C’était un peu inéluctable, oui, ça devait bien arriver un jour. C’était en quelle année? 1981, 82 à moins que ce ne fût en 1983? Les années fuguent, ma mémoire a tendance à les suivre. Cependant, je revois ce gamin de 8 ou 9 ans (à choisir selon les années citées dans la phrase précédente), sur ce canapé au cuir élimé, martyrisé par des générations de griffes de chat passées par là. Ses mains s’amusent machinalement avec l’un de ces gadgets provenant du dernier Pif Gadget en date. Ce ne sont pas les « pois sauteurs du Mexique » qui réagissent au soleil ou encore le squelette dans lequel vous passez vos doigts pour l’affubler de jambes de chair. Peut-être ce cristal vert qui est censé s’arrêter de tourner lorsque vous positionnez la paume de votre main à quelques centimètres au-dessus ou encore cette idole Maya possédant un compartiment secret, vous permettant de cacher un petit secret? J’avoue ne plus m’en souvenir (mais je me souviens très bien des crises de nerfs de mon père sur le montage de certains gadgets) .
Derrière lui, la baie vitrée du salon prend pour acquis les promesses d’un printemps venant tout juste de montrer quelques timides signes comme par exemple l’insert de cheminée vide et nettoyé. Devant lui, l’imposante télévision cathodique, calée sur la première chaîne en ce samedi après-midi, diffuse une émission présentée par deux jumeaux au look futuriste. Ce programme, c’est « Temps X » et quelques années après c’est sous le pseudo de Temps Nyx que j’écris ces lignes, la déesse de la nuit grecque étant venue s’associer à cet espace insondable (merci Ulysse 31, puis les livres de mythologie). Inutile de faire durer un suspens dont l’allure n’est qu’un pétard mouillé, ce gamin c’est moi. Mais revenons à ce samedi après-midi. Les thèmes défilent, certains me passent au-dessus de la tête, d’autres concernant ces machines du futur appelées ordinateurs me questionnent (je ne les vois guère fonctionner avant l’an 2000, année où les voitures voleront). Il y a aussi les rubriques un peu plus fantastique au fil des émissions, avec la présentation de films, de science-fiction ou fantastique, ces derniers m’impressionnent ou m’inquiètent tout comme certains livres dont la couverture me fascine. Inconsciemment, je retiens des noms d’auteurs qui ressortiront quelques années plus tard au fil de mes lectures.
Mais pour l’heure, Igor et Grichka Bogdanoff semble s’octroyer une pause en présentant une série dont je n’ai encore jamais entendu parler: « La Quatrième Dimension ». Un écran en noir et blanc, une voix, puis un certain Rod Serling fumant sa cigarette me parle d’une dimension hors de notre espace temps, une dimension où tout peut arriver. Quelques secondes suffisent pour voir mon imagination marquée à vie… Par la suite je ne manquerais aucun épisode, enfin, au bon vouloir de la programmation audiovisuelle de l’époque. Quelques années plus tard, du haut de mes douze ans, alors que ma mère m’offre un cahier oxford à la couverture rouge et mon premier stylo plume au plastique blanc waterman (on ne s’emballe pas, du bon plastique, issu des rayons du supermarché Carrefour), je repense à Rod Serling et commence fébrilement à coucher des histoires que je trouve digne de la quatrième dimension… Ces dernières ne sortiront jamais de ce cahier et en y repensant je souris quant à ma naïveté de l’époque.
Une fois l’épisode terminé, mon imagination est partie à des années lumières. L’émission reprend mais je suis encore impressionné par la série. Au-dehors, le printemps tient ses promesses en nuançant ces dernières par de gros nuages blancs paresseux laissant leur empreinte ombragée sur les champs. Là, en cet instant, un bouleversement silencieux venait de s’opérer… Mon regard sur le ciel changea et, quelques temps plus tard, au fil des épisodes de «The Twilight Zone » si d’aventure je devais rencontrer des extra-terrestres venus en paix, je m’assurerais qu’ils ne détiennent pas un livre intitulé « Comment servir l’homme ».
Je commence juste à lire ton intro et je pensais justement à cet épisode ;). Une jolie découverte ce blog ( découvert grâce à ta chaine YT). J'ai l'impression de relire mon histoire personnelle en changeant juste par CPC 6128 pour la machine et le Rhône pour le lieu.
RépondreSupprimerSalut et merci pour ton commentaire, heureux de raviver de bons souvenirs :) A bientôt.
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