samedi 24 août 2024

Le monde de Terry

 1999. Pas mal de choses sont désormais derrière moi. Les chemins de vie se font et se défont au gré de cette vie dont je ne suis qu’un simple passager comme j’aime à le répéter. Quoiqu’il en soit, me voici de retour chez mes parents avec Opale sous le bras, pour une durée indéterminée. 

Au rez-de-chaussée de ce modeste pavillon loué il y a quelques temps déjà, je bénéficie d’une pièce côté jardin. Ce dernier est mitoyen aux autres habitations du même genre mais les divers végétaux, parsemés ci et là constituent une haie illusoire, à l’abri des regards et, étonnamment, se veulent être un rempart contre le bruit que font les locomotives empruntant la voie ferrée à proximité. 

La maison est âgée mais au final l’endroit se veut plutôt calme. Ce carré de verdure, peu entretenu, ressemble à un petit jardin d’Eden où Opale trouvera de quoi se protéger d’un soleil parfois trop insistant. Lorsque la pluie s’invite, elle se veut plutôt endormie sur mon « clic-clac » essoufflé dont la teinte tabac s’est estompée au fil des déménagements. Je la retrouverai également assise sur le tabouret installé devant la fenêtre à scruter une éventuelle intrusion féline. Quant à moi, il y a de grande chance que vous me retrouviez à lire un livre issu de la collection Pocket « Dark fantasy » comme « Le héros des rêves » écrit par Brian Lumley par exemple ou bien devant ma Playstation dont les jeux s’animent au travers de ma télévision cathodique. 

Ainsi, sur la table basse juste devant moi, il n’est pas rare de voir se côtoyer des démos en provenance du Playstation magazine officiel ainsi que des jeux complets tels « Silent Hill » ou encore « G-Police ». Et en ce jour, je m’apprête à faire mes premiers pas dans le monde de Terry Pratchett, plus précisément dans celui du Disque-Monde avec « Discworld 2 » obtenu au détour d’un panier de courses et d’une promotion (environ 99frs de mémoire). A l’époque je suis très fan des jeux d’aventure de type « point’n’clic », d’ailleurs le nom des « Chevaliers de Baphomet » résonne encore en mon esprit. 

Mais avec « Discworld 2 » il va en être tout autrement. Les barrières de la logique sont rompues dans cet univers où nous incarnons ce piètre magicien qu’est Rincevent parti malgré lui à la recherche de la mort soudainement devenue amnésique. Accompagné de son fidèle bagage, le mage va ainsi devoir résoudre moult énigmes dont certaines très retorses mais quel régal! Avec la voix de Roger Carel prêtant ici sa voix à Rincevent, le jeu se transforme en film d’animation, renforcé par une musique qui finit par tisser une certaine aura en cet espace réduit que j’occupe alors.

 

Au-dehors, le ciel se veut hésitant, revêtant tantôt son manteau de grisaille, tantôt parant les lourds nuages d’une robe blanche immaculée. Définitivement, Discworld 2 semble s’extraire de la playstation pour s’emparer de cette morne journée et ainsi m’arracher un sourire tout en me faisant frissonner, pas de peur mais d’ émotions que je pensais effacées. C’est d’ailleurs le jeu qui m'incitera à plonger dans les écrits de Maître Pratchett à présent disparu, œuvre connue uniquement de nom jusqu’à présent pour ma part. Ainsi quelques jours plus tard je ferais l'acquisition du roman « Le Faucheur ».

Bien que le temps ne semble pas avoir d’emprise sur le Disque-Monde il en est tout autrement pour le mien. Ainsi, les légions de Chronos se jouent de moi, postées en embuscade au détour d’un regard sur mon radio-réveil. A regret il me faut délaisser les sombres allées d’Ankh-Morpork empreintes de magie pour affronter les énigmes bien plus terre à terre du quotidien. Opale endormie près de moi, lève la tête me jetant par la même occasion un regard interrogateur. Oui minette, l’alchimie du moment s’estompe mais pas sans avoir fait un beau pied de nez à ma dépression.


Alors que la lueur de cet autre dimanche après-midi s’éclipse discrètement, je sais que le voyage n’est pas encore terminé car il me faudra bien plus d’une journée pour finir « Discworld 2 ». Dans l’attente, appuyé par démons et merveilles, le monde nocturne des songes m’apportera peut-être quelques mots doux de la morte amoureuse.

2 commentaires:

  1. Toujours un plaisir de te lire et de partager tes souvenirs. On perçoit ta souffrance à peine dissimulée cachée derrière tes mots et tournures de phrase. J'espère qu'aujourd'hui tu te portes mieux.

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    1. Salut Jack et merci beaucoup pour ta lecture ainsi que ton commentaire:)

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