mardi 1 novembre 2022

Les ninjas et le chat qui mordait les câbles

Hiver 1998. Le week-end s’annonce et m’en voilà bien ravi. Cependant, avant de rentrer en mon appartement d’alors, détour par mon magasin de jeu vidéo habituel. Les quelques kilomètres me séparant du centre ville voient défiler les lumières jaunâtres des lampadaires dans l’habitacle de ma twingo, éclipsant pendant de courts instants la luminosité bleuâtre de mon autoradio bon marché. Happé par l’heure d’hiver avançant au son de « Depeche Mode », « Nada Surf » en passant par « Red Hot Chili Peppers » entre autre, j’arrive finalement à ma première destination mais il me faut encore emprunter les rues piétonnes. Allez, vite! Les minutes s’égrènent, la fermeture n’est plus très loin. Au fil de mes pas, des ombres furtives se dessinent du coin de l’œil mais quoi de plus normal lorsque l’on va chercher un jeu qui parle des ninjas? 

Ce jeu c’est Tenchu édité par Activision. Et il est là, dans le rayon des nouveautés éclairé par des néons aux lumières crues. Pas le temps de discuter ce soir si ce n’est les politesses d’usage, le vendeur s’apprête à fermer et moi je suis fatigué. Une fois sorti, alors que derrière moi l’enseigne lumineuse de la boutique tire sa révérence pour la soirée, je retourne vers le parking d’un pas pressé, sentant sous mes doigts le film plastique de mon achat « day one ». Autour de moi les restaurants, bars, s’affairent déjà à l’aube d’un week-end promettant un surcroît d’activité, les libraires finissent de remballer les étales des livres en promotions. Ouf! Me voilà enfin chez moi, tout du moins en les lieux pour lequel je paye un loyer. A mon entrée, Opale vient à ma rencontre pour réclamer son lot de caresses, de croquettes, puis revient à « sa » fenêtre plongeant de nouveau son regard félin dans une obscurité mélangée aux lumières artificielles. A son grand désarroi, je ferme les volets et, n’en pouvant plus d’attendre, hôte le film plastique ainsi que son filigrane. Quelques secondes plus tard la Playstation s’allume, le logo Sony laisse bientôt place à celui d’un jeu inséré… L’envoûtement commence.

Une chanson: Addua, initie mon voyage vers le japon féodal puis la musique composée par Noriyuki Asakura accompagne le menu principal. Je ne suis pas prêt… non je ne suis pas prêt pour ce choc émotionnel. C’est le second avec « Castlevania: Symphony Of The Night » dont je vous parle ici. Bon sang quelle musique, non mais quelle musique!!!!! Plus tard, lorsque je terminerais le jeu, je relancerais ce dernier rien que pour réécouter la bande son. Mais pour l’heure je dois commencer mon entraînement si je veux faire honneur au Seigneur Gohda et ainsi défendre son royaume. Ensuite place au choix, Rikimaru ou Ayame? Le premier est plus introverti, la seconde plus expansive et amie  de la princesse Kiku, fille de Gohda. Chacun ont des techniques quelque peu différentes, quant à l’ombre elle change rarement de camp au sein de cet art. Je termine le jeu, découpé en plusieurs scénario, avec Rikimaru dans un premier temps puis Ayame ensuite m’évertuant à obtenir le statut de grand maître pour chaque mission. 

Le jeu est un réel bouleversement dans ma vie de joueur. Mais pour l’instant je dois manger quelque chose, déposant ma manette mauve estampillée « L’odyssée d’Abe » (obtenue dans un pack avec le jeu éponyme) sur la petite table déjà bien encombrée, je vois qu’Opale semble très intéressée par le câble de la manette. A peine le temps de lui faire une remontrance qu’elle a déjà planté ses dents dans ce dernier. Quelques remontrances en haussant le ton, la voici partie en trombe, dérapant comme dans les cartoons de Bip Bip et le coyote. Le matériel en sécurité, je peux aller préparer mon repas puis reprendre ma partie… En réalité, je ne le sais pas encore, la  manette et les ports cartes mémoires sont hors-service, les petites dents acérées de chat semblent avoir occasionné un court circuit. La console fonctionne mais plus de sauvegarde possible et plus de manette « Oddworld »!

Une carte mais plus de mémoire!

Un peu comme Rikimaru et Ayame, Opale utilisera la technique Ninjutsu pour se subtiliser à mon regard durant la soirée, cependant, la colère passée, impossible de lui en vouloir… Et puis mon vendeur de jeu vidéo sera sans aucun doute content de me revoir pour l’achat d’une nouvelle Playstation mais… « vous n’auriez pas des manettes sans fil »?

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