 

Source: CPC POWER

Allez, il n’est pas encore temps de se laisser abattre autant par le destin que les tirs de l’empire Bydo bien décidé à faire main basse sur diverses dimensions. A bord de notre vaisseau répondant au nom de R-9 nous devrons affronter des hordes d’ennemis envoyés par le maléfique empire. 

L’espace est froid, sombre, et R-Type est bien décidé à nous le rappeler avec ses graphismes. Je ne sais pourquoi mais j’ai toujours eu l’impression que notre véhicule était enrhumé, me renvoyant ainsi le souvenir des nombreuses Rhinopharyngites  et grippes contractées lors de mon enfance/adolescence! Sur fond de scrolling horizontal, notre vaisseau se déplace de manière assez fluide récoltant au passage quelques bonus d’armements bienvenus face à nos adversaires sans pitié.

ATCHAAAA!

Aucune musique ne viendra alléger l’ambiance, seuls quelques sons ponctueront la bataille (vous savez San Ku Kaï c’est la bataille dans les étoiles… mais je m’égare). Pour moi, le jeu est difficile et c’est à grand peine que je terminerais le premier niveau. Comme vous pouvez l’imaginer, la fin du jeu m’est inconnue. A l’époque, j’avoue avoir un peu de mal avec l’ambiance restituée par R-Type, rien ne semble vouloir me connecter au jeu, me renvoyant même un certain malaise. Ah, on m’interpelle… Il est l’heure. En ce jour dominical ma tante de passage nous invite au restaurant… Une nouvelle va m’être annoncée, bientôt mon paternel deviendra « The man who sold my world »…

Je garde donc un souvenir particulier de R-Type qui reste néanmoins à mes yeux un bon jeu même si je ne reviens vers lui que très peu désormais.

mardi 29 octobre 2024

Champion 80

 Il s’agit là d’un souvenir épars, presque effacé par les effluves temporelles. Nous sommes à l’aube des années 80, bloqués sur le pont permettant de rejoindre la sortie de la plus grande ville à destination du foyer familial.

Cette agitation urbaine n’est guère à mon goût mais quoi de plus normal lorsqu’on est habitué à une quiétude quasi perpétuelle? Il faut dire que les fêtes de noël approchent, en témoignent les décorations s’illuminant ci et là au fil des rues. Mon frère est de passage mais ne sera pas présent pour le réveillon, accaparé par d’autres obligations que l’on traduira ici par « Belle-Famille ».

Néanmoins il a souhaité me faire un cadeau avant de repartir sous peu et c’est ce dernier qui retient toute mon attention à l’arrière de la voiture alors que le paternel s’impatiente au volant. Si le Téléscore de SEB (c’était bien) dont je vous parle ici est déjà venu me porter les prémices d’un monde futur, je n’ai jamais eu de jeu électronique. C’est désormais chose faite avec Champion Racer de Bandaï. Le principe est simple: plongé dans une course de type formule 1 nous devrons accumuler le plus de kilomètres sans entrer en collision avec les autres véhicules, c’est tout du moins ce que veut bien restituer ici ma mémoire.

Source de l'image: electronicplastic.com

Les commandes sont simples, la manette permet de se diriger soit vers le haut, soit vers le bas tandis que les deux boutons annexes serviront à se diriger vers la gauche ou la droite. Les concurrents viendront de toute part, certains roulant à faible allure. Une fois arrivé enfin à la maison, c’est fébrilement que je déballerais cette surprise inattendue dégotée, me semble-t-il, au cœur du magasin « Jouéclub ». Un dernier obstacle, celui des piles, se dresse devant moi avant de pouvoir me lancer dans cette course effrénée. Heureusement, mon paternel en a toujours plus où moins en stock avec l’émergence des différentes télécommandes.

