vendredi 8 septembre 2023

Kevin Costner et la réalité augmentée

 1995. Le cadre rural a fait place à une peinture citadine dont les teintes me semblent bien mornes. Pour autant, cette ville moyenne où j'ai atterri depuis peu n'offre pas que des inconvénients, il m'arrivera d'y faire des rencontres éphémères pour la plupart. Il y a aussi le cinéma du centre-ville dont les affiches tente d'attirer les clients des terrasses d'en face, se réconfortant d'une boisson chaude pour certains, s'enivrant parfois violemment pour d'autres. 

Et en ce samedi soir, c'est d'un pas décidé que je quitte mon petit taudis pour aller voir le nouveau film de Kevin Costner: Waterworld. La presse spécialisée a démoli sans remord le long-métrage mais peu importe pour ma part, j'ai tellement eu peu l'occasion de fréquenter les salles obscures auparavant que je compte bien me rattraper quitte à m'ennuyer ferme devant le dernier film de Steven Seagal lors d'une seconde séance (non pas la dernière mais combien me manque-t-elle celle-ci!). Avec ses nuages menaçants, le ciel semble vouloir appuyer l’œuvre de l'acteur que j'apprécie en général, notamment dans "Les incorruptibles" réalisé par Brian De Palma (évoqué dans une vidéo de la chaîne). Peu importe, c'est d'un pas tranquille que j'arrive bientôt à ma destination. 

Premier signe que cette soirée sera placée sous la particularité, une pancarte écrite par l'élégante écriture de l'ouvreuse indique qu'une réduction de 10 francs est appliquée en raison d'un défaut sur l'exemplaire du film fourni à l'établissement: une rayure. Peu m'importe, je souhaite tout de même tenter l'expérience et alors qu'une fine pluie commence à timidement recouvrir le bitume, me voilà billet en main en direction de la "grande salle" tout du moins celle qui se veut la plus importante dans ce petit cinéma dont la façade et toiture viennent d'être rénovées. 

HEY, il y a une rayure sur le film!

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas foule, une bonne partie des sièges rouges au tissu parfois douteux se veulent vides. Deux rangs plus loin devant moi, deux individus évoquent déjà le personnage féminin du film, incarnée par Jeanne Tripplehorn, sous des termes peu flatteurs, les pieds posés sur les dossiers des sièges devant eux... ambiance. Allez, le film commence et "le marin" incarné par Kevin Costner nous montre comment recycler l'urine en eau potable! Oui car dans "Waterworld" se déroulant en 2500, l'intégralité des continents reposent désormais dans les bras de Poséidon mais la légende d'une terre nommée "Dryland" est tenace. L'histoire fait même état d'une carte menant jusqu'à elle... reste à la trouver! 

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Cependant il va  falloir faire vite car bientôt, à quelques mètres de moi, un spectateur s'agite comme piqué par un insecte. Mais... est-ce une goutte d'eau qui vient de tomber sur le siège juste devant moi? Cette dernière se transforme rapidement en mince filet. Une personne se dirige vers la sortie pour revenir quelques instants après accompagné par deux employés armés de seaux. Dehors il fait gros temps, un orage vient d'éclater avec son lot de pluie. Les fuites se multiplient pour finalement se stabiliser, l'écran éclaire certaines tâches noirâtres au plafond mais n'empêche pas pour autant le film de continuer. La musique vient parfois couvrir le "plic plic" des gouttes tombant dans les récipients. 

En sortant du cinéma je sais déjà que je retiendrai davantage ces conditions quelque peu atypiques de visionnage bien que l’œuvre en elle-même ne méritait pas tant de haine des critiques ai-je trouvé J'ai juste eu le sentiment que Dennis Hopper en faisait un peu trop. Alors que mes pas empruntent le chemin du retour, quelques éclairs parsèment encore le ciel mais la pluie a déjà délaissée cet amant infidèle qu'est Zeus.

2 commentaires:

  1. Salut Temps Nyx,
    Assez d'accord avec toi, le film avait été éreinté par la critique mais j'en avais eu une bonne impression, peut-être effectivement quelques surjouages de trop de Hopper, et quelques éléments tirant vers le nanar ont eu raison de sa réputation,

    Mais je le regarde toujours avec plaisir, même si il accuse plus facilement les années que d'autres films de la même époque

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