dimanche 5 octobre 2025

Retour vers le passé

 Ben Mears est écrivain, ses œuvres rencontrent un certain succès. Mais pour son nouvel ouvrage en préparation il a en tête un sujet bien particulier ayant trait à un souvenir peu agréable. Ainsi, c’est hanté par le souvenir de sa femme décédée lors d’un accident de moto dont il était le conducteur qu’il revient sur les traces de son enfance passée à Jerusalem’s Lot située dans le Maine, Salem pour les habitants du coin. 

La petite bourgade qu’il a connu jadis n’a pas réellement changé si ce n’est quelques passages inhérents au temps œuvrant impassiblement. Mais si il y a une chose immuable à Salem c’est cette imposante maison située dans les hauteurs, Marsten house, qui semble régir la ville tel un pesant monarque ombragé. Il s’y est d’ailleurs passé d’horribles évènements liés à son ancien propriétaire, Hubert Marsten, un homme peu recommandable ayant mené quelques obscures transactions avec le crime organisé. Cette fois-ci cependant, la demeure désormais abandonnée attire en son sein un autre genre de mal.

Salem fait partie de mes livres de chevet que je relis au moins une fois par an environ, un peu comme si j’effectuais un pèlerinage.  La plupart le considère en tant qu'œuvre mineure de Stephen King mais pour ma part, sa simplicité et efficacité font de ce roman un incontournable de l’écrivain. Encore une fois, c’est grâce à la collection Pocket Terreur que j’ai découvert cette énième œuvre du maître et, en réalité, Salem m’a également permis de lever le voile sur ce qui sera un autre roman de prédilection pour moi: The Haunting of Hill House écrit par Shirley Jackson. La maison de Hugh Crain a inspiré Stephen King pour Martsen House et l'aura de la tragique histoire d'Eléanor transparaîtra quelque peu dans le téléfilm Rose Red des années plus tard.

Traits communs aux romans de Stephen King en général, c’est sa capacité à dépeindre la vie habituelle d’une petite ville, l'existence de personnes que l’on est peut-être à même de croiser  un jour ou l’autre. Si Marsten House est le phare ténébreux de Salem, les maisons abritent, elles, les zones d’ombres de ses habitants. Ainsi le mal nouvellement arrivé à Jerusalem’s Lot se nourrit également des ténèbres divisées en poches. Si ces derniers mots se veulent maladroit, vous avez certainement compris mon propos! 

Depuis quelques années, outre les rééditions poches, l’œuvre datant de 1975 (tout de même!), s’est vue déclinée en divers formats dont une proposant des segments retirés de l’édition originale et agrémentée de quelques photos d’artistes sans oublier deux nouvelles affiliées à un recueil datant lui aussi de quelques années. Si vous n’avez jamais lu Salem, il peut-être intéressant de faire l’acquisition de cette dernière mais je dois avouer que les passages « coupés » n’apportent rien de réellement pertinent au manuscrit édité. Pour ma part, je possède une édition France Moisir, euh France Loisirs pardon, celle dotée des nouvelles et passages coupés ainsi qu’une de la collection Pocket Terreur. 

Côté adaptation cinématographiques ou plutôt télévisuelles, on ne peut pas dire que Salem ait eu beaucoup de chance avec, à ma connaissance, trois œuvres qui se rejoignent sur un plan: L’échec à cerner le matériel de base. Enfin, je m’avance un peu en disant cela car en réalité je n’en ai vu que deux: La version de Tobe Hooper (1979) avec David Soul dans le rôle de Ben Mears et celle datant de 2004 mettant en scène Rutger Hauer, Donald Sutherland ainsi que Rob Lowe pour y incarner l’écrivain. Je n’ai été emballé par aucune des deux. N’étant pas abonné à la plateforme de streaming Netflix, il me sera impossible de vous donner un avis concret sur la dernière adaptation en date cependant, après avoir vu maints extraits et recueilli divers avis…. Cela ne me donne clairement pas envie de le voir. J’ai volontairement passé sous silence  Les enfants de Salem (1987) qui se veut une libre suite du roman original. 

La fin de l’article fait désormais place à la confidence. Actuellement, je vis dans une maison quelque peu similaire à Marsten house, dont je ne suis pas le propriétaire. Oh, elle est bien plus modeste en taille mais n’envie certainement rien à sa silhouette vétuste! Nous y avons froid l’hiver avec ma fille et les combles inaccessibles sont sûrement occupées par quelques esprits discrets, certainement plus que les silhouettes maléfiques de Kurt Barlow et Richard Straker. Néanmoins, ses escaliers particuliers me font parfois penser à ceux emprunter par le jeune Benjamin Mears… et j’ose espérer qu’une fois les marches gravies, je n’y verrai pas le fantôme d’Hubert Marsten.