1987. C’est l’un de ses matins d’automne où les arbres se préparent à essaimer leurs feuilles laissant ainsi Dame Nature revêtir sa robe aux teintes mordorées. Le jour de Mercure voit mon père brusquement de très bonne humeur, ce dernier est d’ailleurs bien décidé à m’emmener jusqu’à l’enseigne Majuscule où nous avons fait l’acquisition de mon Amstrad cpc 464.
Je ne vais certainement pas me plaindre de cette soudaine opportunité qui me permettra, peut-être, d’obtenir un nouveau jeu! Cependant, sur le chemin, la phrase énigmatique lancée à la volée par mon paternel effleure mon sixième sens (non, Bruce Willis n’est pas dans la voiture et ne le sera pas non plus en 1999): « J’ai peut-être un autre bon plan concernant les cassettes destinés à ton micro-ordinateur ».
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Vois-tu des Amstrad cpc mon petit? |
Le paysage Bourbonnais défile et bien que ces mots résonnent encore en mon esprit, les champs s’accaparent bientôt mon imagination. Si l’architecture de ce centre-ville m’échappe désormais, prisonnière du temps qui passe et d’une mémoire quelque peu érodée, je me souviens encore nettement de la tour Jacquemart ainsi que de la brasserie dans lequel mon père m’emmenait déjeuner parfois. Mais là n’est pas notre destination
La voiture stationnée, nos pas se perdent au fil des rues, des visages inconnus se croisent au gré des chemins de vie et bientôt je le vois, ce « fameux bon plan ». Malgré mes protestations à peine entendues, voir pas du tout en réalité, je me prépare à être gêné. Comme je l’ai prévu rien qu’en voyant l’enseigne du vidéoclub, le gérant des lieux nous regardent avec des grands yeux répondant à peine poliment à mon père lorsque celui-ci lui demande où sont les cassettes pour Amstrad cpc 464. Je me souviens encore de sa chemise ouverte, de sa chaîne en or, son chewing-gum faisant des allers-retours d’une joue à l’autre ainsi que de ses cheveux poivre et sel.
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La tour Jacquemart |
A n’en pas douter l’homme fait plutôt penser à un souteneur qu’à un boutiquier. La situation n’a rien de dramatique mais se veut suffisamment embarrassante pour que mon autre moi décide d’aller faire un tour dans les méandres de la 464ème dimension. Quelques minutes plus tard, nous voici de nouveau arpentant les trottoirs, la bonne humeur en moins. Sans mot dire, maussade à mon tour, je suis mon paternel, quasiment certain que le chemin du retour nous attend.
Pourtant, c’est bien la moquette orange du magasin Majuscule que foulent bientôt mes pas. D’un geste bref, je suis invité à aller fureter dans le rayon dédié aux jeux Amstrad cpc. Une fois de plus j’ai l’impression d’être face à un coffre au trésor grand ouvert, je ne sais où donner de la tête et mon dévolu se portera finalement sur Prohibition d’Infogrames édité en 1987
Sur la route (toute la sainte journée sur un autre plan peut-être) nous menant vers notre « home sweet home », mes yeux souriants n’auront de cesse d’examiner le boîtier cristal sous toutes ses coutures (sans Charlélie). En réalité j’ai hâte d’incarner ce mercenaire qui doit mettre hors d’état de nuire les différents criminels endurcis nous visant depuis leur abri. Si vous êtes un vétéran de l’Amstrad cpc vous savez déjà de quoi je parle, un classique instantané, avec sa musique et son compte à rebours stressant.
Il me faudra pourtant attendre la fin du repas pour insérer la cassette parée de son étiquette rouge dans le lecteur du cpc 464. La première chose qui me vient à l’esprit en évoquant Prohibition c’est sa musique ainsi que son ambiance. De mémoire, j’étais parvenu à entrer dans le bureau du boss mais ma mémoire me jouant parfois des tours je ne peux l’affirmer à Cent Pour Cent.
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Le score est lui aussi prohibé! |
Je me souviens néanmoins très bien de ces petits saligauds parfois très bien cachés et ceux retenant un otage. Je reviens très peu désormais vers Prohibition, cependant j’en garde un souvenir particulier, me remémorant ce jour d’automne 1987.
Ah si on avait pu louer nos jeux dans les vidéo club... C'était possible mais bien des années plus tard avec la Super Nintendo et la Playstation (même si je pense que ce n'était pas très légal) Pour le CPC 464 une chaine HI-FI avec double lecteur-cassette suffisait à faire des copies de nos jeux. Merci pour ce nouveau souvenir mon cher "TNX". Bel été à toi et bonnes vacances si tu en as.
RépondreSupprimerSalut Jack et merci. Bel été à toi également :)
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