dimanche 25 mai 2025

Demain les rats

 En 1979 j’ai cinq ans et à cette date  paraît « Le repaire des rats » (" Lair " pour son titre original)  de James Herbert auteur de « Les rats » (" The Rats " en Albion) sorti en 1974, roman dont je vous parlais déjà ici. Cinq ans après, l’auteur britannique remet le couvert avec cette suite où les rongeurs mutants refont surface malgré leur supposée éradication dans le premier volet. Harris, protagoniste du premier roman cédera ici place à Lucas Pender employé d’une société de dératisation qui, sans trop essayer de trahir l’intrigue, à quelque passif avec les bêtes qu’il affronte.

Les rues de Londres semblent désormais tranquilles, se remettant péniblement du traumatisme vécu suite à l’invasion des rats quatre ans auparavant. Cette fois-ci, les évènements se dérouleront au cœur de la forêt d’Epping située au sud-est de l’Angleterre, un district qui englobe également quelques villages. Les signes sont timides, un agriculteur va relever des traces d’infractions aux alentours, le cheval d’un cavalier va paniquer en pleine ballade alors que des buissons s’agitent et surtout une éducatrice d’un centre de la forêt, Jenny, va apercevoir l’un des rongeurs lors d'une visite scolaire. La preuve définitive survient lorsque Pender et la jeune femme découvrent les restes d’une famille d’Hermine victime d’une attaque violente. 

James Herbert (1943 - 2013)

A partir de là, alors que les pouvoirs en place refusent de voir l’évidence, tout bascule et… je vais m’arrêter avant de trop en dire! Avec cette suite, l’écrivain britannique étoffe sa saga si je puis dire. Les attaques s'offrent quelques détails un peu plus « sanglants », les rapports humains de… toutes sortes allons nous dire, prennent également place. J’ai l’impression d’avoir retrouvé certains éléments qui deviendront, à mes yeux de lecteurs, les travers de son roman « Sanctuaire ». Rien de rédhibitoire cependant, le roman est très agréable à lire, l’action y est  lisible, sans lourdeur, ce qui n’est pas un exercice aisé à mon sens. Lors de mes recherches concernant les autres œuvres du romancier j'ai été surpris de découvrir hormis une adaptation ratée du premier roman, sa transposition en jeu vidéo sur Commodore 64 et Spectrum en 1985 sous forme d'aventure texte. L' Amstrad cpc n'en a pas bénéficié. Je n'ai pas essayé le soft, je ne peux donc m'avancer sur sa qualité. Un jour peut-être, si la patience se fait compagne, me lancerai-je dans cette aventure horrifique. 

Source: Mobygames.com

Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup apprécié « Le repaire des rats » qui fait partie des romans fer de lance de la défunte collection Pocket Terreur pour laquelle j’ai une affection particulière, collection dirigée par Patrice Duvic en son époque. L’histoire de ces rongeurs mutants m’ont poussé un peu plus vers la documentation quant aux différentes espèces côtoyant, dans l’ombre et parfois la lumière, l’être humain. Leurs habitudes, mode de vie qui s’adapte aux aléas des activités humaines m’ont fait prendre conscience qu’au même titre que les insectes, les rats nous survivront (sans Jean-Pierre François). Dans un futur à l'échéance inconnue, demain les rats. Ah, Miss P. m'indique qu'elle souhaite, comme à son habitude, clore cet article lecture.

C'est "ratversant"!
 

lundi 12 mai 2025

Xeno

 1988. Il vient de faire gros temps, en témoigne cette permanence rétinienne liée à certains éclairs qui viennent de strier ce paisible ciel d’Auvergne. Bien entendu, en ces instants tumultueux, hors de question de mettre sous tension mon Amstrad cpc 464 et ainsi prendre le risque de perdre ce précieux compagnon de jeu. Quelque part, dans certaines parties des mines de la Moria, Golum approuve ce choix. 

Mais cet enfant turbulent qu’est l’orage cessera bientôt ses caprices, peut-être conseillé par le soldat Trantor perdu au cœur de cette planète hostile. Là, se frayant un chemin au travers de cette noirceur ambiante, quelques rayons solaires, de ceux qui réchauffent les os et l’âme viendront réclamer leur part de royaume dans cette vaste étendue qu’est le ciel retrouvant ses teintes d’azur au fur et à mesure.

