1998. Il y a là cette petite pièce peinte dans un vert au ton pastel. Je viens de débarquer à nouveau chez mes parents avec cette fois-ci une chatte sous le bras, Opale. Les chemins de vie se font et se défont, il est en ainsi, me voilà donc de retour à la case départ avec tout au plus un sac de voyage, un vieux pc, une Playstation, quelques films et d'ici peu l'album "Reload" du groupe Metallica.
Il me semble inutile ici de présenter James Hetfield et ses comparses dont la basse a changé de visage au fil du temps. Je dois avouer qu’avant cet album je n’avais pas prêté guère plus d’attention à la discographie du groupe hormis quelques classiques incontournables. Pourtant, au détour d’une sombre virée sous cette pleine lune qui veille sur ma conduite tel un ange gardien, la lumière bleu spectrale de mon auto-radio bon marché va éclairer un visage surpris par ce qu’il est en train d’écouter à la radio: « The Unforgiven II ». Les paroles de la chanson agisse tel un cocktail alchimique sévère, pénétrant instantanément mon système sanguin et ayant une fâcheuse tendance à laisser mon pied droit abuser de l’accélérateur. Heureusement pour moi, la nationale alors empruntée se veut plutôt déserte en cette heure tardive, néanmoins une mauvaise rencontre tel le véhicule de fêtards alcoolisés revenant tout juste de boîte de nuit n’est pas à exclure… mais ma conscience n’a cure de ce potentiel danger, tout ce qu’elle veut c’est écouter « The Unforgiven II » jusqu’à plus soif pour lui faire oublier ce qui l’entoure, pour oublier la douleur. Rien à foutre de ces connards tout juste bon à sortir leur queue pour pisser face à la déesse de la nuit et sa beauté tels des incultes.
C’est décidé, bien que la semaine de travail en devenir ne me laissera que peu de temps afin de faire un saut chez le disquaire local, samedi prochain sera mon « reload’s day ». Il me faut cet album, en un morceau et quelques paroles je semble être devenu accroc. Dans l’attente, alors que je roule sans but jusqu’à la prochaine ville où certaines silhouettes féminines exhiberont leur lassitude aux yeux d'un homme à la mine patibulaire sous les lumières jaunâtres de lampadaires impassible, il me faudra alors faire demi-tour en espérant que la chanson soit rediffusée ce qui ne sera pas le cas.
Quelques instants plus tard, c’est avec les plus grandes précautions que j’entre dans la petite impasse où se trouve le modeste pavillon. J’entends par là que la musique assourdissante qui émanait de l’autoradio il y a peu s’évapore brutalement, contrairement aux échos de « The Unforgiven II » qui tel un puissant alcool se sont emparé d’une âme à l’élan artistique malmenée ces derniers temps. Alors que le moteur de ma voiture émet ses derniers ronronnements, je prends soin de ne pas claquer ma portière trop brutalement évitant ainsi de réveiller le voisinage essentiellement composé de personnes âgés et gendarmes car à quelques mètres de là se tient une caserne.
La lumière crue du lampadaire, roi silencieux d'un parterre envahi par des herbes folles, s’immisce au travers d'une vitre opaque celle de la porte d’entrée au bois fatigué, me permettant de déceler un léger mouvement en son contrebas. Il s’agit d’Opale qui m’attend de pied ferme proférant à mon encontre un petit miaulement lourd de reproche du type « t’étais où ». Après quelques caresses et mots de réconforts chuchotés à l’encontre de mon âme sœur féline, il est temps pour moi de saluer sous conditions Morphée, conditions qui se veulent être quelques pages du bouquin en court niché au cœur de ma pile à lire.
The door is closed so are you eyes…
The Unforgiven II
Cette nouvelle semaine étreinte par 39 heures de travail ,et souvent plus si affinité, se termine. Ce jour saturnien me voit arpenter le centre-ville en direction du petit disquaire qui rendra les armes quelques temps plus tard. La visite est courte, à la sortie mes mains sentent le blister de l’album tant convoité. Retour à la case départ pour une écoute complète du disque. Me voici donc de nouveau dans cette pièce verte, assis sur ce tabouret de bar vestige de notre maison auvergnate, tout près de la fenêtre. Je me retiens pour ne pas aller directement à « The Unforgiven II » mais je veux absolument écouter les pistes dans l’ordre.
Si "Fuel" me donne envie d’appuyer sur l’accélérateur, la voix de Marianne Faithfull, décédée il y a peu, attire mon attention. Je repasse bientôt avec émotion sur « The Unforgiven II » mais je n’étais pas au bout de mes surprises avec un autre morceau qui me prendra aux tripes « Low Man’s Lyric » que je réécouterais peut-être autant voir plus que « The Unforgiven II » (toi aussi joue au jeu qui consiste à compter le nombre de fois où j’ai cité cette chanson!). Quelques autres morceaux tels que "Carpe Diem Baby", la batterie de Lars Ulrich sur"Where the wild things are" et "Fixxer" ne manqueront pas de m'interpeller.
Can you heal what father's done?
Or fix this hole in a mother's son?
Can you heal the broken worlds within?
Can you strip away so we may start again?
.../...
To fall in love with life again
Fixxxer
Alors que l’après-midi s’empreint bientôt d’une aura crépusculaire, « Reload » m’a donné l’envie d’entamer une nouvelle virée, à rouler jusqu’à plus soif en compagnie de Nyx et, au gré de ses humeurs cycliques, Séléné la surfeuse cendrée. C’était sans compter cette amante insatiable qu’est la solitude…
Mais que serait cet article sans l'avis de Bowie mon intervenant musical:
![]() | ||
Encore avec ta musique dark toi! |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire