mercredi 7 juin 2023

La dame d'albâtre

 Les quelques lignes qui vont suivre n'ont pas d'attache avec le jeu vidéo (à moins peut-être avec Castlevania). Il y a quelques temps, j'ai participé à une après-midi lecture/poésie où il était demandé d'écrire un texte en y incluant quelques mots imposés exprimant une certaine notion du temps. Je vous livre ici les lignes sorties de mon imagination, un humble hommage à Anne Rice.

La dame d'albâtre

The Vampire, tableau de Sir Philip Burne-Jones

Lorsque le chien devenu loup s’émerveille devant les beautés nocturnes

Le souvenir de la dame d’albâtre vient alors étreindre mes rêves taciturnes 

Son parfum sibyllin prends le pas sur son baiser sanguin

Tandis que sa voix me murmure ses souvenirs égéen


Sa mélopée conte son long sommeil sur des navires en hivernage

Après bien des errances  affamées de Corinthe à Carthage 

Elle me dit avoir soutenu le regard de Méduse la Gorgone

Ses longs cheveux de jais ont épousé les ombres de Perséphone

 

Puis, lorsque la voûte nocturne se voit délaissée

Par une lune enceinte d’un soleil déjà épuisé

Son élan se fait véhément en montrant les étoiles d’un geste fier

Sa demeure originelle perdue, située à des années-lumières.

 

Mais l’avant-jour dilue à la hâte nos conversations éthérées

Le tic-tac disgracieux des pendules nous rappelle à la réalité avérée

Il est temps pour elle de retrouver la mélancolie de son tombeau

Avant qu’Hélios ne se décide à embraser pour de bon ses flambeaux

 

Encore une parole me dit-elle avant de se précipiter:

 

Lorsque vous viendrez planter un pieu en mon cœur

Que mon immortalité sera parée des atours de la laideur

Laissez moi, mon ami, dans une dernière faveur

Apposer une main sur votre visage marqué par la langueur

 

Serez-vous capable de soutenir ainsi mes traits parcheminés?

En cet instant votre conviction ne devra pas lambiner

A moins que vous ne décidiez de me laisser reposer en ce linceul

Car sans ma belle compagnie votre être se sentirait bien seul…

 

Et après? Que feriez-vous? battriez-vous la campagne?

Espérant que Sélène courroucée vous accompagne?

Hanté par le remord, longeant les rivières

À chasser le gâloup aux abords des chaumières

 

Ne souhaiteriez-vous pas rythmer vos mots avec le crépuscule,

Ecouter les enfants de la nuit sans que rien ne vous bouscule?

Et permettez moi d’employer ce terme barbare

Hâtez-vous âme diurne de vous décider dare-dare

 

Car ce choix que je n’ai jamais eu, ne peut être ici défait

Il vous faudra conjuguer vos souvenirs au plus-que-parfait 

Sur ces derniers mots en un geste gracieux, synchrone avec le jour

Dans un air de déjà-vu son aura semble s’estomper pour toujours

 

Désormais, mon imagination anémiée éprouve de la jalousie

En écoutant les enfants de la nuit chanter pour Bela Lugosi

Et lorsque l’obscurité s’en vient chasser la morne clarté

Que l’ombre massive du gâloup s’étend sur la ruralité

Si à l’horizon l’astre cendré se farde d’une teinte roussâtre

S’esquisse en mes pensées la silhouette de la Dame d’albâtre

4 commentaires:

  1. Très joli Temps Nyx, dommage que le mot CPC n'était pas imposé :)

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    1. Salut Ltf_Mike.fr, merci beaucoup! La prochaine fois je vais effectivement suggérer le mot CPC :)

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  2. Salut à toi Temps Nyx,
    Vu la rédaction de tes articles, je me doutais que tu avais une vraie âme de poète qui sommeillait,
    Bravo pour ton poème, très agréable à lire

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