1989. Le printemps semble vouloir s’installer pour de bon, sa luminosité généreuse dispensée par son émissaire solaire incite les parents à sortir la petite table dont la couleur anisée a subie les assauts d’un hiver plutôt rude. Les portes de la véranda sont quant elles prêtes à accueillir la douceur des températures s’engouffrant ainsi jusqu’au cœur de la maison. D’ailleurs des invités, portés par des effluves apéritives, ne tardent pas à s’inviter sans omettre les politesses d’usages. Les rumeurs de leurs conversations parfois passionnées, ont tendance à troubler la tranquillité environnante que j’affectionne tant, cette dernière me mettant à l’abri d’une réalité dont j’ai tendance à me détacher, plus que mon père ne le souhaiterait, lorsque je suis devant mon ordinateur ayant troqué ses cassettes pour des disquettes depuis quelques temps.
Laissant ma discrétion faire fi des salutations obligatoires, me voici de nouveau en mon sanctuaire, laissant derrière moi les discussions économiques ou politiques qui se frayent un chemin à travers les gâteaux apéritifs et arachides ornant ces horribles plateaux aux couleurs criardes. J’ai un combat tout aussi important à mener: enrayer la prohibition en incarnant Eliot Ness épaulé par son équipe d’incorruptibles. Et si je peux me lancer dans cette aventure c’est une fois de plus grâce à l’éditeur OCEAN qui nous offre ici une adaptation de qualité, celle du film réalisé par Brian De Palma en 1987 avec un casting prestigieux: Kevin Costner dans le rôle principal, Sean Connery, Andy Garcia et Robert De Niro dans celui de Al Capone. Même si j’ai réellement aimé le long-métrage il ne peut effacer la série culte en noir et blanc avec Robert Stack que j’ai souvent regardé avec ma mère.
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Le vrai Eliot Ness, Robert Stack et Kevin Costner |
Je ne vais cependant pas manquer l’occasion de me glisser en cette époque qui m'interpelle d’une certaine manière (j’ose ici glisser les termes « vie antérieure ») et c’est donc avec plaisir que je me saisis de la boîte , faisant toujours état de cette impression qualitative, avec son carton respirant la solidité, son sachet estampillé OCEAN contenant la disquette à l’étiquette blanche. Le soft reprend les scènes principales du film comme un peu toutes les adaptations de l’éditeur mais ce qui change ici c’est l’intelligence dont ont fait preuve les éditeurs en y ajoutant la patte graphique de la série donnant au jeu une aura particulière.
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Ces détails qui font le charme du jeu |
Si le premier niveau ne pose aucun soucis c’est surtout sur le second que ma mauvaise humeur s’abat (sans le groupe trouvant que « l’argent doit être amusant dans un monde d’hommes riches »). Ce dernier offre la possibilité de faire appel à toute l’équipe (mention à la digitalisation des acteurs sur la sélection du perso) et ceux que l’on surnomment « Les incorruptibles » doivent intercepter une cargaison d’alcool illicite en tirant sur les barils qui apparaissent, le tout allongé, roulant sur eux-même pour tenter d’éviter autant que possible les tirs nourris des ennemis (surtout ces petits saligauds qui nous lancent des cocktails molotov). Le point noir vient du personnage que l’on dirige, celui-ci étant assez lent la vie nous quitte plus vite que le « quickening » dans « Highlander ». Il me faudra du temps avant que je ne puisse le passer et enfin connaître le troisième niveau qui comptait par la suite parmi mes préférés. Autre différence donc par rapport aux précédentes adaptations chez OCEAN, la difficulté qui ne m’a pourtant jamais rebuté, effacée par la qualité globale du jeu tant sur les graphismes, la musique, que sur les petits détails comme par exemple les écrans intermédiaires entre chaque niveau.
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Mais roule b... roule!!!! |
Mais j’allais abandonner les incorruptibles à leur combat pour quelques temps, devant préparer mon sac en vue d’un voyage scolaire en Albion. Ainsi j’allais bientôt poser le pied sur le sol anglais, patrie de Sir Sugar, le business man sans lequel je n’écrirais pas ces lignes… Quant au jeu de OCEAN j’y reviendrais souvent par la suite, le terminant au détour de l’hiver suivant, un soir où le brouillard attiré par les faveurs de la nuit m’offrait un paysage aux allures lunaires.