1989. La nuit s’apprête à prendre le pas sur la soirée, berçant de manière factice cette dernière par un jeu de faux-semblants. Mes week-ends se suivent et se ressemblent me direz vous. Peut-être, mais le temps, par un habile stratagème dont il a le secret marquera patiemment de son empreinte ces heures saturniennes.
Dans un salon bientôt vidé des ses occupants, les dernières braises de l’âtre noirci au fil des saisons hivernales s’éteindront sous peu avec pour seule témoin l’imposante télévision cathodique brusquement atteinte de cécité. Le silence va reprendre ses droits, appuyé par la vie nocturne rurale mais également les souffles et craquement d’une bâtisse aux murs illusoirement rassurants. Au-dehors démons et merveilles, peut-être inspirés par un certain Randolph Carter, verront leurs chaînes brisées sous l’égide de Dame Lune, cette égérie cendrée dont les rayons s’immiscent au travers de mes volets. Si je le souhaitais je pourrais devenir son loup-garou, un peu comme pense l’être Mary Katherine Blackwood dans le roman de Shirley Jackson « Nous avons toujours vécu au château ». C’est tout du moins ce que me suggère mon imagination, toujours plus exacerbée par l’Amstrad cpc. L'astre va me tenir une nouvelle fois compagnie alors que cette concubine volage qu’est le sommeil n’est pas encore encline à apposer sa caresse sur mon esprit.
Me voilà donc devant mon cpc 6128, toutes lumières éteintes afin de ne pas troubler les lieux. Le volume du haut-parleur est suffisamment discret évitant de réveiller la maisonnée. Avec son « ready » la machine attend impassiblement mon choix. Sur quel jeu vais-je jeter mon dévolu? Cauldron? Non, pas cette fois, bien que l’ambiance s’y prête pourtant. Prenant crainte de briser le sceau nocturne scellé par les rayons bleus (rien à voir ici avec le film de 1978), je joue maladroitement au nyctalope en explorant mes boîtes de jeux dans ce fameux carton à présent bien fatigué.
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Non on a déjà parlé de toi sur le blog! |
Et si… Mais oui! C’est peut-être la fée des dents qui me chuchote ce choix alors que maladroitement ma mâchoire heurte le coin de ce bureau multimédia accueillant il y a peu encore mon cpc 464. Tant qu’il ne s’agit pas de la créature issue du roman de Graham Joyce ou encore celle de Hellboy: les légions d’or maudites ça me va!
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C'est encore trop tôt... |
Stormlord, édité par Hewson en 1989 et réalisé par Raffæle Cecco, marquera donc cet instant propice à la rêverie. Découvert via la compilation 12 jeux fantastiques de Gremlin cette même année, j’avoue jusque-là ne pas trop avoir avancé dans l’aventure, la difficulté étant au rendez-vous. Nous y incarnons ce seigneur de l’orage dont le but sera de délivrer les fées du royaume retenues prisonnières par une vile reine.
Pour cela nous devrons trouver parfois des clefs ou divers subterfuges sous la forme d’objets afin de contourner les créatures faisant barrage. De mon avis, nous sommes sans l’ombre d’un doute en présence de l’un des plus beaux jeux de l’Amstrad cpc. La musique, les graphismes, les jingles lorsque notre regard esquisse la silhouette de certaines statues féeriques laissent peu de place à l’incertitude.
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Quand le Père-Noël fait sa crise de la quarantaine... |
Comme je l’écrivais plus tôt, le charme est cependant quelque peu rompu face à la difficulté. Néanmoins, avec un peu d’entraînement et de persévérance, en ces instants j’arrive à délivrer quelques fées à l’aide des artefacts trouvés sur le chemin. Ainsi le parapluie nous mettra à l’abri des gouttes acides alors que nous sommes assaillis par des sortes de dragons et le miel détournera l’attention des abeilles gardant jalousement la clé d’une geôle.
Il y a aussi les trampolines propulsant notre personnage au firmament afin d’atteindre les fées plus lointaines. Certains ennemis nécessiteront des dagues que nous leur enverrons en laissant le bouton feu appuyé un peu plus longtemps. Le temps, autre adversaire représenté par un cycle soleil/lune du plus bel effet, défile à toute vitesse et il n’est pas rare d’échouer alors que nous nous évertuons à éliminer les diverses menaces.
Je n’ai jamais vu la fin de Stormlord ni même atteint ne serait-ce que le niveau bonus où recueillir la tristesse des fées via leurs larmes nous permettra peut-être d’obtenir une vie supplémentaire. Une astuce existe cependant, octroyant vies infinies et choix du niveau: saisir rapidement sur l’écran titre « bringonthegirls » (source CPC POWER) mettant en lumière ce petit coquin qu’est Raffæle Cecco!
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Je suis loin du compte! |
Mais alors que la lassitude s’empare de moi face à mes échecs répétés, la fatigue, une autre amante doucereuse est également de retour. Il est donc temps d’éteindre mon cpc 6128 pour éventuellement rejoindre le royaume des songes. En cas de mauvaise rencontre éthérée, il me faudra pourtant attendre quelques années avant de comprendre que le moindre réveil peut faire office d’intercepteur de cauchemars… appuyé par la troublante présence de l’égérie cendrée.
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