jeudi 20 octobre 2022

La bataille des chips (il a coulé mon porte-avions!)

1989. C’est encore l’un de ces étés que ne renierait pas Vincent Perrot avec ces « 40 degrés à l’ombre ». Devinez quoi? Oui, je suis encore calfeutré dans ma chambre, volets fermés et comme chaque été nous ne partirons pas en vacances. Pour moi, ce n’est pas très grave d’autant que quelques fois, que ce soit du côté de mon père ou de celui de ma mère, de la famille vient passer quelques jours en notre maison. C’est l’occasion pour moi de bouger un peu et, par exemple, d’aller visiter des châteaux comme celui de Veauce avec le fantôme de Lucie. 

C’est alors une caractéristique d’habiter dans le centre de la France, pour la famille dispersée aux quatre coins du pays, notre maison est un peu considérée comme un point de passage, une étape avant de reprendre la route. Une remarque de ma marraine me fera alors sourire à l’époque: « Lorsque je viens ici, j’ai l’impression d’être au bout du monde ». Alors âgé de 15 ans, je suis assez d’accord avec sa phrase, excepté que moi j’y vis en permanence et j’ai réellement l’impression que les lieux font partie de moi, que ces derniers m’ont acceptés et me transmettent leur énergie, pansent mes plaies. 

Mais revenons à ce jour d'été 1989, je suis devant mon Amstrad CPC 464 avec une compilation éditée par Elite dont le titre m’échappe, ma mémoire me jouant des tours sur ce point. Cependant je me souviens d’un jeu en particulier au sein de celle-ci: Battle Ships. Là, dans la pénombre, sous les regards des posters de Rocky Balboa, Batman ou encore Operation Wolf, je m’évertue à couler les navires adverses contrôlés par le cpc. Tout du moins jusqu’à ce que mon père passe la tête par l’entrebâillement de ma porte pour me demander ce que je fais.

Il a coulé mon porte-avions (référence de vieux).

Clairement mon paternel n’est absolument pas intéressé par le jeu vidéo et considère l’utilisation de mon 464 à cette fin comme un pur gâchis. Pourtant, en quelques instants, le fait de reconnaître la bonne vieille bataille navale qu’il a connu via papier et crayon l’interpelle. Ça tombe bien car le soft propose un mode deux joueurs. D’ailleurs, je me souviens qu’étant petit, il m’avait initié à ce jeu vieux comme le monde sur une feuille à petit carreaux, sans doute sortie d’un cahier défraîchi qu’il avait l’habitude de conserver en son bureau aux tiroirs bringuebalants. 

Un peu réticent à l’idée de jouer à un jeu vidéo, la température caniculaire incompatible avec son état de santé termine de le convaincre. Allez c’est parti! Je lui explique les quelques rudiments nécessaire pour placer ses navires et je sors de la chambre afin de ne pas voir leur emplacement. Arrive mon tour, mon père sort mais quelques secondes plus tard il me semble apercevoir un regard indiscret derrière mon dos. Je crois qu’il a triché sur ce coup là! En réalité, en cet instant peu m’importait, content de voir mon père s’amuser pour la première fois à un jeu vidéo. Inutile de présenter en détails le principe mais lorsque la phase action du jeu se mettait en place lors des tirs d’artilleries j’avais l’impression de voir des céréales « Miel pops » voler dans les airs et la carte me faisait penser à un paquet de pâtes Lustucru!

Il y a quelques années de cela j’ai fait découvrir ce jeu à ma fille et nous y jouons ensemble de temps en temps (c’est moi qui fait semblant de tricher désormais, juste pour la taquiner), me rappelant cet été 1989 où nous jouions avec mon père à « Battle Ships » sur Amstrad cpc.

 

J'ai écrit une version de ce souvenir à l'origine sur My Gaming Story sous le pseudo October Ghost.

2 commentaires:

  1. Il était excellent ce jeu. La bataille navale bien représentée. Et les phases où on voit les résultats des tirs (je n'avais jamais pensé au comparatif avec les miel pops mais c'est ça 😄) bien sympas et ca faisait monter la tension !

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    1. Merci pour ton commentaire :) Oui j'aimais bien ces phases aussi.

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