Dès la mise sous tension du jeu, le parfum du plastique neuf, les sons abrupts s’emparent de l’enfant que je suis alors. Au début ma dextérité ne brille pas vraiment mais au fil de la pratique, je m’améliore. Les arcs du temps semblent soudainement engloutis (comme les mondes un peu plus tard), à mes côtés mon frère qui tente également sa chance ne voit pas non plus l’après-midi se transformer en soirée à proximité du sapin déjà dressé, ses décorations reflétant pour certaines les flammes d’un insert revigoré. Les joues rougies par l’âtre, les parties s’enchaînent et c’est avec regret que je devrais délaisser la compétition. J’y reviendrais de nombreuses fois par la suite, en attendant l’Amstrad cpc

Je ne sais ce qu’est devenu l’objet depuis, perdu dans le grenier du temps et les limbes des déménagements successifs. Reste le souvenir de ce jour où mon frère m’avait offert mon premier jeu électronique.

L'image illustrant cet article provient du site: https://www.electronicplastic.com/

dimanche 27 octobre 2024

L'égérie cendrée

 1989. La nuit s’apprête à prendre le pas sur la soirée, berçant de manière factice cette dernière par un jeu de faux-semblants. Mes week-ends se suivent et se ressemblent me direz vous. Peut-être, mais le temps, par un habile stratagème dont il a le secret marquera patiemment de son empreinte ces heures saturniennes.

Dans un salon bientôt vidé des ses occupants, les dernières braises de l’âtre noirci au fil des saisons hivernales s’éteindront sous peu avec pour seule témoin l’imposante télévision cathodique brusquement atteinte de cécité. Le silence va  reprendre ses droits, appuyé par la vie nocturne rurale mais également les souffles et craquement d’une bâtisse aux murs illusoirement rassurants. Au-dehors démons et merveilles, peut-être inspirés par un certain Randolph Carter, verront leurs chaînes brisées sous l’égide de Dame Lune, cette égérie cendrée dont les rayons s’immiscent au travers de mes volets. Si je le souhaitais je pourrais devenir son loup-garou, un peu comme pense l’être Mary Katherine Blackwood dans le roman de Shirley Jackson « Nous avons toujours vécu au château ». C’est tout du moins ce que me suggère mon imagination, toujours plus exacerbée par l’Amstrad cpc. L'astre va me tenir une nouvelle fois compagnie alors que cette concubine volage qu’est le sommeil n’est pas encore encline à apposer sa caresse sur mon esprit.

Me voilà donc devant mon cpc 6128, toutes lumières éteintes afin de ne pas troubler les lieux. Le volume du haut-parleur est suffisamment discret évitant de réveiller la maisonnée. Avec son « ready » la machine attend impassiblement mon choix. Sur quel jeu vais-je jeter mon dévolu? Cauldron? Non, pas cette fois, bien que l’ambiance s’y prête pourtant. Prenant crainte de briser le sceau nocturne scellé par les rayons bleus (rien à voir ici avec le film de 1978), je joue maladroitement au nyctalope en explorant mes boîtes de jeux dans ce fameux carton à présent bien fatigué.

Non on a déjà parlé de toi sur le blog!

Et si… Mais oui! C’est peut-être la fée des dents qui me chuchote ce choix alors que maladroitement ma mâchoire heurte le coin de ce bureau multimédia accueillant il y a peu encore mon cpc 464. Tant qu’il ne s’agit pas de la créature issue du roman de Graham Joyce ou encore celle de  Hellboy: les légions d’or  maudites  ça me va!

C'est encore trop tôt...

Stormlord, édité par Hewson en 1989 et réalisé par Raffæle Cecco, marquera donc cet instant propice à la rêverie. Découvert via la compilation 12 jeux fantastiques de Gremlin cette même année, j’avoue jusque-là ne pas trop avoir avancé dans l’aventure, la difficulté étant au rendez-vous. Nous y incarnons  ce seigneur de l’orage dont le but sera de délivrer les fées du royaume retenues prisonnières par une vile reine. 

