lundi 10 octobre 2022

L'invité surprise - Première partie

Nous sommes en décembre 1988, le 24 plus précisément et je m’apprête, sans le savoir, à vivre le plus beau réveillon de ma vie de joueur. Au-dehors, la neige drue n’ayant cessé de tomber ces derniers jours a vêtu les paysages auvergnat d’un grand manteau blanc qui, lorsque je m’aventure au-dehors, m’arrive jusqu’au genoux. L’air est vif, les alentours magnifiques, mon odorat est captivé par le parfum du bois qui se consume, s’échappant du conduit de la  cheminée en diffusant sa chaleur au sein du salon. Dans ce dernier les préparatifs s’activent, oh rien de bien compliqué ni de fastueux, mais la table que nous disposons avec mon père se pare d’une nappe destinée uniquement aux fêtes de fin d’années. 

Allez, les heures défilent, les nuages à présent clairsemés se teintent bientôt d’encre, celle de la nuit. Mes parents et moi nous installons à la table présentant quelques huîtres (beurk) que ma mère s’est évertuée à ouvrir avec son couteau de « dur à cuire », des toasts tartinés, sans oublier le délicieux pain de seigle et son beurre salé. Derrière nous, la baie vitrée du salon donnant sur la véranda laisse filtrer les lumières multicolores que renvoient la guirlande électrique du sapin. A son pied, juste du papier cadeau d’un précédent événement recyclé pour l’occasion. L’ado que je suis a depuis longtemps délaissé les dessins et le petit verre d’alcool destinés au vieux barbu, ayant découvert que celui-ci buvait le verre, laissait le dessin sans aucun remord (le saligaud!) et se rasait tous les jours dans la salle de bain familiale! Le repas est assez court, la traditionnelle bûche arrive finalement sur la table accompagnée de deux paquets qui me sont destinés. Je mange une première portion de la pâtisserie en provenance du village voisin alors que mes yeux lorgnent non sans une certaine impatience que j’ai du mal à dissimuler, les papiers cadeaux aux couleurs criardes.

Une fois la dernière bouchée engloutie et des remerciements de rigueur, il est temps de passer à l’ouverture des paquets mystérieux. J’imagine avec un espoir prononcé qu’il s’agît des cassettes destinées à mon Amstrad CPC 464 dont je leur avais parlé au début du mois de décembre: The Last Ninja 2  de l’éditeur System 3 et une compilation,  Les géants de l’arcade  de U.S Gold, comprenant quatre jeux: Indiana Jones and the temple of doom, Road Runner (Bip Bip et le coyote ), le classique Gauntlet et Rygar.

Bip Bip!

Avec enthousiasme j’ouvre le premier paquet, essayant de conserver approximativement l’état original du papier. C’est une boîte noir qui se profile et le regard larmoyant d’un ninja au-dessus de la ville de New York. Le carton est solide, à l’intérieur la cassette noir du jeu, une notice sous forme de livret bien épais et traduit intégralement en français ainsi qu’une carte. Je suis soufflé. J’avais lu le test dans Amstrad 100%, me donnant envie de me lancer dans ce jeu l’autre raison étant qu’à cette époque j’étais plutôt fan de films de ninja en tout genre et qu’il ne m’en fallait pas plus pour être séduit par le scénario du soft. Dernier rescapé d’un clan, Armakuni part à la recherche du responsable de ce massacre, le Shogun Kunitoki qui, via un portail temporel, s’est projeté en notre ère. Avec des graphismes  monochrome, sans aucun son si ce n’est une musique à chaque intro de niveau, The Last Ninja 2 fût sans doute le jeu le plus atypique de ma collection. J’ai réellement beaucoup aimé ce dernier, j’y revenais de temps en temps par la suite.

Je devinais un peu ce qu’il y avait dans le second emballage et c’est donc avec le sourire que je découvrais la compilation évoquée un peu plus haut. Bien que les jeux n’étaient pas forcément des grands hits, excepté Gauntlet un classique du cpc, j’ai aussi beaucoup aimé cette compilation. Ainsi je revenais de temps en temps vers Rygar bien que techniquement et graphiquement parlant le soft n’était pas génial. J’ai réussi à atteindre une fois le second niveau de Indiana Jones et le temple maudit. Là aussi, l’ensemble n’était pas grandiose mais je le relançais rien que pour entendre le célèbre thème de John Williams. Je n’ai jamais compris par contre, le système de Road Runner, aussi je l’ai assez vite laissé tomber. Le meilleur de tous était ici, pour moi, Gauntlet et ses nombreux labyrinthes. J’appréciais aussi l’écran de sélection du personnage et la musique de Ben Daglish. J’étais donc plus que comblé par ce réveillon réussi en tout point et je m’apprêtais à ranger mes nouveaux jeux lorsque ma mère glissait un dernier cadeau devant moi. Imaginez un peu mon excitation en cet instant. Sous la surprise et l’empressement j’ouvrais ce dernier avec nettement moins d’attention et là… Ce fut le choc... Mais ceci sera l'objet d'un autre article.

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