1987. L’imagerie des programmes jeunesse s’estompe quelque peu au profit de l’Amstrad CPC 464 venant, sans crier gare, de débouler dans ma vie pré-adolescente tout juste débutée. Pourtant il n’y a pas si longtemps que ça, je revois encore le gamin que j’étais se confectionner un rayon delta à partir d’une bouteille vide d’eau minérale, se blessant légèrement au passage, maladroit qu’il est avec le plastique mal dégrossi sous le regard, sans doute exaspéré, d’une Lady Armanoïd imaginaire (il n'est cependant pas précisé si cette dernière jouait à Arkanoïd). Etait-ce peut-être dû au fait qu’il se prenait encore pour Albator grâce au cache œil trouvé au détour d’un numéro de Pif Gadget? Quoiqu'il en soit le chat de la famille, l’imposant Belzébuth, avec son pelage tigré marqué par la rudesse de l’environnement rural est ravi d’abandonner son rôle de Snarf alors qu’un apprenti Starlion imagine la lame invisible de son couteau en plastique, découpée grossièrement à la garde, s’agrandir en prononçant le nom des Cosmocats.
Ces reliques d’un récent passé sont donc remisées dans un endroit de sa mémoire pour laisser d’autres souvenirs se forger grâce à l’Amstrad cpc 464, notamment cette compilation de 4 jeux, « They Sold A million 2 » prêtée par un copain lors d’une récréation trop courte.
En ce vendredi soir, me voici sur le chemin du retour, rasséréné par la perspective de découvrir des nouveaux jeux d'autant que l'automne a jugé bon de vêtir ce futur weekend d'une grisaille décourageante. Qu'à cela ne tienne, mon regard est déjà empli de couleurs. A peine le temps de saluer les parents, croquer un morceau de chocolat au lait bon marché qu'il me tarde d'essayer ces quatre softs seulement présents pour deux jours...
Bruce Lee
Je commence avec le célèbre artiste martiale, inventeur du concept du "Jeet Kune Do". Il me semble avoir regardé l'intégralité de sa filmographie, rediffusée à l'époque sur la Cinq, mes films préférés étant "La fureur du dragon" où il affronte Chuck Norris, "La fureur de vaincre", "Opération Dragon" et malgré ses nombreux rafistolages, "Le jeu de la mort", j'entends par là les trois scènes tournées par Bruce Lee. Le réalisateur, Robert Clouse, n'hésitant pas à utiliser les images réelles des funérailles de l'acteur pour le film... sordide.
Il ne m'en fallait pas plus, en voyant ces mythiques scènes de combat aux nunchakus, pour susciter chez moi un engouement me poussant à fabriquer avec l'aide de mon père l'une de ces armes. Bien entendu, le bricolage étant chez moi comme les maths, lors d'un essai, l'une des parties du nunchaku se détacha et rencontra mon visage. La douleur fut telle que je décidais de m'orienter vers un autre but: obtenir la ceinture noire de ma robe de chambre devant les films de celui que l'on surnommait "Le petit dragon".
Mais revenons au jeu. Je dois avouer m'être retrouvé quelque peu décontenancé devant le soft au départ, m'attendant à un jeu de combat. Mais son ambiance, ses graphismes, son principe ont vite eu raison de mes appréhensions. Poursuivi par le ninja et son acolyte le sumo vert, je m'évertuais à récolter les lanternes dans les différents niveaux, pour trouver au jeu une ambiance particulière. Je ne l'ai jamais terminé et d'ailleurs, une fois la compilation restituée au copain en question, il ne m'a plus jamais été donné de recroiser le chemin du jeu.
J'ai néanmoins eu le temps d'apprécier le soft, ce dernier faisant pour moi partie de l’ADN de la machine de Sir Sugar...
Match Point
Je n’ai jamais été très fan des jeux sportifs sur Amstrad cpc, cependant Match Point était mon premier soft de tennis. Simple d’accès, sans options ou réglages compliqués, la jouabilité se voulait immédiate. Graphiquement plutôt sympa, sans fioritures, l’interception de la balle était pour moi hasardeuse. Cela ne ma pas empêché de m’amuser avec ce soft même si je n’y suis pas resté très longtemps ayant trop envie de tester la suite. De toute manière je le retrouvais quelques temps plus tard sur la compilation « La collection cpc » alors que je naviguais vers de nouveaux horizons avec le cpc 6128.
Match Day
Je garde un mauvais souvenir de Matchday. D’abord parce que je n’ai jamais aimé le foot, ensuite car le pote m’ayant prêté cette compilation est venu lors d’un samedi après-midi avec un autre copain, tous deux étant fans de ce sport. Les deux margoulins en ont profité pour squatter mon cpc 464 une bonne partie de l’après-midi, piochant allègrement dans la tablette de chocolat ouverte pour l’occasion ne m’en laissant que très peu. Bref, pour moi Match Day est un jeu de rustres en plus d’être médiocre. Oui car je m’y suis essayé quand même un peu et sa lenteur a fait que je n’y suis resté que très peu de temps préférant éviter de perdre ce dernier…
![]() |
Rhhhooo le mec, tout ça pour du chocolat! |
Knight Lore
Le meilleur restait à venir. J’avais déjà remarqué Knight Lore sur la jaquette de la compilation, avec son affiche énigmatique et son œil altéré. Pendant le chargement de la cassette, je consultais le mystérieux manuel d’utilisation, ce dernier faisant état de lycanthropie, enfin pas tout à fait puisque je compris qu’il s’agissait ici de partir à la recherche de Melkhior, un sorcier capable de défaire la malédiction dont est sujet le protagoniste de l’aventure qui se transforme réellement en loup-garou . Rien ne prouve qu’il vient de Londres, néanmoins les transformations sont fréquentes et il aura 40 jours et 40 nuits pour collecter les 14 objets nécessaires à la réussite de son entreprise.
Autant le dire tout de suite, je n’ai jamais vu la fin de Knight Lore, précurseur des jeux en 3d isométrique, surtout en si peu de temps. Je reconnais bien le style graphique d’ailleurs puisque Ultimate Play The Game en est l’éditeur et j’ai déjà un de leur soft dans ma « cpcthèque »: Gunfright. Malgré ses quelques défauts comme le ralentissement du perso lorsqu’il y a quelques éléments dans la pièce, j’ai toujours beaucoup aimé ce jeu, même si je pestais lors des transformations en loup-garou au pire moment. Pour moi il fait partie de l’esprit, de l’âme Amstrad CPC.
Je garde donc un excellent souvenir de cette compilation restituée, à contre-cœur, le lundi suivant. J’aurais aimé explorer un peu plus les labyrinthes de Knight Lore notamment même si je trouvais ce dernier bien plus dur que Head Over Heels terminé quelques temps auparavant. Dans leur ensemble, j’estime que cette série « They Sold A Million » restituait bien l’esprit cpc…
They sold a million a été ma première compil en 86. J'avais été attiré par Bruce Lee et Knight Lore. Mais Match Point a été un très bonne surprise. Par contre Match Day je ne comprends pas qu'un jeu aussi mauvais se soit vendu aussi bien, certainement poussé par l'attrait des Anglais par le foot.
RépondreSupprimerMerci pour ton article !
Merci à toi de l'avoir lu:) Totalement d'accord pour Match Day.
Supprimer