Pour cela nous devrons trouver parfois des clefs ou divers subterfuges sous la forme d’objets afin de contourner les créatures faisant barrage. De mon avis, nous sommes sans l’ombre d’un doute en présence de l’un des plus beaux jeux de l’Amstrad cpc. La musique, les graphismes, les jingles lorsque notre regard esquisse la silhouette de certaines statues féeriques laissent peu de place à l’incertitude. 

Quand le Père-Noël fait sa crise de la quarantaine...

Comme je l’écrivais plus tôt, le charme est cependant quelque peu rompu face à la difficulté. Néanmoins, avec un peu d’entraînement et de persévérance, en ces instants j’arrive à délivrer quelques fées à l’aide des artefacts trouvés sur le chemin. Ainsi le parapluie nous mettra à l’abri des gouttes acides alors que nous sommes assaillis par des sortes de dragons et le miel détournera l’attention des abeilles gardant jalousement la clé d’une geôle. 

Il y a aussi les trampolines propulsant notre personnage au firmament afin d’atteindre les fées plus lointaines. Certains ennemis nécessiteront des dagues que nous leur enverrons en laissant le bouton feu appuyé un peu plus longtemps. Le temps, autre adversaire représenté par un cycle soleil/lune du plus bel effet, défile à toute vitesse et il n’est pas rare d’échouer alors que nous nous évertuons à éliminer les diverses menaces. 

Je n’ai  jamais vu la fin de Stormlord ni même atteint ne serait-ce que le niveau bonus où recueillir la tristesse des fées via leurs larmes nous permettra peut-être d’obtenir une vie supplémentaire. Une astuce existe cependant, octroyant vies infinies et choix du niveau: saisir rapidement sur l’écran titre « bringonthegirls » (source CPC POWER) mettant en lumière ce petit coquin qu’est Raffæle Cecco!

Je suis loin du compte!

Mais alors que la lassitude s’empare de moi face à mes échecs répétés, la fatigue, une autre amante doucereuse est également de retour. Il est donc temps d’éteindre mon cpc 6128 pour éventuellement rejoindre le royaume des songes. En cas de mauvaise rencontre éthérée, il me faudra pourtant attendre quelques années  avant de comprendre que le moindre réveil peut faire office d’intercepteur de cauchemars… appuyé par la troublante présence de l’égérie cendrée.

vendredi 25 octobre 2024

La déception de l'univers

 1988. C’est l’un de ces vendredis soir où les ombres se meuvent, prêtes à fondre sur les champs afin d’asseoir le royaume nocturne et surtout… le week-end n’en est qu’à ses prémices! Dans le ciel, en mon regard, mille étoiles brillent déjà. Je viens tout juste de recevoir une nouvelle compilation: 12 jeux exceptionnels éditée par Gremlin au cours de cette année.

Oui, c'est encore elle!

Si bien entendu la plupart des jeux attirent mon attention l’un d’eux me questionne un peu plus: l’adaptation du film « Les maîtres de l’univers » avec Dolph Lundgren dans le rôle de Musclor. Le long-métrage (1987) est lui même la transposition du dessin-animé culte de mon enfance dont je ne manquais aucun épisode, suivant avec une figurine dans chaque main les aventures du Prince Adam et de son tigre poltron Gringer

Sous titre: les maîtres du slip!

Comme si cela ne suffisait pas, la chance fait que j’avais beaucoup de figurines dont les aventures se déroulaient dans le superbe château des ombres lui aussi en ma possession. Le fan club de Musclor ne manquait pas non plus de me souhaiter mon anniversaire avec quelques gadgets à la clé, m’octroyant à sa manière le pouvoir du crâne ancestral via ce porte-clé glaive. Lorsque Musclor et ses alliés semblaient fatigués de combattre les forces du mal orchestrées par Skeletor (ma toute première figurine offert par mère lors de courses au cœur du supermarché Rond Point devenant Carrefour quelques temps plus tard), je ne manquais pas de me plonger dans les mini BD qui accompagnaient les jouets. 

