mercredi 5 octobre 2022

Le SAV de Set

L’œil de Set c’est un peu l’histoire une malédiction. En 1987 mon Amstrad cpc 464 fait mon bonheur et au détour d’une page du magazine Tilt, un encart publicitaire attire mon attention. Ubisoft promet avec les jeux suivants de contenter mon manque d’aventure et l’un d’eux en particulier suscite ma curiosité: L’œil de Set. Avec quelques efforts niveau scolaire, mon père valide l’achat du soft tant convoité mais avant d’envoyer le bon de commande accompagné de son règlement, d’un montant 150 francs à l’époque pour le format cassette (quand même!), via le coupon en bas de page, il préfère appeler le standard clients. Après quelques minutes d’attente et la réponse d’une employée blasée (qui nous laisse une impression mitigée), le coupon s’en va donc chez Ubisoft le lendemain.

L’attente me paraît interminable, je dois avouer ne plus me rappeler exactement le délais de réception mais il me semble que quinze jours s’étaient écoulés avant de recevoir l’enveloppe matelassée estampillée de l’éditeur. Allez, pas un seul instant à perdre, j’enlève la cassette de son boîtier cristal pour la charger dans le lecteur cassette du cpc puis lancer l’incantation: Run ». Le délais de chargement me laissera le temps de voir l’écran de présentation du soft, faisant état d’une jeune femme quelque peu dénudée en proie avec un vil personnage, à côté d’eux le héros de l’aventure que j’incarnerais quelques minutes plus tard. La progression se fait par choix, si on se trompe c’est la fin dans la plupart des situations.

Le piège d'Ubisoft se referme derrière moi!

A cette époque j’aime particulièrement les jeux d’aventures alors je m’accroche, je fais les mauvais choix, recommence, progresse un peu plus et arrive le moment où le soft demande de retourner la cassette. Je m’exécute et quelques instants après les ennuis commencent: Un read error apparaît… La poisse! Cette erreur, les possesseurs d’un cpc 464 la connaissent et ce n’est jamais de bon augure. Les erreurs défilent et je décide d’arrêter le lecteur, ce qui équivaut à recommencer l’aventure depuis le début..

Je prends soin de mon matériel, j’examine l’intérieur du lecteur qui me semble correcte mais effectue un petit nettoyage des têtes avec un coton tige. Après une pause, il est temps de retenter le tout avec la probabilité que la funeste erreur ne revienne… Mais je garde espoir et recommence l’aventure jusqu’à devoir retourner de nouveau la cassette pour rencontrer la même erreur. Bon, il faut se rendre à l’évidence, la cassette semble défectueuse, ce qui sous entend contacter Ubisoft et renvoyer cette dernière pour un échange. Comme prévu, mon père est agacé par la situation mais nous renvoyons la cassette. Inutile de dire que le dégoût m’envahit. Il va falloir être patient entre le retour vers le sav et l’expédition d’un nouvel exemplaire. En attendant je me rabats sur mes autres jeux et, mine de rien, je n’ai vraiment pas à me plaindre à ce niveau.

Le SAV de Ubisoft me rapporte ma cassette...

Les jours passent, j’en oublie presque L’œil de set mais en rentrant à la maison après une journée de collège, une nouvelle enveloppe matelassée avec le tampon d’Ubisoft trône sur mon bureau. Fébrilement, j’ouvre le paquet et sort… une nouvelle cassette. A l’intérieur rien d’autre, pas un mot, pas une carte signée des frères Guillemot avec « bisous » dessus et surtout aucune excuse, bref le minimum. En cet instant mon avis sur Ubisoft en prend un coup. Je ne me laisse pas abattre et après avoir réglé le compte aux devoirs du jour, je me relance dans les labyrinthes. J’arrive dans les rivières souterraines et le moment de retourner la cassette arrive. Je suis confiant, avec un exemplaire neuf, aucun problème! Sauf que ma naïveté est balayée d’un revers de read error… Inutile de dire ce que je ressens. 

Je retire la cassette, examine la bande comme si je m’attendais à ce que quelques Gremlins en sortent mais il n’en est rien. Je me pose sérieusement la question: ne m’ont-ils pas renvoyé la même cassette? Je n’ai pas le courage d’en parler à mon paternel, imaginant déjà sa réaction à l’annonce d’un nouveau problème. Je range l’Œil de Set parmi les autres jeux n’en voyant jamais la fin. Je crois bien l’avoir relancé une ou deux fois quelques temps après, histoire de voir si la face b fonctionnerait par hasard… Mais non. C’est la dernière fois que je commandais un jeu directement chez Ubisoft Je sus en cet instant que les malédictions existaient vraiment et que celle de Set venait de me toucher.

 J'ai initialement écrit ce souvenir sur le site My Gaming Story sous le pseudo October Ghost

2 commentaires:

  1. Generation Micros28 octobre 2022 à 17:08

    Alors là oui joli comme anecdote. Je ne l'avais jamais fait à l'époque et je ne peux donc pas te confirmer si c'est toutes les K7 ou non mais ça parait peu plausible.
    Le plus plausible étant effectivement qu'ils t'aient renvoyé la même K7 ^^

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    1. Merci pour ton commentaire. Oui je pense aussi que c'était la même cassette :)

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