Mon regard d’ado plongé dans le numéro d’Amstrad Cent Pour Cent du moment se tournera bientôt vers le cpc, trouvant en cette percée lumineuse le signe qu’il attendait pour retrouver quelque compilation en dormance dans ce fameux carton au trésor. Les Goonies n’ont qu’à bien se tenir même si cette fois-ci « Amstrad Gold Hits 2 » ne sera pas de la partie. Non, la compil’ « Dix Sur Dix » lui volera la vedette et c’est sur le jeu « Xeno » édité par A&F Software en 1986 que se portera mon dévolu.

Rien à voir avec la guerrière...

Les instants suivants verront défiler les blocks sur le moniteur du cpc 464. Allez, le jeu est enfin chargé, il est temps de se lancer dans un match s’apparentant à un hockey sur glace futuriste. Au cours d’un match dont il est possible de modifier certains paramètres comme le temps de chaque session ou encore la véhémence de la machine qui sera notre adversaire en cas de jeu solo, le but sera de faire glisser la balle dans les buts opposés. Le manuel d’utilisation de la compilation va à l’essentiel: le propos du jeu, les commandes mais toute la partie scénaristique a été occultée, scénario que j’ai découvert des années plus tard via le manuel d’utilisation sur CPC Power.

L’action se déroule sur Io (désigné comme une planète mais s’apparentant peut-être plus au satellite naturel de Jupiter) où un ouvrier d’une colonie minière en place répondant au nom de Xeno a accidentellement poussé un bloc de gaz entre deux piliers de métal enfoncé dans le sol. De cette action fortuite est né ce jeu futuriste héritant du nom de la colonie. Les règles de ce dernier ont depuis changées, plus sécurisées dans le sens où  ce premier projectible instable a été remplacé par un disque et surtout il est possible désormais d’y jouer depuis un micro ordinateur! Graphiquement parlant le jeu est agréable avec sa couleur bleue dominante et présente une vue d’ensemble du terrain. Il n’y a aucune musique, seuls quelques sons comme le bruit du projectile touché par notre soucoupe, jingle d’interruption ou encore acclamation du publique intergalactique se feront entendre. L’action est également fluide, l’enchaînement des échanges entre les deux adversaires peuvent être assez intense selon les réglages choisis via le menu principal.

Si le jeu est sympathique dans l’ensemble c’est avec sa possibilité de jouer à deux qu’il prendra toute sa dimension, chose que je n’ai jamais pu expérimenter. J’avoue n’avoir jamais passé beaucoup de temps sur Xeno ce qui ne m’a pas empêché de saluer sa simplicité me permettant d’y jouer afin de briser parfois la routine des blockbusters. A n’en point douter, il fait partie de ces softs qui ont apporté un petit plus, tout comme la compilation « Dix Sur Dix » (command performance en Albion) qui avait pour elle de proposer des softs qui se « méritaient », dans le sens où ces derniers nécessitaient un temps d’adaptation afin de les savourer pleinement. Je pense notamment à « Mercenary », « Cholo » ou encore « The Armageddon Man » récemment évoqué. 

Mais alors que cette après-midi touche à sa fin, ma défaite face à mon adversaire dans Xeno m’extirpera de mon cpc 464 afin de profiter du parfum de pétrichor qui a fait main basse sur les environs. Ces baskets au blanc douteux mises à la hâte, me permettront de fouler le sol humide afin d’atteindre cet imposant chêne. Là, mes yeux captureront l’astre solaire bientôt subtilisé par le royaume des morts qu’est cet horizon ouest.

mercredi 7 mai 2025

Bowie

 Il s’appelait Bowie et il était un chat libre. Cela faisait un moment qu’il traînait, placidement mais avec assurance, dans mon quartier. Son imposante silhouette avait fait de lui le maître des lieux, mais son cœur restait sauvage et il me fallut de la patience avant de l’approcher dans le sens où si il venait à l’affût de quelque nourriture, son instinct avait tendance à fuir les hommes. 

Au fil du temps, il s’est pourtant laissé apprivoiser trouvant finalement une timide place en « mes » murs. Cependant, hors de question pour lui de se laisser capturer afin de faire un saut chez le vétérinaire, ce « guerrier de la nuit » avait sa fierté qui lui valurent un œil mordoré (d'où l'origine de son nom) puis une oreille de guingois sans compter les nombreuses cicatrices qu’un Khajiit de l’univers « The Elder Scrolls » n’aurait pas reniées. Mais la fierté ainsi que le courage ont leurs limites et grâce à une association féline locale, Bowie surnommé affectueusement Rouquin s’est fait capturer pour être stérilisé… un test plus tard, j’apprenais qu’un ennemi, invisible et sans merci, s’apprêtait à le terrasser: le FIV ou plus simplement le sida du chat qui détruit les défenses immunitaires et laisse porte ouverte aux infections sans laisser à l’organisme la possibilité de se défendre. 