Vestige d'un passé révolu

Aussi, bien qu'ayant délaissé les figurines depuis, la sortie du film était un petit événement pour moi d’autant que j’admirais Dolph Lundgren à l’époque, impressionnant avais-je trouvé dans Rocky 4 quelques temps plus tôt. Malgré sa présence et celle de Frank Langella dans le rôle de Skeletor, la déception s’emparait de moi. Je ne retrouvais en rien l’essence de mon dessin-animé favori. Si je regarde désormais le long-métrage avec un œil nostalgique, j’éprouve toujours cette petite pointe de déception. Quant au dessin-animé, je ne peux à présent n'en regarder qu'un seul épisode tout au plus, me remémorant ces instants passionnés à jouer avec mes figurines.

Lorsque je note la présence du jeu sur la compilation, une lueur d’espoir se matérialise: « et si le jeu était bon lui? ». Alors qu’un peu plus loin la télévision cathodique familiale esquisse les premières notes du générique de l’émission Thalassa diffusée sur la troisième chaîne (une petite pensée pour Georges Pernoud), les bandes de chargement s’agitent déjà de part et d’autre du moniteur de mon cpc 464.


Allez, au bout de quelques minutes me paraissant des heures, le chargement est enfin terminé. Ces longs instants m’ont donné le loisir d’admirer l’écran de chargement qui restitue bien l’affiche du film. Nous incarnons donc le défenseur d’ Eternia, échoué sur la Terre à la recherche de la clé cosmique. Au passage mention spéciale pour l’actrice Chelsea Field qui incarne Teela de manière très convaincante sur la pellicule. Graphiquement c’est déjà la déception pour moi mais je dois reconnaître que l’énergie de Musclor représentée par un glaive sur la gauche est plutôt réussie. Idem pour celle de son ennemi juré sous la forme d’un sceptre.

Chelsea Field

Dès notre arrivée, nous sommes attaqués par une horde d’ennemis tirant à tout va, nous serons à même de leur rendre la pareille puisque Musclor semble avoir déniché une pétoire. Commence alors une errance sans fin, perdu dans les rues tentaculaires de cette ville terrienne. Il y a bien une boussole m’indiquant le nord et un plan dans le manuel d’utilisation mais rien y fait, je me perds ne sachant trop que faire et surtout où aller. Au fil de ma progression j’arrive à restaurer ma santé mise à mal par les forces de Skeletor en ramassant des dagues sur le chemin.

Ah, une communication vidéo interrompt ma progression. Teela m’invite à la rejoindre mais je n’ai pas le temps d’en savoir plus. Mon errance à raison de ma patience et je finis par abandonner purement et simplement. La fée déception perchée sur mon épaule droite ne peut s’empêcher de chuchoter ironiquement: « alors ce jeu »? Pas terrible je dois l’avouer. Reste la musique de Ben Daglish qui ne parvient pas, malgré tout, à me faire oublier cette cruelle déception. Je ne reviendrais que très peu vers cette adaptation signée Gremlin, préférant rester avec le souvenir du dessin-animé et des figurines que j’aimais tant jadis.

mardi 22 octobre 2024

L'attaque du dimanche

 1988. Je pense que nous sommes très peu à porter le dimanche après-midi en nos cœurs, sans doute parce que ce dernier annonçait de son temps narquois le lundi synonyme de la reprise du collège. Si le printemps me voyait conjurer le sort en empruntant quelques chemins ruraux à vélo, ces moments dominicaux parées d’une grisaille automnale devenaient alors les témoins d’un ado rivé à son cpc 464

Et pourquoi pas explorer la compilation Top Ten Collection éditée par Elite cette même année, compil pour laquelle j’ai beaucoup d’affection? Je lui ai d’ailleurs consacré une vidéo et esquissé son contenu au cœur d’un article au fil de ces pages. Chronos en ayant profité pour subtiliser la matinée, sans doute trop pressé d’arriver au traditionnel poulet frites, me chuchote que je n’aurai certainement pas le temps de jouer à tous les softs présents sur les cassettes bleues. 

