samedi 13 mai 2023

Combattant du dimanche

1988. Mon sommeil se voit bientôt subtilisé par la lumière de l’astre solaire dont les accents promettent une belle journée. Au-dehors les oiseaux ont depuis longtemps entamé leurs discussions, communiquant dans une langue propre à chaque espèce et la rumeur de leurs conversations est amplifiée lorsque je me décide à ouvrir mes lourds volets de bois. Cette irruption ne semble nullement les déranger même si certains ont tourné la tête vers cet étranger au visage portant encore la bénédiction de Morphée… à moins que, dans un élan moins poétique, je ressemble plus à un critters ou encore au xénomorphe de mon poster voyant la créature se frayer un chemin en détruisant une porte!

Coucou, il est l'heure de se lever!

Si passereaux, pies, hirondelles se sont appropriés les cieux tout autant que les arbres environnants, mon chien lui lève la patte sur les fleurs récemment plantées par mes parents qui ne semblent pas l’avoir vu. Son regard m’implore de ne pas le dénoncer, cela sera notre secret. Je vais encore rester là quelques minutes, à profiter de ce calme que seule une voiture roulant paresseusement sur la route communale voisine viendra troubler. Elle aussi, à sa manière, donnera l’occasion à ses occupants de goûter à la beauté des lieux. En cet instant j’en suis convaincu, la richesse est là, sous mes yeux.

Malgré cette quiétude, un combat est sur le point d'être livré sur mon Amstrad CPC 464… enfin, plusieurs pour être plus précis. Là, dans son boîtier cristal, Street Fighter édité par Capcom en 1988 n’attend qu’une chose: lui prouver que je suis le meilleur face à dix combattants dans cinq pays autour du monde. Peuh, pas de problème pour moi! Cependant mon éphémère arrogance me suggère de prendre quelques forces puisées dans mon petit déjeuner. Chuuuttt!! Les gros durs de la jaquette ne doivent pas savoir que leur adversaire n’a pas encore pris son chocolat chaud et dévoré ses tartines de pains grillées agrémentées de confitures! Rien qu’à leur expression, je doute que ces gars là carburent au Tonimalt! 

"Alors vous voyez les gars, le clavier du cpc fait à peu près cette dimension là."

Allez, plus de temps à perdre, mais avant de me plonger dans le soft je vais accompagner mon père dans sa virée au village voisin. Journal local, pain et peut-être un petit bonus pâtisserie feront partie du butin de cette matinée dominicale. J’avoue apprécier ces quelques instants passé en sa compagnie. Une fois de retour les choses sérieuses commencent, la tension monte alors que le chargement de la cassette s’effectue. Au-dehors, la douceur printanière m’interpelle sérieusement mais je ne dois pas me laisser déconcentrer surtout que l’écran de présentation montre un adversaire prêt à en découdre ! 

Attends, je vais chercher le pain et on règle ça!

Si Retsu, le premier adversaire, ne pose pas réellement de problème il en sera autrement avec Geki, un ninja qui se rend temporairement invisible. Ce dernier m’a donné un peu de fil à retordre au début mais après quelques observations j’ai pu appréhender sa technique ninjutsu pour le contrer. Il en sera de même pour les adversaires suivants jusqu’au terrible Sagat, les voyages étant entrecoupés par des séquences bonus où nous devrons briser une pile de brique à mains nues. J’ai bien entendu essayé de reproduire cette séquence avec quelques briques usagées trouvées parmi le bric à brac de mon paternel… Le ridicule de la situation restera à ma discrétion. Même si le soft est assez avare en son (aucune musique), j’apprécie l'ensemble esthétique notamment ses graphismes colorés et les environnements traversés au cours de nos pérégrinations.

Pas de quoi fanfaronner avec ce qui me reste d'énergie!

Notre personnage n’est pas très véloce mais cela me permet d’appréhender les combats et de terminer le jeu sans trop de difficultés après quelques séances d’entraînement. Ne connaissant alors pas la borne d’arcade je ne peux juger la qualité de l'adaptation mais quoiqu’il en soit, j’apprécie vraiment ce jeu sur Amstrad cpc même si Ryu a perdu son « hadouken » sur le chemin. Quelques années plus tard je m’y essaierai avec la borne d’arcade de Street Fighter 2. Malgré ces défauts je conserve un très bon souvenir de Street Fighter.

Mais alors que je viens de défaire Sagat, midi s’annonce et son repas propose des frites! Hors de question d’attendre plus longtemps, après avoir rangé le boîtier dans mon carton qui accuse une certaine fatigue, je me dirige vers la cuisine sous le regard du Xénomorphe salivant lui aussi (cette saloperie est en train de bouffer la coque!). Bientôt la table de la véranda baignée de soleil sera parée des assiettes, ébréchées pour la plupart, couverts et verres de toutes les occasions. La fin de repas me verra céder à cette douce journée, foulant l'herbe des champs en compagnie des Dryades, le regard plongé dans l'horizon lointain traversé par quelques nuages paresseux.

4 commentaires:

  1. Toujours aussi poétique l'ami Temps Nyx ! Je n'ai jamais joué à SF1 sur CPC. J'ai découvert son existence après avoir pris la claque de ma vie en jouant à Street Fighter II sur Super Nintendo en 1992. Il était trop tard pour apprécier le premier volet après ça. Aujourd'hui encore SF2 est mon jeu de combat préféré. "Action de machine à sous explosive" pas mal les trads de la jaquette ! A bientôt l'ami!

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    1. Oui les traductions étaient assez loufoques à l'époque! Street Fighter 2 fait également partie de mes jeux de combat préférés, plus tard il y aura Tekken 3 sur Playstation.

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  2. Toujours un plaisir décidément,

    Un ami m'avait prêté street fighter sur le 6128, il m'avait donné une technique d'ailleurs en me disant qu'ils uffisait de rester accroupi et de taper pour gagner tous les matchs, mais j'avoue ne pas me souvenir si cela avait eu l'effet escompté ou pas

    Hâte de lire de nouvelles aventures

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    1. Salut Gino, merci pour ton commentaire :) Oui, il y a une technique pour chaque adversaire, on peut la retrouver sur CPC Power. A bientôt.

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