La présence du virus était indéniable, son échéance incertaine mais le temps a décidé d’accélérer son implacable course et m’arracher Bowie, décédé ce jour en mes bras, suite à un sévère dysfonctionnement rénal. Cet adversaire invisible, sans pitié, m’a forcé à prendre la décision de mettre fin aux jours de Bowie chez le vétérinaire, paisiblement, avant que sa souffrance ne soit trop insupportable… tout du moins c’est ce que ma conscience m’a dicté appuyé par le praticien même si j’avais l’intuition que la douleur, aussi discrète était-elle, devait être insupportable. 

Bowie, désormais mes articles musicaux sans tes interventions vont paraître d’une fadeur et tristesse sans nom mais par-dessus  tout… tu laisses une plaie béante en ma vie.

Jones et Ripley

 "Et toi sale petit rouquin, tu restes ici"

Ellen Ripley dans Aliens

jeudi 1 mai 2025

Eddy et la créature

 1982.  Le souvenir est un peu flou néanmoins La tension est palpable et pour cause. Du haut de mes 8 ans j’ai la fâcheuse impression, en cette fin d’après-midi de ce mardi, que les courses au cœur du supermarché Rond Point  (devenu Carrefour par la suite) s’éternisent. L’heure tourne, une légère angoisse prenant la forme d’une question s’est emparée de moi: En restera-t-il pour nous? 

Je veux bien entendu parler de ce légendaire numéro spécial du programme Télé 7 jours contenant une paire de lunette en carton avec ses verres en plastique rouge et vert qui nous permettront de regarder le film de Jack Arnold en relief: « La créature du lac noir » (1954) dans l’émission « La dernière séance ». Enfin, c’est ce que nous promet la couverture.

Vestiges d'un passé

Allez plus de temps à perdre, le chariot chargé des achats réglés nous voici en direction du point presse où, en 1989, j’achèterais la réédition de « Batman: Year One » sous forme d’épisodes lors de la sortie du Batman de Tim Burton. Ouf, il est là, pas le saint Graal mais presque à mes yeux. Une fois le précieux ouvrage acquis retour à la maison pour préparer cette soirée qui sera de toute façon mémorable quoiqu’il arrive.

Sur le chemin, calé dans la banquette arrière d’une Lada s’apprêtant à tirer sa révérence, je suis littéralement absorbé par les quelques pages dédiées au long-métrage. Il s’agit de mon premier film réalisé par Jack Arnold, par la suite « Tarantula » deviendra culte à mes yeux, toujours diffusé au sein de l’émission présentée par Eddy Mitchell. Le temps passe (entraîne la mémoire comme le chantait Silmarils) œuvrant sur l’excitation de ce gamin qui n’en peut plus d’attendre. Cependant ce flottement temporel fait pour moi partie intégrante de ces précieux instants, ces précieux souvenirs.

L’heure du dénouement arrive, ne tenant pas en place sur le canapé à la gloire passée je préfère regarder le film à même la moquette noircie ci et là par quelques braises véhémentes échappées de l’âtre lors des soirées d’hiver. Je retiens mon souffle alors que le chanteur présente le film, AH voici le logo d’Universal! L’utilisation des lunettes est encore précoce, je préfère attendre, laissant mes parents à tour de rôle s’en équiper. Au final, je crois bien que le long-métrage m’intéresse plus que le procédé. Pourtant, ma mère m’invite à les utiliser lors de certaines scènes. Hmmmm, on ne peut pas dire qu’il y ait un grand changement mais je remarque tout de même quelques petits effets de profondeur ci et là.

Moi, après avoir enlevé les lunettes...

Au diable (dans la mare) les lunettes! Je veux pleinement suivre les péripéties de cette équipe scientifique en prise avec cette mystérieuse créature! Je suis réellement saisi par l’aspect du « monstre » qui est à mon sens convaincant. La soirée touche à sa fin. Mes parents semblent dubitatifs, face au programme, face à la technique… Quant à moi, alors que le sommeil espère bien me rattraper, me voici toujours étreint par l’effervescence de cette merveilleuse soirée.