Source: CPC POWER

Aussi mon choix se porte sur Deep Strike sorti sous la bannière de  Durell en 1985, soft que j’ai initialement « survolé » si je puis dire. Allez, quelques tours de bandes et la musique de Deep Strike, très sympathique, résonne en mes oreilles. Me voici bientôt aux commandes d’un bombardier de la première guerre mondiale. Si la prise en main est assez aisée, réussir la mission consistant à bombarder les installations ennemies ne sera pas si simple.

Qui plus est, nous devrons veiller à la bonne santé de notre appareil, représentée sous forme d’hélice (joli clin d’œil je trouve) mais également à celle des quatre autres avions qui se succéderont juste devant. Au cas où l'un d'eux serait abattu, un autre prendrait alors immédiatement sa place. Comme si cela ne suffisait pas, nous ne devrons pas oublier de porter un regard sur la jauge de carburant. Bon, je dois l’avouer, je n’ai jamais réellement compris les tenants et aboutissants de Deep Strike dans le sens où la maniabilité des engins volants restent assez hasardeuses. Une bonne dose d’anticipation est nécessaire pour espérer conserver notre escadrille (en escadrille on fait du vélo, on danse le disco… ah non désolé je confonds!) intacte tout comme atteindre les canons anti-aérien au sol. 

 
 
Au bout de quelques instants, je décroche mais pour autant je ne regrettais pas mon choix puisque revenant ultérieurement vers ce dernier pour essayer d’appréhender un peu mieux les mécanismes du jeu. Et puis j’avoue avoir eu toujours un faible pour les jeux de l’éditeur Durell (oui Thanatos je pense à toi bien évidemment). Ces derniers restituaient une ambiance particulière, un petit quelque chose au même titre que les productions Gremlin qui fait que j’éprouve une grande nostalgie à leur évocation.

Mais alors que le crépuscule s’apprête à prendre possession des environs, il me semble déjà entendre Marthe Villalonga interpeller Rosy Varte à propos de Monsieur Georges. J’en déduis que ma mère ne tardera pas, elle, à m’interpeller pour le dîner. Allez, haut les cœurs, une nouvelle semaine s’apprête donc à commencer mais elle porte en son sein les prémices du week-end.

mercredi 16 octobre 2024

Le Diable marie ses filles

 1987. C’est l’un de ses mercredis après-midi où je me suis rediffusé pour la énième fois Tarantula de Jack Arnold patiemment enregistré par ma mère l’année précédente. Oui, car la figure maternelle n’est pas très à l’aise avec la programmation du magnétoscope, aussi lorsque ce film mettant en scène une tarentule géante est annoncé en seconde partie de soirée au cœur de l’émission "La dernière séance", je veux absolument le voir. 

Mais hors vacances, l’autorité parentale n’est pas très enclin à me laisser croquer cette part des ténèbres. Claude Pierrard et Stephen King auraient sans doute approuver ce choix. Ce fameux soir de 1986 ma mère attend donc la fin du long-métrage diffusé en version originale sous titrée.  Mettant notamment en scène Leo G. Caroll, une sombre histoire d’expérience de laboratoire ratée voit alors une arachnide se développer de manière disproportionnée. A cette époque je suis fasciné autant qu’effrayé par ces films de « grosses bébêtes » (sans show ni Stéphane Collaro). Alors que je me suis lourdement endormi sur le canapé bon marché déchiré en plusieurs endroits, la patience maternelle a ses limites et me réveille à un moment crucial du film, celle où le professeur Gérald Deemer atteint d’acromégalie annonce que la tarentule a péri dans l’incendie de son laboratoire…. Hmmm, je sens le subterfuge, aussi émets-je sérieusement des doutes quant à cette fin trop facile d’autant que le film n’en est qu’à sa moitié (fait vérifié grâce à l’horloge de l’enregistreur). Mon intuition a vu juste puisque ma mère admet avec contrariété que ce n’est en réalité pas le cas!

Marrant le blog de Temps Nyx non?

