dimanche 22 octobre 2023

Fantômes et goules dansent au clair de lune

 1989. C'est l'un de ces mercredis après-midi où je recherche l'apaisement, les journées de collèges étant parfois, souvent même, assez éprouvantes. Le mercredi après-midi (tout comme le week-end) est aussi l'occasion de se défaire de l'étreinte des ombres violentes liées aux relations humaines. A demi-mot, il m'arrive d'espérer que ces dernières dansent à présent avec le diable au clair de lune comme le disait un certain Jack Napier.

Une fois revenu en ce sanctuaire qu'est ma chambre, les plaies sont pansées en me plongeant dans le regard sibyllin de mon chat Belzébuth, espérant tel Starlion que l'animal ne me quittant qu'en de rares occasions me donne "la vision par delà la vision".  Je peux donc compter sur ce vieux félin mais aussi la contrée environnante, mon Amstrad cpc 6128 quant à lui se chargera d'abreuver mon imagination.

Comme une réponse à ma silencieuse prière, une enveloppe matelassée estampillée Micromania vient d'arriver sur mon bureau. Tel un destrier dont l'armure est composée de bulles d'air, elle s'est assurée que son cavalier Arthur de Ghouls'n'Ghosts édité par U.S Gold cette même année arrive à bon port. L'éditeur d'Albion s'est fait écuyer pour Capcom dans cette adaptation du jeu d'arcade sur Amstrad cpc. Concernant cette version je sais justement à quoi m'attendre puisque j 'ai vu quelques rapides extraits sur la vidéocassette du Micromania Video Show évoqué sur ma chaîne au travers de la compilation "Les Justiciers".

 Je connais également son prédécesseur Ghosts'n'Goblins via une compilation Elite, épisode que j'avais tout de même apprécié malgré sa difficulté, rien que pour sa musique composée par David Whittaker. Timothy Follin prendra sa suite pour Ghouls'n'Ghosts. La boîte est belle, assez imposante avec son carton à l'aspect brillant et solide. Avant l'arrivée du jeu, j'avais fièrement accroché le poster issu du magazine Amstrad 100% reprenant l'illustration de la jaquette.  J'aime parfois me plonger dans ses détails comme pour mes autres posters d'ailleurs. Avec la rapidité du lecteur de disquette, mon regard n'a désormais que peu de temps pour se perdre dans la nature environnante traduite par ma fenêtre.  Déjà les premières notes composées par Timothy Follin résonnent en mes oreilles, elles restent encore gravées après toutes ces années. 

 Entamant la partie je ne peux m'empêcher de revoir des extraits de la version Sega Megadrive aperçus au détour d'une émission dédiée au jeu vidéo. Ma mémoire concernant le titre de cette émission ne manquera pas de me faire faux bond en ces lignes. Mais les premiers instants ne sont plus à l'hésitation, je sens d'ores et déjà la difficulté à portée de Joystick (mon vieil Amsoft a rendu l'âme depuis un moment). Le spectre de "Ghosts'n'Goblins" se voit en partie chassé alors que le chevalier Arthur, de nouveau en quête pour délivrer sa dulcinée, perd son armure se retrouvant ainsi en sous-vêtements. 

Le scrolling interrompu ne facilite pas les choses, mais qu'à cela ne tienne, j'entends bien persévérer au travers des cinq niveaux qui composent le jeu. Je n'en verrais jamais la fin, tout au plus arriverais-je au troisième niveau à grand-peine malgré les armes glanées au fil de ma progression. L'astuce nous invitant à sauter à gauche au tout début du premier niveau est présente mais la super armure obtenue plus loin reste identique à celle que nous portons de base et ses effets ne sont pas aussi spectaculaires que celle de la version 16 bits. Bien entendu la version cpc n'est pas la plus belle que l'on puisse trouver mais peu m'importe j'apprécie l'univers autour de mon Amstrad, j'ai en cet instant l'impression qu'il est le seul à pouvoir créer cette ambiance si particulière. 

En prise avec les créatures du second niveau, sans que je m'en aperçoive, l'obscurité a délicatement posé son manteau sur les épaules de cette journée, hésitant encore tout de même un peu entre chien et loup. Mon père vient d'arriver et, avec sa toux exagérée, me rappelle que mon sac de collège affalé contre mon bureau et bayant aux corneilles, se veut un piètre gardien des devoirs non faits. A grands regrets je quitte Sire Arthur et met hors tension mon 6128. En rangeant la disquette dans sa boîte, un sourire se dessine discrètement sur mon visage car je sais que le week-end, malgré son pas traînant sur le chemin de la semaine, ne tardera pas trop.

2 commentaires:

  1. Salut Temps Nyx, encore un super article qui nous rappelle tous notre enfance,
    Je suis d'accord avec toi sur l'ambiance Amstrad, autant j'ai eu avec plaisir la phase console 8 bits et 16 bits, puis PC par la suite, autant je n'ai jamais retrouvé cette sensation de l'amstrad,

    est-ce du au fait que c'était la première fois que j'avais un contact avec les jeux vidéos ? ou est-ce du à tout le décorum autour, le clavier, le basic, les lignes de commande ? un peu tout ça je pense mais surtout la nostalgie d'un âge d'or révolu et regretté

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    1. Salut Gino et merci beaucoup. Tes quelques lignes traduisent tout à fait le ressenti que beaucoup d'entre nous ont éprouvé avec l'Amstrad et ce qu'il y avait autour :)

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