1989. L’hiver, le vrai, le dur, est bien installé recouvrant en cette nuit dominée par une pleine lune enceinte d’un soleil déjà fatigué, les champs de givre. Si le cœur vous en dit et que les prémices de l’aube ne vous font pas peur, il est possible d’entendre ces derniers chanter alors que l’astre solaire tente d’effacer cette dette nocturne glacée. Mais pour l’heure, je suis calfeutré dans ma chambre devant mon cpc 6128, plongé dans une quasi obscurité que ma lampe de bureau articulée tient en respect par son halo jaunâtre.
Je suis concentré, la boîte de la compilation « 12 jeux fantastiques » éditée par Gremlin Software ouverte, la portion de notice dédiée à « Night Raider » en évidence. Je vous l’ai déjà écrit (ou peut-être dit dans une vidéo) mais je ne suis pas très féru de simulation. Pourtant « Night Raider » m’intrigue et, je l’avoue, l’illustration de couverture mettant en scène un bombardier se détachant d’un ciel d’encre m’a attiré. Et puis il y a une ambiance particulière qui se dégage du soft. Celui-ci se déroule en pleine seconde guerre mondiale et nous met dans le cockpit d’un Grumman Avenger. Le diriger ne sera pas une mince affaire car le joueur devra occuper plusieurs postes, du pilotage à la supervision des moteurs en passant par l’artillerie. A ce titre , mention spéciale pour le manuel d’utilisation expliquant très bien le fonctionnement du jeu en présentant également les faits historiques.
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Un poste à ne surtout pas négliger. |
Je dois d’abord m’entraîner à diverses manœuvres de base, comme le décollage et l’atterrissage avant de prétendre m’envoler pour torpiller le cuirassé Bismarck. Allez, avouons le, mes débuts ne sont pas très glorieux et alors que mon appareil s’écrase une nouvelle fois lors d’un appareillage manqué mon regard est attiré vers ma fenêtre. Au-dehors, comme pour me taquiner, l’astre cendré se montre furtivement à travers un épais nuage solitaire. C’est sans doute le moment opportun pour faire une pause, en profiter pour fermer les volets et ainsi faire barrière au froid prononcé de cette nuit hivernale. Oui mais voilà, je réalise aussi que je ne suis pas seul. Sur le rebord de ma fenêtre, une souris s’est installée, profitant de la chaleur dispensée par le radiateur. Elle aussi réalise qu’elle vient d’être découverte, aux aguets, prête à déguerpir si l’humain assis à son bureau devient menaçant. En milieu rural, les rongeurs sont légions, j’y suis habitué.
Les volets attendront, je suis en plein apprentissage de pilotage, c’est du sérieux, j’ai une mission à remplir moi! Dressée sur ses pattes arrières, la souris renifle l’air ambiant, moi je reprend ma phase d’atterrissage. Graphiquement, je trouve le jeu plutôt réussi, j’aime beaucoup le poste d’ingénieur avec son tableau de bord, d’ailleurs il faut bien penser à en éteindre la lumière une fois les manipulations effectuées, sous peine de se faire repérer par l’ennemi en vol. La soirée avance et touche bientôt à sa fin, cette nuit verra l’équipage du Bismarck dormir en paix, je ne réussirais pas à atteindre ma cible. « Et toi, qu’est-ce que tu en penses? » Dis-je à l’adresse de ma compagnie de fortune… Mais cette dernière est déjà partie.
En fermant mes volets, j’adresse un dernier regard à la nuit alors que le froid cingle mon visage. Là, au détour des nuages éparses, n’est ce pas une ombre grondante qui se détache de cette lune argentée? Non, il n’y a rien mais mon imagination semble vouloir prouver le contraire. Une fois les disquettes noires et la notice rangée dans la boîte aux teintes bleutées, il est temps d’aller à la rencontre de Morphée. Alors que le sommeil me gagne, j’entends la course effrénée d’un petit rongeur dans les murs et si j’allume la lumière je suis sûr de retrouver la souris près du radiateur, mais je préfère prendre tout le repos nécessaire…. Ce week-end se passera dans un bombardier Grumman Avenger.
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