Malgré sa fatigue, elle ira même jusqu’à enregistrer l’intégralité du générique de fin! Après toutes ces années je la remercie encore.

Mais revenons en cette année 1987 qui verra la bande de la cassette vidéo céder suite à mes visionnages intempestifs! Ce mercredi après-midi est emprunt d’un fort souvenir à mes yeux. Alors que le générique se termine, je rejoins ma mère, accaparée par ses mots croisés, sous la véranda. Il y a là un petit coin de paradis meublé par des fauteuils en bois dont l’assise est adoucie par d’épais coussins. Une plante en pot dont l’apparence rappelle celle du yucca s’abreuve de la lumière extérieure filtrée par des stores à demi-ouverts. Ces derniers me rappellent furieusement ceux de la maison du professeur Gérald Deemer. Au-dehors, le ciel incertain dispense ses humeurs, tantôt timidement ensoleillé mais la plupart du temps déversant sa mélancolie au travers d’ondées, rideaux de pluie qui abreuvent mon imagination et questionne le regard. 

Hormis le griffonnement actif du critérium vert de la connaissance maternelle envers ces cases qui restent pour moi hermétiques, seule la vie rurale exprime sa certitude quant à l’arrivée de l’automne. Après être resté quelques instants à m’imprégner de ce moment, il est grand temps pour moi de réveiller mon Amstrad cpc 464 d’autant qu’il y a peu j’ai eu la chance d’avoir un nouveau jeu gosse gâté pourri que je suis. 

Ma démarche traînante traversant la véranda est bientôt interrompue par un soleil soudainement généreux jouant les troubles-fêtes alors qu’une nouvelle ondée se déverse sur les champs. Un arc-en-ciel vient appuyer le phénomène et telle une incantation j’entends ma mère prononcer ces paroles: « Tiens, le diable marie ses filles aujourd’hui! ». Je n’oublierai jamais cette phrase, la retranscrivant le plus délicatement possible lorsque celle qui a veillé sur moi pendant de longues années empruntera l’Orient Express, accompagnée peut-être par le célèbre détective d’Agatha Christie dont elle affectionnait tant les romans. Sa destination restera à la discrétion de l’invisible.

Cette phrase m’amuse autant qu’elle m’interpelle alors que ma mère lève à peine la tête de ses grilles noircies.  Mais n’ai je pas dit que je me dirigeais vers ma chambre afin de retrouver mon Amstrad cpc 464? Le nouveau jeu en question est signé Mastertronic et s’intitule Kobayashi Naru sorti cette même année. Bon, vous l’avez peut-être déjà compris mais qui dit Mastertronic dit jeu « budget ». De mémoire, ces derniers étaient vendus aux alentours de 35 frs et s’avéraient être des productions avec une qualité correspondant au prix… Cependant la surprise était parfois de mise… mais pas pour Kobayashi Naru un jeu d’aventure intégralement en anglais dont je n’ai jamais compris les tenants et aboutissants.

Le but de notre avatar est de prétendre à l’immortalité en passant différentes épreuves. Les choix, actions que nous effectuerons se feront au travers d’icônes à sélectionner. A cette époque ma connaissance de la langue d’Albion est restreinte, je ne comprends quasiment rien au jeu et clique sur les différentes icônes un peu, beaucoup même, au hasard. Si je parviens à progresser par chance ma motivation se résigne rapidement pour délaisser complètement le jeu au bout de quelques temps. Je ne me souviens plus exactement comment ce jeu a atterri dans ma « cpcthèque » mais à n’en pas douter, vu la date, il s’agissait là de mes balbutiements dans l’univers des jeux sur Amstrad, qui plus son prix attractif a assis mon choix (et surtout celui de mes parents). Graphiquement le jeu n’est pas désagréable mais c’est à peu près tout même si je ne peux réellement en juger puisque ma progression s’est voulue très limitée.

Je comprends rien ok!!

