vendredi 16 décembre 2022

Un taxi pour Ere Informatique

 1987. L'Amstrad CPC 464 a donc élu domicile chez nous depuis quelques mois à présent et le moins que je puisse dire c'est qu'il n'a guère le temps de se reposer notamment le weekend. Les ardeurs de l'été ont laissé place à la mélancolie prononcée de l'automne, parfumé par le papier et plastique des fournitures scolaires. D'ailleurs en ce jour précis me revoici au cœur du magasin Majuscule où mon père bénéficie d'une ristourne. Sa bonne humeur est au rendez-vous et me propose de glisser, parmi les stylos bille et autres cahiers destinés à combler quelques oublis, un nouveau soft pour ma machine. Inutile de vous dire qu'en quelques secondes me voici doté du don de téléportation, me permettant d'arriver très rapidement au rayon des micro ordinateurs. 

Cependant mon empressement se voit quelque peu réfréné par le peu de jeux au format cassette proposé par l'enseigne. Un attire tout de même mon attention, il s'agit de "Tobrouk 1942" programmé par Alan Steel pour Ere Informatique en 1986. Je revois encore très nettement cette impression qualitative qui se dégageait alors de son emballage: le fourreau carton protégeant un support polystyrène accueillant lui même une cassette blanche avec sa notice. Sur ce dernier, l'illustration d'un char en pleine action et les captures d'écran au dos terminent de me convaincre,  le jeu accompagne bientôt les achats.

Arrête ton char Charles!

Sur le chemin du retour, mon choix a été remarqué par mon père qui me conte alors les faits d'armes de mon grand-père ayant combattu pendant la seconde guerre mondiale. Bien que je respecte le parcours de ce dernier, ayant déjà entendu ces  évènements, mon esprit vagabonde déjà vers le soft entre mes mains, je me demande à quoi va ressembler l'affrontement entre les forces britanniques et celles de l'axe concernant le port historique de Tobrouk. Au dehors le paysage bourbonnais défile, totalement indifférent à ce potentiel étalage de conflits menés par l'homme au fil du temps. 

Cahiers et stylos sont posés à la hâte sur mon bureau, frôlant accidentellement l'un des ressort de ma lampe de bureau articulée bleue qui résonne en l'air de ce mercredi après-midi. Bien que le soleil réchauffe quelque peu les champs alentours, je n'ai certainement pas le temps de jeter un œil par la fenêtre, tout du moins pas tant que la cassette estampillée Ere Informatique ne soit en train de dérouler sa bande dans le lecteur du cpc 464. Après ça, il me faut compulser le manuel d'utilisation et il y a de quoi faire! Une chose est sûre, Tobrouk n'est pas un soft que l'on joue à la va vite, il s'appréhende. 

Au détour d'une page, une section m'interpelle: la possibilité de connecter deux machines entre elle pour s'adonner au conflit à deux joueurs. J'imagine alors le confort et la seconde découverte qu'offre cette possibilité: un écran chacun et une manière de jouer plus stimulante. Mais je sais déjà que cette possibilité ne me sera pas offerte, n'ayant personne pour jouer. D'ailleurs plus tard, lorsque je parlerais du soft à quelques copains de classe aucun d'entre eux ne s'y intéressera. Mais si vous étiez dans le cas où cela était possible, la notice vous expliquait sommairement comment réaliser le câble nécessaire à la connexion des deux machines en sacrifiant au passage deux joysticks! Il était aussi possible de commander un kit de fabrication auprès de l'éditeur moyennant la somme de 99 frs soit le prix d'un jeu au format cassette. Pour ma part je n'ai jamais croisé un autre soft proposant cette option.


 La fin de chargement de la cassette me sort de mon "étude".  A l'époque j'avais déjà été impressionné par le soin apporté à la documentation, essentielle pour profiter de ce jeu stratégique... Mais un bon manuel d'utilisation ne fait malheureusement pas un bon stratège! A treize ans, je me perds un peu dans la progression de mes unités sur la carte, le ravitaillement, support aérien ce qui ne m'empêche pas de donner tout ce que je peux afin de gagner la bataille. La partie se pimente un peu lorsque vient l'affrontement en mode arcade qu'il est possible de désactiver dès le menu principal et le choix reste encore possible en appuyant soit sur le bouton feu du joystick (avec) ou espace (sans). Là encore, une fois au commande de l'engin blindé, j'étais assez impressionné, notamment dans les phases de tir, attention à l'ajustement. 

Lui ne vous manquera pas...

 A la fin de ma partie, le constat est sans appel: je suis particulièrement mauvais mais j'ai réellement été emballé même si les jeux de ce genre ne sont pas forcément mon apanage. Par la suite je reviendrais de temps en temps vers Tobrouk, réussissant au final à prendre la ville.

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