mardi 27 septembre 2022

La maison d'Ogeron ou la barrière de la langue

1987. Les courses, de nos jours c’est la plaie et ça l’a toujours été je pense. Aussi lorsque mes parents m’annonçaient une virée à destination de « Rond Point » (qui deviendra « Carrefour » plus tard) c’était la grimace assurée mais lorsque « Mammouth » survenait dans la phrase, j’avais une petite lumière dans le coin des yeux. Parce qu’en plus « d’écraser les prix », le mammifère détenait en ses entrailles, juste à la sortie des caisses, un centre multimédia et avec un peu de persuasion… parfois… un petit tour n’était pas exclu! 

Ce jour là j’étais chanceux, ma mère me promettait de faire un saut dans la caverne d’Ali Baba. C’est donc beaucoup plus enthousiaste que je montais dans la Totyota, direction Moulins soit trente kilomètres (mais vous commencez à le savoir si vous avez lu mes précédents articles) simplement pour l’aller. Après avoir fait tous les rayons cités dans la liste de courses, les sacs plastiques blancs (encore distribués à l’époque) à l’effigie du pachyderme s’entassent dans le caddie aux poignées oranges/rouges mais mon regard n’a de cesse de dévier vers mon Graal. 

Le moment tant attendu arrive mais inutile de se rapprocher des grosses productions qui me font rêver, si j’espère obtenir un petit quelque chose ça sera dans le rayon budget rimant bien souvent avec Mastertronic. Ayant eu mon cpc 464 depuis peu, je suis encore naïf et fais confiance à la seule jaquette. L’imposant vendeur est toujours là, fidèle au poste, et il semble avoir encore une fois laissé son sourire à la maison. Pire, son regard me suit au cas ou je déciderais de partir en courant, un titre budget à la main, m’accrochant au chariot rempli de course stationné à l’entrée des portillons. Avec le recule je me demande ce qu’il pensait réellement: A – Encore ce gamin? Quelle chance il a!  B – Oh non encore lui, sale gosse! Sous la pression mais surtout parce que je ne connais aucun des jeux qui se présentent à moi, mon choix se porte sur Kentilla de Mastertronic. Ma mère règle l’achat en sortant il me semble l’entendre marmonner «Quel manque d’amabilité! ». Nous sommes d’accord. 

Sur le chemin du retour, je suis un peu circonspect sur mon choix, à vrai dire il y a peu d’indications sur le soft. Qu’à cela ne tienne, je ne suis pas à l’abri d’une bonne surprise… ou d’une mauvaise! Les courses rangées, le coca bien au frais, les chamallows dans le placard, il est temps de tester Kentilla. Je suis de plus en plus intrigué, l’écran de chargement accentuant ce sentiment. Le chargement terminé, me voici face à une maison et… mon premier jeu d’aventure texte… tout en anglais. Mon niveau concernant la langue n’en est qu’à ses balbutiements, mon avancée va s’avérer quelque peu compliqué même avec mon dictionnaire. Qui plus est je ne connais rien du scénario, quel est-il? Je ne le sais pas à cette époque mais il s’agit en réalité de la suite d’un autre jeu du même auteur.

J’utilise les points cardinaux pour me déplacer, tente quelques actions sans succès, bref… ce n’est pas la joie, c’est frustrant. Les graphismes sont plutôt simples, aucune musique, pas de son, pas vraiment ce que je m’imaginais. C’est là que l’imagination rentre pourtant en action justement, d’autant plus avec ce genre de jeu. Mais l’interface n’aide pas, j’abandonne assez vite. Au cours du dîner ma mère me demande comment est ce nouveau jeu? « Pas mal mais c’est en anglais alors..», « Ah… » me répond-elle.  Je réessaierais le jeu dans la soirée mais sans plus de succès. Je ne suis pas très adepte de faire des plans et malgré quelques notes prises, je ne parviens pas à avancer. Kentilla restera au fond de la boîte carton bricolée pour accueillir mes cassettes. J’y reviendrais très peu, voir plus du tout, par la suite. Mais en me remémorant l’écran de chargement et son mystérieux personnage dans les marais, je me dis que la jaquette n’a pas peut-être pas respecté l’idée de l’auteur du jeu. Et puis il aurait été judicieux de la part de l’éditeur de préciser cette information.

Je conserve néanmoins un petit souvenir de cette production Mastertronic, un format d’aventure que l’on rencontre souvent à cette époque.

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