Des années après, alors que je redécouvrais les jeux sur cpc via l’émulation, faisant travailler ma mémoire afin de retracer mon parcours « softueux », je me réessayais donc à « Kobayashi Naru » sans vraiment plus de succès et surtout plus aucune patience! Un petit tour sur cpcgamereviews m’a fait comprendre que non seulement le jeu s’avérait difficile mais qu’en plus aucune logique ne le composait. Cependant, son souvenir est associé à celui de ce jour particulier, celui où sous une ondée teintée par un généreux soleil, le diable a marié ses filles.

Cet article, dédié à ma mère, a été écrit en écoutant le morceau "meeting Rebecca" issu du jeu "Resident Evil" de Capcom.

mardi 8 octobre 2024

Guns of Sonia

 1987. L’été est bel et bien terminé mais dans son sillage, témoin des belles journées, L’Amstrad cpc semble à même de restituer encore quelques effluves estivales. Peu importe cette maussade rentrée qui fait son apparition, bien décidée à briser l’essence des beaux jours.

Bientôt les formules de maths, lignes historiques aux accents temporels sans oublier les verbes acérés des cours de français remplacent cassettes et tours de compteur aux consonances anglaises. Le week-end, lui, n’est cependant pas enclin à faire des concessions barrant la route à l’effervescence d’un collège omniprésent même si les devoirs ne manqueront pas d’apporter leur touche maligne, rappelant que le lundi attend en embuscade.

Je ne vous ai peut-être pas encore parlé de Sonia, ma meilleure copine de l’époque (peut-être même la seule) m’ayant accompagné de la primaire jusqu’à la fin de collège. En réalité, Sonia est alors comme une sœur avec qui n’importe quelle entreprise se transforme en aventure, parfois agrémentée de quelques disputes qui ne durent jamais très longtemps. Souvent malade, Alors que nous n’étions pas forcément dans la même classe, Sonia me transmettait ainsi toujours les devoirs à rattraper. 

Bien que peu versée dans le monde de la micro informatique et des jeux vidéo, un soft avait pourtant retenu son attention: Gunfright édité par Ultimate en 1985, l’un des premiers jeux à avoir tourné sur mon cpc 464. Présent dans la compilation de l’éditeur FIL comprenant trois jeux (dont je vous parle ici), il était accompagné de « The way of the tiger » et de l’hermétique adaptation de la série « ».

Dans Gunfright nous incarnons le shérif Quickdraw tout juste nommé dans cette ville de l’ouest américain. Pas le temps d’admirer notre nouveau bureau car les malfrats n’attendent pas pour commettre divers méfaits dans un environnement en 3d isométrique dont l’éditeur avait l’habitude. Ainsi nous devrons évoluer dans cet hostile milieu, traquant des bandits tels que Billy The Kid ou encore Jesse James. Appuyé par des indicateurs, il nous faudra également faire attention à la population locale, si une balle perdue et les frais des obsèques seront à notre charge.

Te voilà gredin!

De même, si nous entrons accidentellement en collision avec une habitante nous perdrions la vie! Ah, inutile d’espérer quelconque financement concernant les munitions, nous devrons les payer avec les primes obtenues lorsqu’un malfrat est capturé excepté au tout début de notre partie avec une séance de tir sur sacs emplis de dollars.

Les hors-la-loi sont d’ailleurs facilement reconnaissables déambulant dans la ville d’une démarche assurée et nous n’aurons qu’à tirer une fois en leur direction pour déclencher le duel. Là les choses peuvent se corser très rapidement, si notre shérif n’est pas assez rapide c’est la mort assurée! Certains seront à cheval, la location d'une monture disposée quelque part dans la ville s'avérera indispensable pour espérer les rattraper.

On peut dire que Buffalo grille...

En cet instant, je ne compte plus les rires qui fusent alors que Sonia et moi tentons d’aller un peu plus loin que la fois précédente. Nous ne sommes jamais parvenus à découvrir l’intégralité des malfrats mais pour sûr, même si nos chemins de vie se sont désormais éloignés, je me souviens encore de ces moments en sa compagnie.