vendredi 21 octobre 2022

Batman et le magnétoscope - Première partie

Janvier 1990. A cœur ouvert, l’hiver se dévoile en recouvrant le paysage Bourbonnais d’une épaisse cape neigeuse que même les rayons d’un soleil timide ne parviennent pas à faire fondre. Peut-être irais-je faire quelques pas, avançant difficilement avec cette neige m’arrivant jusqu’au genoux, accompagné du chien de la famille digne héritier de ses prédécesseurs qui ont laissé leur empreinte dans notre vie. Mais pas tout de suite, non, car en ce matin, les vacances scolaires sont encore les reines de cette semaine qui ne tarderont pas à laisser le milieu scolaire réclamer son dû. 

Emmitouflé dans ma robe de chambre autant usée par les années que par les brumes d’un lourd sommeil, je contemple les environs au travers de la baie vitrée qui sépare le salon de la véranda. Comme tous les ans, à la même période, un imposant oiseau blanc ressemblant à une buse vient se poser sur l’un des piquets maintenant la clôture, rempart de fortune, entre le jardin et le vaste champ en face de la maison. Je reste là un bon moment, à l’observer mais bientôt mon odorat me renvoie le parfum d’un chocolat chaud accompagné par ses tartines badigeonnées de beurre doux et confitures (souvent aux fruits rouges). Les mains dans les poches trouées de ma robe de chambre, un peu débraillé, c’est en baillant que je me dirige vers la table basse du salon, savates traînantes sur la moquette passée.

En l’insert de la cheminée, ma mère vient de déposer une imposante bûche, offrande au dieu du feu qui ainsi rassasié nous réchauffera de sa présence pendant encore quelques heures. Elle s’en ira ensuite, s’affairant dans la maison. Mais moi, j’ai autre chose à faire et c’est du sérieux! Assis devant cette petite table (de mauvais goût) dont les pieds reprennent la forme de pieds de vignes, le parfum du chocolat revient me hanter. Une tartine dans la main gauche, c’est ma main droite qui s’occupe de saisir la télécommande à l’allure un peu « luxe high tech » du magnétoscope deux têtes. Oui, il y a peu mon père nous a offert pour noël ce qu’il considère comme un petit bijoux, un magnétoscope dont la télécommande est équipée d’un menu vocal! Vêtu de noir, plutôt fin, l’appareil est posé juste à côté de l’imposante télévision cathodique et se verra affublé du décodeur Canal +. De mémoire, il s’agit encore de celui où les codes doivent être saisis tous les mois mais j’ai un doute car je me souviens également de son remplaçant avec une clé. Autre petite révolution, mon paternel a également fait l’acquisition d’un petit boîtier qui fera « by pass » entre le décodeur, le magnétoscope et la télévision qui ne détient qu’une seule entrée péritel. Il y a même un bouton pour switcher facilement, enfin bref, j’avoue ne plus trop me souvenir du fonctionnement mais il y avait une bricole à faire pour pouvoir enregistrer Canal. 

A l’évocation du magnétoscope, un léger sourire se dessine sur mon visage. En effet, je me souviens encore de la voix féminine quelque peu robotique lors de la programmation (fastidieuse) des enregistrements ou du lancement de la lecture. D’autant qu’il était pour moi hors de question de rater l’enregistrement du film passé très récemment, j’ai nommé l’œuvre culte (pour ma part en tout cas) du premier Batman réalisé par Tim Burton avec Michæl Keaton dans le rôle titre et Jack Nicholson dans celui du Joker, Némésis de l’homme Chauve-souris. A l’annonce de sa diffusion sur la chaîne cryptée, tout un processus s’était mis en place, du choix de la cassette (souvent de marque « Scotch » chez nous) au choix de l’heure d’enregistrement selon la date de la rediffusion en VO. Oui, parce qu’en 1989, lorsque le film sort sur grand écran, je n’ai pas la chance de le voir, assistant à la déferlante « Batmania » depuis la maison via l’émission de Patrice Drevet « Drevet vend la mèche » alors diffusée sur FR3. Combien ai-je envié cette foule de badauds se pressant devant les véhicules promotionnels pour obtenir casquettes et T-shirt avec le célèbre batlogo!!!

Mais ma revanche arrive...cependant ceci sera conté dans l'article suivant...

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