mercredi 3 avril 2024

Les vacances de Baphomet

 1997 – Voilà l’été comme le chantaient « Les Négresse Vertes ». Cette saison me rappelle bien entendu avant tout ces après-midi calfeutré en la pénombre de ma chambre, absorbé par les actions se déroulant sur l’écran de mon Amstrad cpc… Mais ce temps semble révolu à présent, quelque peu balayé par le revers de mon entrée dans la vie active depuis. 

En cette année 1997, l’usine dans laquelle je travaille voit ses portes fermées pour un mois entier. Outre le discret sourire qui s’affiche sur mon visage, ce temporaire arrêt est synonyme d’éloignement… Oui, pendant une poignée de semaines plus de copeaux brûlants jaillissant des machines mal sécurisées, ce maudit parfum d’huile de coupe exhalé par le métal fraîchement scindé se détachera de mes mains, la brume du bruit persistant des fraiseuses à l’œuvre cessera de vriller mes pensées. Ma voiture n'empruntera cependant pas les autoroutes embouteillées pour aller voir un pan de la famille issue du Sud mais le voyage sera de la partie sous une autre forme.

En ces premiers après-midi influencés par une certaine liberté, alors que le parking goudronné d’un magasin restitue sa rancœur sur les rares passants en faisant danser ses volutes de chaleurs sous les caprices de l’astre fier, c’est avec la Playstation de Sony que je me prépare à rentrer chez mes parents où une chambre m’est réservée. Depuis quelques temps ces derniers occupent un modeste pavillon, empreint d’une aura calme qui me rappellent l’îlot qu’était notre ancienne maison passée dans les mains de nouveaux propriétaires non sans déchirement. 

J’ai profité d’une promotion me permettant de mettre la main sur cette console dont la réputation ne cesse de grandir. Mon attirance pour elle n’est pas lié à ce retentissement publicitaire mais bel et bien à un jeu d’aventure découvert au détour d’une page du Playstation Magazine: « Les chevaliers de Baphomet » développé par Charles Cecil sous l'égide de Revolution Software.

Allez il est temps de se lancer dans l’aventure après avoir soigneusement déballé la console et connecté tous les câbles nécessaires: la prise péritel et celui du secteur. Enivré du parfum caractéristique d’une machine neuve que l’on vient de découvrir, la magie opère. Il y a tout d’abord ce fier logo, celui d’une marque qui sort du carcan des appareils dédiés à la restitution musicale et veut s’imposer dans un tout autre domaine désormais: le jeu vidéo. 

De nouveaux frissons s’emparent de moi, similaires à ceux que je ressentais lors de la découverte d’un nouveau soft sur Amstrad CPC mais ce n’est qu’un début puisque le logo de Revolution software lui succède pour laisser place à l’introduction du jeu contée par Georges Stobbart (dont le doublage est assuré par le comédien Emmanuel Curtil), touriste américain plongé malgré lui dans une aventure sous l’aura des chevaliers du temple.

Les jeux d’aventures liés à l’Amstrad cpc résonnent encore en moi, inutile donc de dire combien « Broken sword » (titre original du jeu) m’interpelle avec un système que ne je connais pour ainsi dire pas du tout : le « point’n’click ».  Affairé à parcourir les rues de la capitale puis bientôt d’autres contrées, poursuivant l’homme déguisé en clown meurtrier, je ne vois pas l’astre solaire effectuer son cycle à travers les volets entrebâillés de ma chambre.

En cet instant Opale n’est pas encore née, les limbes de mon imagination atrophiées par cette vie quotidienne réclament plus que jamais leur dû et cette formidable aventure dont je suis acteur me passionne pleinement. Un sentiment d’éternité s’empare de moi, il y a bien longtemps, me semble-t-il, que je n’avais pas ressenti un tel engouement face à un jeu. Une scène où je bloque totalement me voit essayer toutes les solutions possibles afin d’avancer ne serait-ce qu’un peu. Je ne terminerais pas « Les chevaliers de Baphomet » le jour même, il me faudra un peu plus de temps souhaitant également prendre mon temps, alors que mes pas me mènent en Ecosse aux côtés de Nicole Collard (doublée par Nathanièle Esther). Au détour de ces quelques lignes, une pensée pour Pierre Hatet, ce grand comédien qui nous a quittés en 2019 également présent dans le jeu.

Mais alors que le ciel étoilé s’invite discrètement quelque peu chahuté par une pollution lumineuse, c’est avec le sourire que je mets hors tension la Playstation. Je garde un fort souvenir des « Chevaliers de Baphomet » dont je n’ai croisé le chemin qu’une fois tout au plus depuis hormis par l'intermédiaire de GOG qui propose une version "director's cut" du jeu mais également la version originale. Cependant cette dernière est intégralement en langue anglaise mais Steam semble proposer une version française. mais je dois vous laisser, je m'en vais écrire à Nicole voir ce qu'elle est devenue après toutes ces années...


2 commentaires:

  1. Salut l'ami Temps Nyx. Dans mes souvenirs les temps de chargement étaient très long sur ce jeu. Les point'n'click étaient sympas mais sur Playstation je préférais les jeux du type Resident Evil. Si tu ne connais pas je te conseille en point'n'click : Indiana Jones et la dernière croisade et les voyageurs du temps sur Amiga. A+

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    1. Salut Jack et merci pour ton commentaire. Oui, les temps de chargement sur console était assez long (je me souviens d'une scène dans Discworld 2 où il m'avait fallu attendre assez longtemps, je croyais le jeu planté). Excellent Resident Evil! J'avais fait le 1, 2 et 3 de mémoire. Indiana Jones et les voyageurs du temps sont également excellents dans le genre.

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